Le rêve Américain : de l’espoir au cauchemar
La Nouvelle Expression – Il est parti et revenu. La recherche du bonheur s’est transformée en désastre familial car son voyage a été financé par la vente de la maison familiale.
Le rêve américain est source de notre malheur, entend-on dans un audio devenu viral dans les réseaux sociaux, un membre d’une famille qui raconte leur mésaventure, celle d’une famille qui avait misé sur le voyage de leur garçon qui est revenu après avoir passé quelques mois aux USA : « Notre enfant dit ne pas pouvoir supporter les conditions de vie dans ce pays. Il est revenu bredouille et nous avons perdu notre maison », déclare-t-on dans cette famille devenue victime de l’illusion américaine.
En effet, après les routes de l’Europe, le phénomène de l’immigration clandestine vers les Etats-Unis d’Amérique touche quasiment toutes les franges des populations du Sud. Car ce sont des jeunes, des adultes, des enfants et même des nourrissons qui se retrouvent sur ces routes de tous les périls. « La semaine passée, 18 de nos amis sont partis », déclare un agent du Groupement Général de la Sécurité Routière qui ajoute « Je suis moi-même candidat, au départ…»
Que ça soit l’axe de la Méditerranée pour aller en Europe ou celui de Nicaragua, la jeunesse mauritanienne est en train de se perdre dans les méandres de l’inconnu à la recherche d’un paradis lointain. Aujourd’hui, en Mauritanie, « il est parti est synonyme de l’immigration vers les USA », raconte ce citoyen qui pense que le problème est complexe car le mal est profond. La jeunesse mauritanienne, comme celle de plusieurs pays du Sud, est perdue et cherche espoir ailleurs. Espoir au prix de leur vie. Illusion. Ils sont nombreux ceux qui croupissent actuellement dans les prisons américaines et d’autres se retrouvent égarés sur les chemins tortueux menant vers les frontières américaines.
« Les décideurs et parents sont interpellés par le danger du phénomène. Nos pays sont en train de perdre leur jeunesse à cause de notre inaction et notre manque d’initiative qui font que cette jeunesse pense trouver la solution dans l’immigration clandestine », déclare S.S, voyagiste. Et son ami d’ajouter « Nos pays sont en train de se vider à cause des mauvais choix politiques de nos dirigeants. Il faut vite faire quelque chose pour stopper cette hémorragie. Voyager ou immigrer sont des droits fondamentaux qui doivent être garantis pour chaque être humain mais ce voyage doit s’effectuer dans des conditions humaines qui respectent la dignité de ces personnes. Le rêve d’un avenir meilleur ne doit pas nous pousser à affronter les routes de la mort ou tout simplement les routes de tous les risques ».
« Nos guides nous entassent dans des bus comme des animaux qu’on envoie aux abattoirs avec un peu de respect pour les femmes du groupe. Pour chaque poste de contrôle, nous devons mettre 500 peso dans nos passeports au risque d’assister impuissamment à la destruction de nos documents de voyage par ces hommes en uniformes que seul l’argent intéresse », déclare A. N.
D’autres multiples tracasseries attendent ces migrants une fois arrivés sur place. Parce qu’il est notoire que ces pays d’accueil considèrent ces migrants comme un fardeau, et que leur présence va mettre en mal les stratégies et politiques publiques des pays d’accueil au profit de leurs citoyens.
Ces jeunes doivent bien s’informer pour entamer leur voyage. Ils ne doivent aucunement se lancer à l’aventure au risque de leur vie. La recherche d’un avenir meilleur ne peut et ne doit se faire au péril de la vie. La vie humaine est sacrée, elle doit être protégée. Si ces jeunes étaient mieux sensibilisés sur les situations qui les attendent ils allaient bien réfléchir avant de s’engager dans ces aventures. Nous devons contribuer à aider à faire comprendre à la jeunesse qu’elle peut et doit réussir chez elle. Souvent, l’immigration a des causes strictement psychologiques car un jeune qui a déjà une situation chez lui ne doit pas tout laisser pour aller à l’aventure comme c’est le cas pour certains d’entre eux qui, hélas, souvent, finissent par déchanter.
« Dans les eaux comme sur terre entre Managua et le mur, nous avons traversé environ quatre pays et plusieurs villes dans la douleur et l’envie de retourner chez soi. Chaque étape est une nouvelle épreuve. Je ne le referai jamais et ne conseillerai pas quelqu’un de le faire », déclare A.F. Et d’ajouter « Nos souffrances ne peuvent être quantifiées car nos larmes n’inspirent aucune pitié, au contraire elles provoquent même le mépris de nos guides et les hommes en uniformes en charge de la surveillance du territoire que nous avons rencontrés sur nos chemins ».
Ces récits nous renseignent sur le profond désespoir qui hante ces jeunes qui empruntent les routes de tous les risques à la recherche d’un avenir meilleur. Ainsi, il urge que les gouvernants et les partenaires mettent en place de nouvelles politiques qui prennent en compte d’une manière holistique la problématique de la jeunesse.
Les Etats doivent penser aux solutions anticipatoires dans le cadre de la sensibilisation et de la prévention pour endiguer ce mal qui n’a que trop duré. Une manière de lutter contre les faux espoirs qu’on fait miroiter à la jeunesse, par la désinformation et l’intox.
Ces Etats doivent impérativement redonner espoir à ces jeunes pour qu’ils puissent rester et s’épanouir dans leurs pays respectifs. Ce fléau qui la jeunesse du Sud interpelle les décideurs, des pays de départ, sur le choix des politiques publiques, la problématique de résorption du chômage de la jeunesse. Perdre sa jeunesse, partie à la recherche des lendemains meilleurs dans d’autres zones, renseigne assez sur l’échec des politiques et des programmes de développement de ces pays. Cette ruée n’est autre que le résultat des discours et initiatives inefficaces, qui font perdre à la jeunesse l’espoir d’un avenir meilleur.
Camara Seydi Moussa & Oumar Lamine Diallo