Mauritanie : le décollage Économique inévitable grâce à ses richesses naturelles
La Mauritanie, joyau de l’Afrique de l’Ouest, s’apprête à amorcer une phase de croissance économique sans précédent, portée par l’abondance de ses ressources naturelles.
Les relevés sismiques effectués dans le bassin côtier au cours des vingt dernières années ont conduit à la découverte de plusieurs gisements de pétrole et de gaz. Ces découvertes ont confirmé l’existence de réserves de gaz naturel significatives, totalisant 65 billions de pieds cubes, dont 15 billions au champ de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé entre la Mauritanie et le Sénégal, et 50 billions pour le gisement de Biralla, exclusivement en Mauritanie.
Le pays se profile comme un carrefour d’opportunités pour les investisseurs étrangers, attirés par les richesses naturelles variées de la Mauritanie, comprenant les minéraux, la pêche et l’énergie.
Dans le secteur de la pêche, la Mauritanie produit annuellement environ 400 000 tonnes de poisson, principalement pour l’exportation, contribuant entre 3 % et 10 % au PIB.
Dans le secteur minier, des projets comme la mine d’or de Tasiast, avec des réserves exploitables jusqu’en 2033 et exploitée par Kinross, ont produit 620 793 onces d’or en 2023, représentant 29 % de la production totale du groupe canadien.
La Société nationale industrielle et minière (SNIM) possède des réserves dépassant 15 milliards de tonnes et une production annuelle de plus de 14 millions de tonnes de minerai de fer, ce qui en fait le deuxième plus grand producteur africain. La SNIM, avec des projets ambitieux en cours, vise à intégrer les cinq principaux exportateurs mondiaux de minerai de fer d’ici 2030, avec une production annuelle ciblée de 40 millions de tonnes. Les réserves dépassent les 15 milliards de tonnes.
Au début de l’année 2024, le gouvernement mauritanien a lancé la phase préparatoire du projet d’usine de traitement du phosphate extrait des mines de Bofal-Loubeïra dans la région de Brakna, avec des réserves initiales estimées à plus de 166 millions de tonnes, exploitables pendant 30 ans. Le projet devrait débuter l’année prochaine.
Le projet d’uranium de Tiris, dirigé par Aura Energy, avec une participation de 15 % du gouvernement mauritanien, vise à augmenter la production annuelle d’uranium de 1,6 à 1,9 million de livres sur 17 ans. Les prix, dépassant 100 dollars par livre en janvier, pourraient atteindre jusqu’à 150 dollars par livre entre 2025 et 2027.
La Mauritanie se classe au 28e rang mondial des exportateurs de minerai de cuivre. Les Mines de cuivre mauritaniennes (MCM) exploitent l’opération de cuivre et d’or de Guelb Moghrein, produisant environ 13 400 tonnes de cuivre en concentré par an à un taux de 21 %, et 570 000 tonnes de concentré de magnétite de haute qualité par an. Les principales destinations des exportations de minerai de cuivre de Mauritanie sont la Chine (313 millions de dollars), le Canada (224 millions de dollars) et la France (26 millions de dollars). Les réserves de phosphate, de gypse et de cuivre sont respectivement estimées à 250 millions de tonnes, plus de 6 milliards de tonnes et 28 millions de tonnes. Des discussions avec des investisseurs étrangers pour ces projets sont en cours.
Dans le secteur de l’hydrogène vert, des projets à grande échelle proposés par des entreprises comme GreenGo Energy, CWP Global, Chariot, Infinity Power Holding et Conjuncta GmbH visent une capacité de production d’hydrogène vert atteignant jusqu’à 60 GW. Ces projets ambitieux visent à exploiter les ressources renouvelables abondantes du pays. Avec des protocoles d’accord déjà signés, le fournisseur d’énergie Infinity de l’Égypte et Masdar des Émirats arabes unis se préparent à un projet révolutionnaire d’hydrogène vert de 34 milliards de dollars dans le pays. Aussi, L’Union européenne montre un vif intérêt pour l’hydrogène vert mauritanien.
La Mauritanie, leader dans la production de fer malgré les matières premières nécessaires à la production d’acier, n’a pas pleinement exploité les avantages potentiels de la fabrication et de l’exportation de produits sidérurgiques en raison du coût élevé de production et de la rareté des sources d’énergie. Cela est sur le point de changer, car le pays est sur la voie de devenir un exportateur de gaz naturel et d’hydrogène vert, ce qui aidera à alimenter son processus de production d’acier. En ayant accès à cette matière première, le coût de production d’acier est plus bas par rapport aux pays qui doivent importer du minerai de fer. Cela signifie que la Mauritanie a un avantage concurrentiel dans l’industrie sidérurgique, ce qui peut se traduire par des bénéfices plus élevés et une croissance économique pour le pays.
Dans le secteur du gaz naturel, des projets comme Greater Tortue Ahmeyim (GTA) avec BP, Kosmos Energy et la SMH mauritanienne visent à exploiter d’énormes réserves de gaz naturel au large de la côte mauritanienne, avec une production initiale de 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. Les volumes à moyen terme devraient augmenter à 5 millions de tonnes par an d’ici 2027, atteignant 10 millions de tonnes d’ici 2030. Ces projets représentent d’importants investissements étrangers et ont le potentiel de transformer le paysage énergétique de la Mauritanie.
Analyse des Indicateurs Économiques
Depuis 2016, la Mauritanie a connu différentes phases de croissance, démontrant sa résilience face aux défis économiques mondiaux. La période de 2017 à 2019 a été marquée par une croissance soutenue, avec des taux de croissance du PIB variant entre 4 .8 % et 6.3 %, reflétant une économie en expansion et une attractivité croissante pour les investissements étrangers. Cependant, la pandémie de COVID-19 a impacté significativement la Mauritanie en 2020, entraînant une contraction économique avec un taux de croissance négatif de -0.9 %. Malgré ce revers temporaire, le pays s’est redressé en 2021 avec un taux de croissance de 2.4 %, démontrant sa capacité à s’adapter et à se rétablir face à l’adversité.
Les perspectives pour les années à venir sont prometteuses, notamment en raison des avantages anticipés du secteur extractif. Avec une croissance projetée de 5.9 % en 2024 et une estimation ambitieuse de 14.3 % en 2025, la Mauritanie semble prête à exploiter pleinement son potentiel économique. Cette croissance soutenue offre des opportunités sans précédent pour le développement socio-économique, incluant la création d’emplois, l’amélioration des infrastructures, l’amélioration des conditions de vie et la réduction de la pauvreté.
Les projets financés par des fonds internationaux et des agences de développement ont modernisé les infrastructures, amélioré l’efficacité opérationnelle et créé des opportunités d’emploi pour les communautés locales. Les taux de croissance du PIB projetés reflètent la résilience du pays et son potentiel à exploiter pleinement ses ressources économiques dans les années à venir.
Conclusion :
Les ressources inexploitées de la Mauritanie et son potentiel de croissance offrent des opportunités d’avancement économique et de développement dans les années à venir. Le gouvernement mauritanien a déployé des efforts pour attirer les investissements étrangers et a mis en œuvre diverses réformes pour améliorer le climat des affaires et attirer les capitaux étrangers. Les efforts de la Mauritanie pour attirer les capitaux étrangers peuvent être comparés à ceux de pays comme l’Angola et le Nigeria à différentes périodes de leur histoire économique.
– L’Angola et le Nigeria possèdent d’importantes réserves de pétrole et ont mis en place des politiques pour attirer les investissements étrangers dans leurs secteurs pétroliers et gaziers. Ils ont offert des licences d’exploration et de production à des compagnies pétrolières internationales et ont établi des coentreprises pour développer les champs pétrolifères.
– Tout comme la Mauritanie, l’Angola et le Nigeria ont été confrontés à des défis liés à la gouvernance et au développement des infrastructures, ce qui a impacté leur capacité à exploiter pleinement leur richesse en ressources pour un développement économique large.
Le gouvernement mauritanien peut tirer plusieurs leçons des expériences passées de ces pays. Les investissements étrangers jouent un rôle crucial dans le déblocage du potentiel économique de la Mauritanie et dans la promotion du développement durable dans des secteurs clés. En exploitant ses abondantes ressources naturelles et en mettant en œuvre des politiques stratégiques, la Mauritanie peut ouvrir la voie à une croissance inclusive, à la prospérité et à une place de choix dans l’économie mondiale.
Brahim Khlil
Economist and Independent Consultant in Financial Risk Management, MSc (Master 2 Research) –
University of Cergy-Pontoise, France