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Tunisie: le chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi condamné à 22 ans de prison

RFI AFRIQUE – En Tunisie, dans l’affaire Instalingo impliquant des hommes politiques, des journalistes, des blogueurs et des hommes d’affaires, les verdicts viennent de tomber. Les juges ont eu la main lourde concernant ceux soupçonnés de « conspiration contre la sécurité de l’État ».

Âgé de 83 ans, le leader du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, vient d’être condamné ce mercredi à 22 ans de prison par le tribunal de première instance de Tunis. Cette condamnation dans le cadre d’une affaire baptisée « Instalingo » qui implique, selon les autorités tunisiennes, plusieurs hommes d’affaires, journalistes et donc le leader du parti islamo-conservateur Ennahdha.

C’est un coup dur pour les avocats de Rached Ghannouchi et ses sympathisants. Si beaucoup s’attendaient à une sentence, aucun n’a pu présager des peines aussi lourdes selon leurs mots.

Cette affaire remonte à 2021, lorsque que des forces de sécurité saisissent la société Instalingo qui gère un site numérique soupçonné de manipuler l’opinion publique. Dans ce procès monstre où environ une soixantaine de personnes étaient inculpées, 38 ont été condamnées, accusées soit de blanchiment d’argent, soit d’atteinte à la sureté de l’État. Les peines vont de 5 ans à 54 ans de prison.

Le patron d’Ennahdha écope d’une lourde peine, mais il n’est pas le seul : son fils Mouadh, sa fille Soumaya et son gendre Rafik Abdessalem, ex-ministre des Affaires étrangères, se sont vus respectivement infligés des condamnations à 35, 25 et 34 ans de prison. Toujours dans cette même affaire, l’ex-Premier ministre Hichem Mechichi est condamné par contumace à 35 ans de prison.

Plusieurs journalistes ont également été condamnés à des peines lourdes. Ce qui fait réagir le Syndicat des journalistes (SNJ) de Tunisie qui dénonce un verdict « lourd et injuste ».

Rached Ghannouchi doit être encore entendu dans près d’une dizaine d’affaires en justice, même s’il n’assiste plus à ses audiences qu’il considère comme des procès fictifs selon ses mots. Près d’une soixante de personnes, cadres ou sympathisants du parti Ennahdha sont aussi emprisonnés dans le cadre de plusieurs poursuites judiciaires.

Mercredi soir, le front de salut national, une coalition d’opposants à Kaïs Saïed, a publié un communiqué, condamnant la salve de verdicts dans l’affaire Instalingo et dénonce un acte de vengeance et d’épuration politique sans précédent. Dans un autre communiqué, le parti Ennahdha fustige un procès « politique ». Les avocats, eux, ont aussitôt prévenu qu’ils feront appel de ces jugements.

PAR RFI

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