Au nom de qui dialogue l’opposition ? Une opposition illégitime et dangereuse
Cette « opposition » qui s’invite au dialogue, qui dialogue avec les régimes successifs, qui en sort honteuse et qui détruit tout espoir de changement en Mauritanie, que représente-elle ? Qui représente-t-elle ?
A part les quelques individus qui composent ses bureaux exécutifs cette opposition, a-t-elle véritablement une assise populaire, une base électorale ? Rien ne le prouve. Sa légitimité à aller dialoguer avec le régime est-elle fondée ?
Cette « opposition », avec ses médiocres scores électoraux passés et récents, peut-elle prétendre être une opposition. Ne serait-elle en fait qu’une collection d’acronymes dont l’unique objectif est d’épuiser les lettres de l’alphabet ?
Cette opposition, représente qui ? Quoi ?
L’a-t-on vue fendre en masse les rues et submerger les avenues, protestant contre tous les malheurs que vit le peuple ?
L’a-t-on vue se battre pied-à-pied contre la répression du régime pour faire entendre la voix des opprimés et des parias ?
L’a-t-on vu protester à côté de toute cette jeunesse, ces hommes et ces femmes qui se font laminer par les forces de l’ordre pour réclamer leurs droits.
Misère, chômage, corruption, cherté de la vie, concussion, malversations, dilapidations des biens et des ressources publiques, nomination véreuses, violence, criminalité, destruction de l’économie, de l’éducation, pillage orchestré des ressources halieutiques par concessions aux mastodontes chinois et autres compagnies désastreuses, despotisme des dirigeants et enrichissements illicites des généraux et gabegie de l’oligarchie militaro-mercantile, land-grab des terres fertiles du pays par des multinationales avec la bénédiction des pouvoirs publics, marchés pipés et projets détournés dont les auteurs courent les rues, une justice qui n’arrive pas à coffrer des malfrats en col blancs du régime Aziz et au-delà…etc.
Dans tout cela où est cette opposition, qui doit dénoncer, manifester, défendre pied-à-pied et sur le terrain, les droits du citoyen…où est-elle ? La réponse est limpide : on ne cherche que ce qui existe pas.
Faire-valoir du pouvoir
Cette opposition ne tire son nom que de l’histoire. Au présent, elle n’existe pas. Cette opposition n’est qu’une collection d’individus, qui sous des acronymes divers, monnaie une légitimité populaire qu’elle n’a pas…et qui en tire des bénéfices bien personnels qui ne disent par leur nom.
C’est la raison pour laquelle, elle va aux dialogues successifs croyant être quelque chose, alors qu’elle n’est rien. Le pouvoir lui-même le sait. Elle est un jouet entre ses mains. Il l’instrumentalise, en l’invitant à un dialogue, car de cette manière il justifie son « ouverture », son vouloir de « paix sociale », une forme de stratégie de communication, par laquelle il piège comme toujours le peuple et l’anesthésie.
C’est en cela que cette opposition est non seulement illégitime mais dangereuse.
En effet, elle légitime les actes du pouvoir en le soutenant à travers le dialogue et l’assentiment qu’elle lui donne, alors qu’elle n’en a ni la légitimité populaire ni le droit de le faire.
Cette opposition vieillissante, sans base populaire, agrippée à quelques individus tournant autour du pouvoir, quémandant reconnaissance et dialogue, se préoccupant peu du peuple, se doit de disparaitre car sa dangerosité est telle qu’elle contribue à maintenir le pays sous le diktat de ceux qui le gouvernent.
Il est donc temps que cette opposition rende compte des dégâts qu’elle a causé au pays et le mal qu’elle a fait subir au peuple, depuis l’arrivée, en 1978, des militaires au pouvoir (voir mon article : « Opposition : Dialogue du mépris et méprise du dialogue. » – https://cridem.org/C_Info.php?article=746114 )
N’ayant aucune légitimité pour aller dialoguer avec le pouvoir au nom d’une quelconque frange du peuple, même la plus infime…cette opposition est un danger pour la démocratie et un rempart contre tout progrès des institutions politiques mauritaniennes.
Quelques individus sur le net et sur les réseaux sociaux font beaucoup mieux, en terme de dénonciation et d’influences positives sur le pouvoir que cette opposition, dont il convient de se débarrasser au plus vite…
A défaut d’une rénovation du cadre partisan, son rajeunissement, son engagement de lutte active et passive supporté par une jeunesse qui est la première victime des errements politiques du pays, rien ne se fera.
Or cette « opposition » actuelle coquille vide, ne résonnant qu’en dissensions internes et «dialogues» du ventre continuera à être la risée du pouvoir et un frein à tout changement populaire.
Pr ELY Mustapha