Dialogue Politique en Mauritanie : A la quête d’une stratégie et de candidats

Le Rénovateur Quotidien – Le président Mohamed Ould Ghazouani a lancé, il y a plusieurs mois, une invitation au dialogue politique, prétendant vouloir instaurer une dynamique de réconciliation et d’inclusivité au sein de la scène politique mauritanienne.
Cependant, cette initiative se heurte à un paradoxe flagrant, exacerbé par la récente adoption d’une loi limitant la liberté de formation des partis politiques.
Alors que le gouvernement prône l’ouverture, l’opposition, de son côté, juge cette loi « scélérate » et une tentative évidente de restreindre l’espace politique et de limiter les possibilités d’alternance démocratique.
Un dialogue politique sur fond de durcissement des conditions
La loi récemment adoptée relative à la formation des partis politiques impose des conditions strictes et contraignantes pour la reconnaissance des partis et leur existence légale. Ces nouvelles exigences concernent notamment l’obligation de réunir un certain nombre de signatures, des critères financiers lourds, ainsi que des obligations de transparence organisationnelle. La mesure a immédiatement soulevé une vague de critiques, particulièrement de la part des mouvements d’opposition et des partis politiques moins représentés, qui y voient une tentative d’étouffer les voix dissidentes et d’installer un monopole du pouvoir sur la scène politique.
L’opposition a jugé cette loi non seulement injuste, mais aussi scélérate, car elle restreint davantage l’espace politique déjà étroit, en particulier pour les formations politiques qui ne disposent pas des moyens nécessaires pour satisfaire ces conditions. Ce durcissement survient alors que, paradoxalement, le président Ghazouani invite ces mêmes forces politiques au dialogue.
Cette contradiction apparente entre l’invitation au dialogue et le renforcement des restrictions sur la formation des partis politiques crée un climat de méfiance et de confusion. Une Initiative Accusée de Manipulation Pour l’opposition, l’appel au dialogue ne semble être qu’un leurre, une stratégie de manipulation politique destinée à donner l’impression d’un rapprochement avec l’opposition tout en conservant un contrôle rigide sur l’espace politique. La nomination de Moussa Fall, pourtant un médiateur respecté, à la tête des négociations n’a pas suffi à dissiper ce scepticisme.
L’initiative, bien qu’ambitieuse sur le papier, semble dénuée de garanties concrètes, et les conditions posées par la nouvelle loi ne font qu’alimenter la perception d’un pouvoir qui cherche à diviser et à marginaliser l’opposition plutôt qu’à construire une véritable plateforme de dialogue. Les partis politiques et les leaders de l’opposition, déjà échaudés par des expériences passées où les promesses de réformes n’ont jamais été suivies d’actes, considèrent cette offre comme une simple formalité destinée à légitimer un pouvoir qui cherche avant tout à consolider sa position.
Les accusations de manipulation sont renforcées par l’impossibilité pour certaines formations politiques de remplir les nouvelles conditions imposées par la loi, les excluant ainsi de facto du processus de dialogue.
Une tentative de contrôle et de fragmentation de l’opposition
Au-delà des apparences d’ouverture, le durcissement des conditions pour la reconnaissance des partis politiques semble répondre à une logique de contrôle et de fragmentation. En multipliant les obstacles à l’émergence de nouvelles voix politiques, le gouvernement cherche à affaiblir les coalitions d’opposition et à empêcher toute forme de regroupement ou de consolidation autour de figures alternatives à Ghazouani.
Ce type de stratégie pourrait, en effet, diviser les rangs de l’opposition, en créant des partis plus petits et plus isolés, plus facilement gérables et moins menaçants pour l’équilibre du pouvoir.
Le dilemme de l’opposition
L’opposition se trouve dans une position délicate. D’un côté, elle est invitée à participer à un dialogue qui semble à peine sincère, d’autant plus que la réalité politique sur le terrain reste marquée par des restrictions croissantes. De l’autre côté, elle doit naviguer dans un environnement où ses capacités à s’organiser et à exister politiquement sont de plus en plus limitées.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si l’opposition continuera de participer à un processus qu’elle juge manipulé ou si elle se résignera à poursuivre ses combats hors du cadre institutionnel, renforçant ainsi son opposition au régime.