RFI-Afrique – Le président sénégalais était à Bamako et à Ouagadougou jeudi 3 mai. Bassirou Diomaye Faye l’a redit clairement : il n’est pas mandaté par la Cédéao pour le faire, mais il s’est donné pour mission de faire revenir le Mali, le Burkina Faso et le Niger au sein de l’organisation régionale, dont ils ont annoncé leur retrait en janvier.
Les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) affichent depuis une fermeté apparemment implacable sur le sujet. Le Sénégal peut-il réellement les faire revenir sur leur décision ?
Ils l’ont martelé à plusieurs reprises : leur décision est « irréversible ». Après sa visite, Bassirou Diomaye Faye a pourtant jugé la position du Mali « rigide, mais pas totalement inflexible » : le président sénégalais compte donc poursuivre ses efforts pour convaincre les dirigeants maliens, burkinabè et nigériens de revenir dans la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Mahamadou Konaté enseigne les relations internationales à l’Université de Bamako et dirige le Bureau d’études Donko pour la gouvernance et la sécurité. À ses yeux, cette démarche n’est pas vraiment réaliste.
« Réaliste, c’est trop dire… c’est osé ! Lui-même sait que cela va être laborieux et que rien n’est gagné d’avance, explique Mahamadou Konaté. Se retirer de la Cédéao est une stratégie qui a fort bien réussi pour les États du Sahel, ils n’ont pas eu de sanctions depuis leur annonce de retrait.
De leur côté, on peut sentir une unité très affirmée, une détermination. De l’autre côté (des pays de la Cédéao, NDLR), malheureusement, on sent de la division et de l’hésitation. Les États du Sahel qui ont choisi de se retirer de la Cédéao l’ont fait après un calcul », rappelle encore l’analyste.
Le Mali a déjà mis en place un comité de pilotage pour son retrait de la Cédéao, qui s’est réuni pour la première fois en avril. Depuis, aucune indication sur les avancées des travaux. Surtout, la consolidation de l’Alliance des États du Sahel, présentée par les trois pays comme une alternative à la Cédéao, est bel et bien en marche.
« Ils ont ficelé les projets de texte qui doivent organiser la confédération de l’AES, et qui seront bientôt validés par le sommet des chefs d’État, poursuit Mahamadou Konaté. Pour le moment, la priorité c’est l’AES. Il ne faut pas se faire d’illusions : tant que ces pays ne jugeront pas nécessaire d’organiser des élections crédibles, rien ne bougera. »
Car revenir dans la Cédéao, signifierait en accepter les règles. Et même si l’organisation parvenait à se réformer, les dirigeants de l’AES n’y ont pour le moment aucun intérêt.
Par : David Baché