L’opinion que j’exprime dans le présent papier n’est pas que ma voix ponctuelle d’électeur, en affichage préélectoral.
Elle est également l’annonce de mon intention de renouer, autant que possible, avec la tradition d’écrire et de faire publier mes contributions habituelles au débat public sur les dossiers où je pense avoir un apport utile à la collectivité.
Par devoir citoyen, et en hommage à mes regrettés frères et amis, avec lesquels j’ai longtemps partagé sans tapage, la passion de donner à notre cher peuple.
Aux lecteurs de ma génération qui ont pu me lire et à ceux d’après, une brève mise en contexte s’impose, ceci étant, pour rappeler pourquoi et quand j’ai eu à écrire auparavant sur la situation politique du pays et pour quelles raisons et quand, j’avais cessé de le faire.
Pour les besoins de la présente sortie, je me limiterai ici à la dernière série d’articles publiés sur les évènements qui avaient porté entre 2005 et 2008 l’espoir collectif de transmission durable du pouvoir, par les autorités militaires, à un Président civil démocratiquement élu sur fond de promesses de réconciliation nationale, de règlement du passif humanitaire et de rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Au nombre des textes à titres évocateurs, voire prémonitoires de cet espoir commun aux observateurs et témoins de l’époque figuraient entre autres :
« Profil d’une Démocratie qui se recherche », paru dans le CALAME du 04 janvier 2007 en 2007.
« Repère de parcours pour une transition à réussir », publié début 2008 dans le Quotidien national Horizons,
« Partie d’échec autour du pouvoir – La Mauritanie en voix de tout perdre », publié dans le Journal Biladi en 2008″.
Ma part du deuil sur cet épisode de l’histoire récente de notre pays, enterré avec la séquestration du Président élu feu Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI et de bien d’autres personnalités nationales, était la fermeture volontaire définitive de mon site web « Chinguit média », et ma décision de cesser d’écrire sur la situation politique nationale.
Faute de visibilité, je n’ai d’ailleurs pas depuis lors réécris sur le Politique, nonobstant que le rideau tiré sur cette période d’inquisition et de contre inquisition, dénommée communément « La Décennie ou Achriya ».
L’espoir, maintenant ressuscité de retour à une vie publique normalisée me décide à reprendre la plume, précisément pour exprimer mon choix électoral en cette veille du scrutin du 29 juin 2024.
Le plus simple sera, à cet effet, de prendre pour commencement, le tableau « capture d’écran », de la séquence de rupture de l’évolution institutionnelle escomptée à l’époque, là où le cours de la continuité transitionnelle a été brutalement rompu.
A quelques détails près, l’extrait ci-après de l’article susmentionné « Profil d’une Démocratie qui se recherche » dressait ainsi l’état des lieux d’alors :
« Sous les effets conjugués des luttes internes pour le pouvoir et des pressions internationales, les régimes d’exception qui se sont succédés au cours des dernières décennies ont consenti des pans non négligeables de libertés publiques et permis d’avoir :
– Des institutions communales élues globalement stables ;
– Des partis politiques actifs sur scène ;
– Une presse privée qui joue pleinement, son rôle de contrepoids ;
– Un processus électoral cautionné par l’ensemble des acteurs, sous l’égide d’une Commission électorale, (CENI) ;
– Un intérêt populaire croissant et soutenu à la vie publique…
Bilan d’étape d’une Démocratie qui se recherche, écrivais-je alors, et précieux acquis à consolider ».
Ce constat est à actualiser aujourd’hui par des évolutions majeures intervenues entre temps dont :
– La crise du système politique dit de « Démocratie libérale » vécue y compris dans les Etats occidentaux où le modèle replâtré à ses limites, chancelle sous les poussées populistes et « Dégagistes » .
– L’Emergence, au plan intérieur, du courant politique dit « indépendant » qui fût comme esquissé dans le papier susmentionné à l’origine de réelles métamorphoses du microcosme politique et du dépérissement des partis, politiques classiques.
– La découverte de prodigieuses ressources économiques, énergétiques notamment, dont l’exploitation ne peut être envisagée sans durable stabilité.
Par rapport à l’échéance électorale en vue, j’observe au passage que dans le sillage des évolutions ci-dessus, l’inter mandats du Président GHAZOUANI renvoie, plus de quarante-cinq ans après le coup d’état de juillet 1978, l’image d’un chef d’Etat issu de l’institution militaire, au leadership admis ou du moins toléré par la classe politique dont les représentants sont en lice pour ce scrutin. Ma lecture de l’évènement est que la sagesse des leaders historiques de l’opposition qui ont rallié le Président candidat et la participation fougueuse aux élections des candidats concurrents dont d’ailleurs des personnalités hautement méritantes, tactiquement enclins ou par réalisme, est une marque de confiance commune des uns et des autres en l’avenir d’un système démocratique en gestation bien à nous.
Au plan factuel, les menaces et défis à la survie de l’Etat, inhérents aux risques intérieurs et frontaliers d’instabilité d’une part et à la persistance de pratiques gravissimes pillage des ressources publiques d’autre part, sont autant de problématiques existentielles et de volcans dormants à na pas perdre de vue dans la gestion de ce moment électoral décisif.
En considération de quoi, voter utile consiste, à mon avis, à faire élire le Président candidat sur la foi de sa volonté fédérative proclamée. Mais aussi au gage de se racheter davantage durant son second mandat en œuvrant pour la restauration et la consolidation de l’unité nationale et la solidarité sociale et la saine gestion des biens publics, dans l’intérêt de tous.