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La typologie de l’électorat en Mauritanie

La période électorale en Mauritanie est unique et toute particulière. C’est un moment caractérisé par un tumulte politique et social sans précédent. Une dynamique qui ressemble aux mouvements qu’ on peut observer dans les aéroports : des arrivées et des départs.

Les alliances se font et se défont au gré des intérêts et des calculs sur fond d’opportunisme et des promesses souvent sans lendemain. Ruse, fourberie, flagornerie et hypocrisie envahissent le paysage politique en dominant et déterminant les rapports entre les citoyens et les politiques.

De cette relation peu sincère et perfide pour l’essentiel, entre politiques et électeurs ( citoyens ), on peut classer les électeurs dans plusieurs catégories.

Certains se rangent derrière un candidat parce qu’ il porte tel nom, il est issu de telle famille ou de telle tribu : le vote patronymique, tribal, communautaire ou régional. C’est sans doute l’une des grosses faiblesses de la démocratie en Afrique : la sacralisation d’un homme parfois au détriment des institutions et des programmes politiques.

Le vote vénal, ce sont ces citoyens qui marchandent leur voix. Ils n’hésitent pas à soudoyer leur soutien pour quelques billets de banques, et quelques produits alimentaires ( thé, sucre, lait, huile etc. ) juste suffisant pour couvrir deux à trois semaines. Le vote de la honte et du déshonneur. Pour ces derniers, la période électorale est une aubaine. Il faut en profiter au maximum. En effet, nos politiciens circulent et sillonnent le pays avec les poches pleines d’argent, de l’argent d’origines douteuses.

Cet aspect ne semble intéresser personne. Pas même la justice. Elle s’en moque. La corruption et l’achat des consciences sont normalisés plus que d’ordinaire.

Et généralement dans cette compétition de pratiques mettant à mal notre système démocratique et électoral, le parti au pouvoir est le plus souvent tristement célèbre : il dispose de gros moyens, les moyens de sa politique.

Il y a également ceux qui subissent le diktat des ensembles communautaires ou tribaux auxquels, ils appartiennent : le vote encadré ou le vote de la subordination. Cette catégorie n’a pas à choisir, son vote ne lui appartient pas. C’est la propriété et la chose légitimes du patriarche.

Il existe une dernière catégorie de citoyens qui, le plus souvent ne votent même pas. Ils sont sans vergogne. Ils fréquentent les différents QG et états-majors des candidats à la présidentielle en se faisant passer pour des gens influents, capables de drainer des groupes d’électeurs.

Ces véritables courtiers peuvent même vous séduire avec des centaines de pièces d’identité moyennant une somme d’argent, en vous garantissant que ces derniers votent pour vous. C’est de la poudre aux yeux . C’est juste une mise en scène. Les carte d’identité ont été ramassées pour impressionner afin de réussir son coup d’escroquerie.

Comme nos politiciens ont la mémoire courte . Ils oublient tout entre deux élections, la même stratégie est utilisée à chaque échéance électorale.

Il y a maintenant, une dernière catégorie de citoyens très avisés malheureusement peu nombreux, pour qui le vote est sacré.

Ils cherchent à comprendre les candidats, leur programme et ceux qui les entourent, c’est ce qui déterminera leur choix. Ils votent pour défendre des valeurs et des principes.

Ces derniers sont au dessus de la mêlée. Ils sont peu visibles et peu bavards mais usent pleinement de leur citoyenneté et ce en toute conscience et souvent sans regret parce que leur choix est désintéressé.

In fine, il y a plus d’ennemis de la démocratie que d’amis. Nous participons presque tous d’une manière ou d’une autre au « bradage » électoral et démocratique, par nos comportements et nos attitudes qui déterminent nos choix derrière l’isoloir.

Seyré SIDIBE

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