Les MTN en Afrique, parent pauvre des budgets de la santé
Dans tous les pays africains, les Maladies Tropicales Négligés (MTN) sévissent à une échelle relativement importante. Dans son rapport de 2023, l’OMS a fait le point sur ces maladies en soulignant quelques progrès. Mais il n’en demeure pas moins vrai que des efforts sont encore nécessaires pour éradiquer ces maladies. Des ONG comme WINs, basée au Cameroun se battent contre ces maladies.
Et pour faire le point de la lutte menée par cette ONG qu’un wébinaire a été organisé hier par le Réseau des Journalistes Africains pour la promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), conjointement avec Speak Up Africa.
Principale panéliste, le professeur Epée Emilienne, chercheuse, avec 25 ans d’expérience, haut responsable du ministère camerounais de la santé et présidente de l’ONG WINS, a fait le point sur la situation des MTN et sur l’approche adoptée par son organisation.
WINs qui a reçu son récépissé le 05 Mars 2024 est présentée comme une initiative pionnière qui vise à capitaliser sur les expertises de femmes toutes spécialités confondues. Il s’agit d’une démarche collaborative et inclusive, a expliqué le Pr Emilienne.
Abordant le volet concernant la contribution de l’initiative WINs dans la lutte contre les MTN, Mme Epée a souligné que cette contribution vise à alléger les souffrances des malades et à éradiquer les MTN à l’horizon 2030. L’ONG travaille pour relever les défis liés au gab existant au niveau des communautés vulnérables. Pour elle, l’engagement communautaire devrait impérativement prendre en compte les femmes afin de faire face d’abord aux 17 MTN qui sévissent au Cameroun, pour ensuite donner l’exemple et contribuer à la lutte contre ces maux ailleurs sur tout le continent.
Ainsi, WINs privilégie l’éducation à la santé et la sensibilisation par le biais d’actes simples, surtout au niveau des femmes qui sont généralement les plus affectées par ces maladies et où le fardeau est plus lourd à porter.
WINs met en avant des alternatives innovantes. Il s’agit d’une approche transversale où tout le monde est présent pour apporter sa pierre à l’édifice.
WINs intervient aussi dans les écoles pour apporter une éducation sanitaire appropriée aux enseignants et aux élèves. Ces derniers sont ensuite utilisés comme de précieux relais pour diffuser les bonnes pratiques auprès de leurs parents.
Des notions d’hygiène sont introduites dans les modules scolaires et des capsules sont aussi utilisées, note le Pr Emilienne.
Dans son intervention, Pape Momar Touré, Responsable des MTN au niveau de Speak Up Africa a noté que les MTN sont négligées dans tous les aspects (financement, traitement…)
Elle ne bénéficient que de 0,6% du financement mondial. De ce fait déplore Mr Touré il y a un blocage. Et même s’il y a pleins d’initiatives la question du financement demeure entière et il va falloir dit-il compter beaucoup sur les financements domestiques.
Selon Mr Touré, Speak Up Africa accompagne les gouvernements africains à travers des conventions signées avec les départements de la santé. Un appui est également apporté par cette organisation à la Société Civile dans le cadre de son plaidoyer en faveur des MTN.
En effet seuls 4% du budget de la santé est consacré aux MTN, juste de quoi assurer le fonctionnement et le payement des salaires du personnel. De ce fait tous les espoirs reposent sur les partenaires au développement.
Donc, pour Mr Touré, il est temps pour les gouvernements africains de mettre en œuvre la Déclaration d’Abuja (2001), dans laquelle les gouvernements se sont engagés à consacrer 15 % de leur budget national à la santé. Ce n’est qu’à ce prix dit-il que les MTN pourraient être éliminées.
Pour le Pr Emilienne qui a invité les journalistes à s’engager dans la vulgarisation de la lutte contre les MTN, WINs dont les ambitions vont au-delà du Cameroun compte créer un effet domino pour résoudre définitivement le problème des MTN en Afrique.
Rappelons que les 17 maladies tropicales négligées que combat l’OMS sont causées par divers pathogènes : des virus (dengue et rage), des bactéries (ulcère de Buruli, lèpre, trachome et pian), des protozoaires (maladie de Chagas, trypanosomiase humaine africaine et leishmaniose) et des helminthes (cysticercose, dracunculose, échinococcose, trématodoses d’origine alimentaire, filariose lymphatique, onchocercose, schistosomiase et géohelminthiases).
Bakari Guèye