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Une ambition pour la Mauritanie

Dans quelques jours, les Mauritaniens sont appelés à choisir un Président qui aura la lourde responsabilité de diriger le pays pour les cinq ans à venir. Cette échéance arrive dans un contexte particulièrement sensible et risqué.

Nous sommes en effet au cœur de plusieurs zones de turbulences qui risquent à tout instant de déborder sur notre espace vital provoquant ainsi des dérives dont on ne peut en aucun calculer les conséquences, ni sur le pays ni sur la société. Les désordres qui bouleversent les espaces sahélo-sahariens pèsent lourdement sur notre situation et compromettent la sérénité qui doit prévaloir en situation normale.

Parce qu’ils ont des imbrications et des soubassements qui nous atteignent dans nos profondeurs, la région étant un kaléidoscope social qui impose le partage de l’histoire, de la géographie et de la démographie.

Nous sommes aussi à un confluent de tumultes mondiaux dont la violence ne peut laisser indifférent, surtout quand il s’agit de nos frères en Palestine et de ce qu’ils souffrent devant l’absence de réaction de « la communauté internationale » et malgré l’expression de l’empathie générale des opinions publiques.

Ce qui arrive ces mois-ci en Palestine va jusqu’à remettre en cause les fondements même de la démocratie occidentale que nous avons voulu adopter comme système politique. Fondements qui sont un ensemble de valeurs que nous avons cru universelles et qui s’avèrent ne concerner que les « élus ».

Nous sommes enfin à un moment de notre histoire où la responsabilité de tous est engagée. Nous sortons effectivement d’un mandat qui a été celui de l’ouverture politique. Nous venons de vivre cinq ans pendant lesquels les heurts politiques n’ont pas existé. Pendant cinq ans, les acteurs politiques ont plutôt convergé vers la recherche d’accords, parfois pour bien organiser des élections comme ce fut le cas en 2023 (Législatives, municipales et régionales), parfois pour jeter les bases d’un projet commun qui soit le socle d’une Mauritanie réconciliée et résolument tournée vers l’avenir (Pacte républicain).

Cette situation a découlé d’une prise de conscience générale de la nécessité pour tous de changer la gouvernance du pays. Elle a commencé chez le candidat Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani le 1er mars 2019, par son premier discours de candidature qui l’a révélé aux Mauritaniens comme un homme porteur d’une perception nouvelle et d’une volonté neuve d’apporter les correctifs nécessaires sans faire courir au pays et à la société les risques que provoquent les ruptures radicales.

Pour continuer par la recherche continuelle du consensus et le refus d’agir sans discernement pour éviter d’exercer la puissance publique sans une dose de bienveillance. L’Etat a agi jusque-là par la force. Depuis le 1er août 2019, la bienveillance est sa marque déposée.

Le Président Ould Cheikh El Ghazouani est bien critiqué pour cela, parce que la « demande despotique » est encore plus forte que la « demande démocratique ». En réalité le fait d’avoir une classe politique exclusivement (ou presque) formée aux écoles du monolithisme, a créé un rapport « équivoque » avec le système politique démocratique.

Cette « démocratie sans démocrates » ne pouvait donner que la scène qui prévalait avant août 2019. C’est-à-dire le clivage, la stigmatisation voire la haine et, en général la culture de la manipulation de l’émotion et le refus du débat qui assure respect mutuel et échanges fructueux. En réalité, la vague de populisme qui a envahi le monde créant les monstres qu’on sait, a été la grande tendance au sein d’une classe politique qui prétend être la relève d’une génération qui a forgé sa légitimité, non pas par ses propositions et ses choix judicieux à des moments donnés de l’histoire politique du pays, mais par sa souffrance endurée, sa force de caractère et sa résistance aux répressions.

D’ailleurs, il faut ici souligner la pauvreté des programmes proposés. Sauf le candidat Ould Cheikh El Ghazouani, il y a seulement quelques inventaires de mesures à prendre sans en expliquer la portée, ni la justification encore moins les moyens de mise en œuvre. Notre élite politique est ainsi faite : prompte à critiquer, à vilipender, à rejeter…, mais toujours indécise voire incapable quand il s’agit de proposer.

A entendre les uns et les autres, on se rend compte tout de suite que l’objectif est d’anticiper une crise post-électorale sur la base de dénonciation des opérations électorales et de leur maitre d’œuvre, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) où sont représentés tous les partis politiques engagés dans cette bataille. Malgré les dénonciations multiples faites par certains partis lors des élections passées, aucun de ses membres n’a démissionné, aussi aucun représentant de candidat dans un bureau de vote n’a publiquement protesté. Ce qui nous renseigne amplement sur cette méthode que nous avons hérité de l’époque PRDS (91-2005). Ces dénonciations anticipées pour préparer la crise post-électorale, participent aussi de la perspective de 2029 qui est le véritable moteur des principaux candidats en course.

Comme tout pays de notre envergure, de notre espace et de notre espèce (humaine), nous souffrons d’inégalités, de mauvaise gestion, d’ignorance, de corruption, de mal-gouvernance générale, de marginalisation de notre jeunesse mal formée et mal insérée dans le tissu économique, de l’inefficience de l’exploitation de nos ressources… Mais nous avons la volonté de nous en sortir. Cela commence par rendre confiance à la jeunesse qui doit s’approprier le futur. Pour cela son implication qui s’exprime par la volonté de faire du mandat futur « un mandat pour la jeunesse », continuer la réforme du système éducatif et promouvoir la formation qualitative, lui permettre d’entrer dans les sphères de décision, un premier ayant été franchi avec la création d’une liste de députés jeunes (moins de 35 ans).

Mais avant tout, « l’ambition pour la Mauritanie » commence par la réalisation d’une convergence des efforts pour assurer stabilité, sécurité et unité au pays et à la société. Nous insisterons donc sur cette partie du chantier qui doit reprendre dès juillet prochain. C’est-à-dire, « L’organisation d’un dialogue vaste et inclusif pour repenser notre modèle démocratique, qui portera notamment sur :

* Le réexamen de notre système électoral afin de l’améliorer dans le sens de l’équité, de la liberté et de la transparence des scrutins électoraux ;

* Le renforcement de la fonction parlementaire en vue d’élargir son pouvoir de contrôle sur l’action de l’Exécutif ;

* La réforme du Conseil Constitutionnel pour raffermir son rôle de régulation de notre système démocratique et d’équilibre des pouvoirs;

* La réforme du régime des partis politiques en tant que vecteurs de démocratie et cadres d’expression de la diversité des opinions politiques ;

* La réforme du système de financement des campagnes électorales pour plus de transparence et d’égalité des chances entre les candidats » (extrait du programme du candidat Mohamed Ould Cheikh el Ghazouani).

Dans ses discours devant les masses, le candidat a rassuré sur sa volonté de travailler pour l’édification d’un Etat de droit à même d’apurer tous les passifs, de préserver l’Honneur, la Fraternité et la Justice, les vocations originelles de la République Islamique de Mauritanie.

O. Oumeir

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