Lettre ouverte au président de la République à propos des forums régionaux pour la planification du développement
Monsieur le président de la République, je viens vous soumettre, par la présente, quelques idées qui me paraissent utiles et pertinentes à prendre en considération lors du lancement prévu des forums régionaux pour la planification du développement.
La question du développement est devenue un centre d’attention national car il s’agit d’un droit consacré à tous les peuples et à tous les pays en développement afin qu’ils puissent rejoindre le cercle des pays développés.
Le développement a traversé de longues étapes de transformations conceptuelles depuis l’indépendance en 1960, les approches multidisciplinaires ayant tenté de prendre en compte les dimensions culturelles, sociales et humaines, afin de s’éloigner de la réduction du développement à la croissance de la richesse matérielle.
La nécessité de la planification du développement dans la vie humaine réside dans la réalisation de changements positifs et dans l’augmentation des opportunités et des options disponibles afin d’améliorer la vie des individus à tous les niveaux.
Grâce à cette nécessité de développement, notre pays a pu bâtir son modèle sur des bases qui consolident les principes de la démocratie, renforcent la croissance économique et favorisent le développement humain.
Alors, monsieur le président de la République, quels sont les objectifs de planification du développement ainsi prévus ? Comment s’est déroulé son parcours ? Quels sont les objectifs et les motivations du nouveau modèle de développement en matière de forums régionaux pour la planification participative du développement ?
Pour répondre à ces questions, je vais aborder les sujets suivants : le chemin de la transformation conceptuelle de la planification du développement, la voie prévue pour l’établir en modèle, et les piliers et grandes options de sa planification qui constitue, à mon avis, une démarche positive vers l’émergence d’une Mauritanie nouvelle.
Le développement a été défini comme l’ensemble des « processus par lesquels les efforts des citoyens et du gouvernement peuvent être unis pour améliorer les conditions économiques, sociales et culturelles des communautés locales et les aider à s’intégrer dans la vie de la Nation et à contribuer à la prospérité de celle-ci ».
De ce point de vue, nous pouvons définir le développement en général comme un processus dynamique qui comprend des changements structurels et fonctionnels dans la société et qui se produit à la suite d’une intervention visant à orienter le volume et la qualité des ressources disponibles pour la société, afin d’élever le niveau de bien-être de chacun.
Il s’agit de contribuer à la prospérité de la Nation, ainsi qu’à l’élimination de la pauvreté et de la fragilité autant que possible, en augmentant l’efficacité de ses membres et en les impliquant dans la détermination de leur destin de développement.
La voie du développement :
Revenons ici sur le Programme des priorités sociales établi en 1991 visant à mettre en œuvre une stratégie de développement incluant les régions les plus marginalisées du pays. Cette stratégie s’articulait autour de trois projets fondamentaux : l’éducation de base, la santé de base, le relèvement national, la coordination et le suivi des programmes sociaux.
Notre pays s’est engagé à parachever le processus de développement, en adoptant le développement humain durable comme projet de société et comme nouveau modèle de progrès. Cet engagement a été également consacré comme un choix stratégique à travers une série de réformes successives dans le but de construire le développement économique sur des bases solides, afin d’améliorer les conditions sociales et d’adopter des mesures préventives dans le domaine environnemental, dans le cadre de plans d’action incluant des mesures spécifiques et des objectifs réalisables dans tous les secteurs.
La politique de développement de notre pays a connu un grand dynamisme au cours des deux dernières décennies et a enregistré plusieurs des avancées en divers secteurs, dont les plus marquants sont les suivants : les transports et les communications.
Notre pays dispose aujourd’hui d’une infrastructure de transport importante et diversifiée qui a connu un développement notable ces dernières années, représenté par l’expansion et l’extension des autoroutes, des voies de transport maritime, considérées parmi les plus avancées en Afrique ; le renforcement de la gouvernance territoriale et institutionnelle ;
les services sociaux et des équipements publics régionaux pour parvenir à l’autosuffisance des citoyens ; l’opportunité offerte aux jeunes énergies de participer effectivement à la vie politique, économique, sociale et culturelle ; la démocratie locale en impliquant les citoyens à travers la mise en œuvre des mécanismes de démocratie participative ; l’investissement dans le capital humain comme levier pour parvenir à un modèle de développement efficace ;
la répartition équitable des richesses afin d’encourager l’investissement et de créer des projets privés contribuant à réduire le chômage ; la réforme du système fiscal dans un objectif de répartition équitable et de lutte contre l’évasion des capitaux ; l’élargissement du marché du travail intégrant une large frange de la population et encourageant les entreprises ; la préservation accrue de l’environnement afin de gérer de manière responsable et rationnelle les ressources naturelles ; la promotion de l’égalité des chances afin d’éliminer les disparités sociales.
Afin d’atteindre les objectifs de la planification pour les régions, il est important de prendre en considération diverses idées à mon avis pertinentes : libérer les énergies de développement du capital humain et immatériel, en mobilisant les énergies qui ont un impact sur la productivité du citoyen et de la société et donc, a fortiori, sur la performance économique.
Cela se base sur un ensemble d’éléments liés à la connaissance, à l’expérience, à la gouvernance et à la justice qui est le capital social. Il est représenté par la confiance au sein de la communauté et par sa capacité à travailler ensemble, en faisant preuve de solidarité les uns envers les autres.
Cette idée fondée sur le développement et l’amélioration des qualifications et des capacités des composantes de la société repose à son tour sur un ensemble d’acquis : veiller à ce que chacun, sans discrimination, bénéficie de services publics disponibles et de qualité ; réduire les disparités sociales et spatiales découlant de considérations historiques et géographiques ; améliorer des services publics et résolution du problème du coût de la vie élevé ;
libérer l’initiative économique et l’entrepreneuriat en permettant aux personnes talentueuses de s’exprimer, de développer leurs capacités créatives, d’investir leurs qualifications et de construire un système solide pour soutenir et suivre le rythme des entrepreneurs ; parvenir à l’égalité dans la répartition des ressources dans le domaine économique en surmontant les obstacles légaux et illégaux ;
établir un système national d’éducation et de formation comme élément de base visant à préparer un citoyen actif dans la dynamique du progrès économique et social, en phase avec les exigences de l’époque et en réalisant un développement durable ; établir une nouvelle génération de services publics fondée sur le renforcement et l’élargissement de la responsabilité des acteurs en investissant dans la transformation numérique ;
assurer une concurrence saine et réguler les privilèges afin de stimuler les investissements productifs et efficaces et réduire les disparités ; assurer une transformation économique visant à réaliser le décollage industriel et à intégrer le secteur informel dans l’investissement économique ; impliquer les femmes dans l’action économique et dans le développement, tout en veillant à ce qu’elles jouissent de leurs droits d’une manière qui garantisse leur indépendance et leur pleine participation à la vie économique, sociale, politique et culturelle ; intégrer le monde rural, valoriser ses ressources et le rendre attractif ;
réduire les disparités sociales et spatiales pour permettre une protection sociale complète et renforcer la solidarité organisée ; protéger et valoriser durablement le capital naturel ; atteindre un État de Droit et de justice qui garantisse l’intérêt public selon une approche territoriale du travail public fondée sur l’équilibre, la transparence, l’efficacité et l’évaluation systématique.
Pour finir, Le concept de développement et planification participative sa signification reflète la reconstruction économique, la réhabilitation et l’amélioration des conditions de vie d’un point de vue matériel. Ces idées sont un moteur de développement basé sur des constants tangibles, afin de s’adapter aux transformations politiques et économiques de notre pays, ainsi qu’aux évolutions observées dans l’environnement international.
Notre pays devra adopter un ensemble d’options de développement centrées autour de quatre axes fondamentaux, à savoir : continuer à renforcer la demande intérieure ; diversifier les sources de croissance ; activer les réformes structurelles ; renforcer la cohésion sociale. Et, monsieur le président de la République, permettez-moi d’achever ainsi mon propos, en vous priant d’agréer l’expression de ma haute considération.
CHEIKH AHMED OULD MOHAMED
INGÉNIEUR
CHEF DU SERVICE « ÉTUDES ET DÉVELOPPEMENT »
ÉTABLISSEMENT PORTUAIRE DE LA BAIE DU REPOS
NOUADHIBOU