Injustice dans l’attribution des bourses aux étudiants : Les bacheliers de Nouakchott laissés pour compte
L’attribution des bourses d’études en Mauritanie soulève des questions fondamentales de discrimination institutionnalisée, d’injustice et d’une gestion opaque des fonds publics.
La règle actuelle qui prive les nouveaux bacheliers ayant obtenu leur baccalauréat à Nouakchott du droit à une bourse d’étude est non seulement discriminatoire mais également symptomatique d’une politique publique déconnectée des réalités socio-économiques du pays.
L’idée sous-jacente à cette exclusion semble être que ces derniers, du fait de leur localisation, proviendraient de familles plus aisées ou vivent chez leurs parents. Or, cette hypothèse est déconnectée des réalités socio-économiques vécues par une grande partie des jeunes de la capitale.
Beaucoup d’entre eux viennent de familles très modestes, et tout comme leurs camarades des autres régions, ils doivent faire face à des difficultés financières considérables pour subvenir à leurs besoins de logement, de transport, et de subsistance.
Le fait de priver ces étudiants d’une bourse d’étude aussi modeste 12 00 Ouguiyas par mois (environ 30 euros) aggrave leur vulnérabilité économique. Le coût de la vie à Nouakchott dépasse souvent celui des autres régions, rendant cette exclusion injustifiable. Cette politique reproduit une forme d’exclusion sociale déguisée, qui renforce les inégalités en accordant à certains étudiants des avantages que l’on refuse à d’autres, non pas sur la base de leur mérite ou de leur besoin réel, mais en fonction de leur localisation géographique.
Face à cette discrimination, certains bacheliers, dans une tentative de contourner cette exclusion, sont contraints de passer leur baccalauréat dans d’autres régions du pays, simplement pour être éligibles à la bourse. Cette stratégie révélatrice du caractère absurde de la situation engendre des coûts supplémentaires pour ces familles déjà précaires, tout en perturbant le parcours académique de leurs enfants.
Cette migration forcée témoigne non seulement de l’injustice du système, mais aussi d’un manque de rationalité dans la mise en œuvre des politiques publiques. Plutôt que de favoriser l’épanouissement des jeunes talents à travers une répartition équitable des ressources, cette règle pousse à la précarisation d’une partie importante de la jeunesse estudiantine.
Une gestion opaque des fonds publics : Où va l’argent ?
En parallèle à cette injustice, la gestion du budget alloué à l’enseignement supérieur et de la recherche estimé à plus de 8 milliards MRU interroge. Comment expliquer que malgré cette manne financière, l’État ne parvienne pas à offrir une aide aussi modeste à l’ensemble de ses étudiants, y compris ceux de la capitale ? Ce paradoxe budgétaire met en lumière une gestion défaillante des ressources publiques, révélatrice d’un manque de priorisation des besoins fondamentaux des jeunes Mauritaniens.
L’argument économique ne tient pas face aux défis auxquels sont confrontés les étudiants, notamment le taux de réussite au baccalauréat, qui ne cesse de baisser ces dernières années. Ce déclin aurait dû inciter les autorités à investir davantage dans l’accompagnement des étudiants, en leur offrant un soutien financier et logistique pour leur permettre de poursuivre leurs études dans de meilleures conditions.
Pourtant, ce n’est pas le cas, et la question se pose légitimement : où va l’argent non attribué aux étudiants ? L’absence de transparence dans la gestion des fonds publics renforce les suspicions d’une mauvaise gouvernance, voire de détournements.
Ça suffit ! chaque étudiant a besoin d’une aide financière
La discrimination géographique dans l’attribution des bourses en Mauritanie est une injustice flagrante qui met en péril l’avenir de nombreux jeunes. Face à l’ensemble de ces problématiques, il apparaît très urgent de repenser la politique d’attribution des bourses sur la base de critères sociaux et économiques, et non géographiques. L’État doit s’engager à offrir un soutien financier à tous les étudiants qui en ont besoin, SANS DISTINCTION GEOGRAPHIQUE, pour garantir une égalité des chances dans l’accès à l’enseignement supérieur.
De même, la construction d’universités doit être accompagnée d’une réflexion sur l’accessibilité : transports publics, résidences étudiantes et infrastructures de base doivent être au cœur des priorités pour permettre aux jeunes de poursuivre leurs études dans des conditions dignes.
Pour que la Mauritanie puisse espérer un avenir où chaque étudiant a une chance de réussir, il est essentiel que le gouvernement reconsidère cette politique injuste et mette en place un système de bourses inclusif. Wa salam
Ibrahima NIANG