Activation de l’alliance nationale contre la corruption
C’est dans un Palais des Congrès archicomble qu’a et lieu ce dimanche 23 Mai le lancement officiel des activités de l’alliance nationale pour la lutte contre la corruption et la restitution des biens mal acquis. Cette activité était placée sous le thème : « Unis pour la lutte contre la corruption ».
Les intervenants qui se sont succédé ont tous cloué au pilori le phénomène de la corruption et des détournements de fonds publics.
Ouvrant le bal, le secrétaire général, M. Mohamed Lemine Vadel a rappelé que cette alliance qui regroupe plusieurs ONG engagées dans la lutte contre la corruption a vu le jour le 31 Août 2020 lorsque ces ONG avaient organisé une conférence de presse à l’issue de laquelle elles ont signé une déclaration demandant avec insistance la mise en place d’une alliance pour la lutte contre la corruption et la restitution des biens mal acquis. Et le processus a suivi son cours normal avec la constitution récemment d’un bureau au nom de cette alliance, en désignant ses membres et en leur confiant chacun des responsabilités bien précises.
Le Secrétaire Général a ajouté que le manque de justice et la propagation de la gabegie sont les principaux obstacles au développement, ce qui influe négativement sur la cohésion nationale, le tissu social et la paix communautaire.
Il a souligné la nécessité de lutter contre la gabegie et d’infliger des sanctions sévères contre tous ceux qui attentent aux biens publics. L’alliance compte mener une vaste campagne de sensibilisation pour la conscientisation de l’opinion publique. Elle va œuvrer pour la restitution des fonds détournés et va nouer un partenariat avec les Partenaires Techniques et Financiers.
Pour l’activiste Hademine Ould Salek qui a traité la question du point de vue religieux la corruption et le détournement des deniers publics sont prohibés par l’islam. Il a convoqué des versets du coran et des hadiths pour étayer son propos.
Ould Salek a affirmé que ces pratiques malsaines dans notre pays portent un grand préjudice aux citoyens. Elles expliquent la pauvreté et la faiblesse des services sociaux de base. « Pourquoi nos malades ne son pas pris en charge ? Pourquoi nos étudiants éprouvent des difficultés pour toucher leurs bourses ? » Cela est inadmissible note-t-il dans un pays où les moyens ne manquent pas. Mais conclut-il l’espoir est là avec la volonté des nouvelles autorités qui ont affirme-t-il pris des mesures d’assainissement et nous les soutenons mais elles n’ont pas droit à l’erreur.
Dans son intervention, l’ex ministre Bekaye Ould Abdel Malek a mis en exergue le rôle de la Société Civile dans la lutte contre la gabegie. Il a noté d’emblée que la Société Civile est une exigence démocratique. Il a noté qu’en Mauritanie, le détournement des deniers publics est la cause du sous-développement et constitue une menace contre la paix civile. Et de s’interroger : Pourquoi la Mauritanie est l’un des pays les plus touchés par le chômage ? Pourquoi le taux de déperdition scolaire est-il élevé chez les plus pauvres?
Pour Ould Abdel Malek, ce sont les plus démunis qui paient le prix de la corruption. De ce fait l’impact négatif de la corruption est énorme. Selon lui la Mauritanie est à la croisée des chemins : Etre ou disparaître.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats Me Brahim Ould Ebety a salué cette initiative. Il a traité la question du point de vue juridique. Il a placé la question dans son contexte en revenant sur la lutte contre la corruption et les biens mal acquis sur le plan international avec l’adoption en 2003 de la Convention des Nations Unies contre la corruption (A/RES/58/4). Cette convention qui constitue le cadre l égal de la lutte contre la corruption a été ratifié par la Mauritanie en 2006. Et la Mauritanie souligne Me Ebety contrairement à certains pays n’avait émis aucune réserve à l’endroit de cette convention.
En plus de cette convention, la loi mauritanienne 014-2016 combat toutes les formes de corruption ayant un impact sur les biens publics (Surfacturation…).
Ainsi la Mauritanie est éligible pour juger les gabégistes car le cadre juridique est complet.
Me Ebety a donné deux modèles pour illustrer son exposé. D’abord un modèle négatif avec comme exemple ce fonctionnaire du FMI qui officiait dans un pays africain. A la fin de sa mission alors qu’il était en route pour l’aéroport on le gratifia d’un cadeau faramineux, une véritable fortune. L’affaire fit mouche. Le fonctionnaire informa ses supérieurs et le colis indésirable fut bloqué à Barcelone avant d’être livré au FMI.
Le second modèle, positif celui-là concerne feu Mokhtar Ould Dadah, père de la nation et exemple vivant de droiture et de vertu. Tous les dons et présents qu’il avait reçu de la part des chefs d’état et autres rois (Bongo, Houphouet, Mobutu, Roi Fayçal…) ont été versés au Trésor public.
Pour Me Ly Saidou, il s’avère nécessaire de mener une vaste campagne médiatique afin de sensibiliser l’opinion. Les medias doivent jouer leur rôle et la Société civile doit mettre à contribution son leadership pour la restitution des biens mal acquis. Il a ajouté que la coordination de la Société Civile se constituera partie civile dans tous les procès pour corruption. Le combat de la Société Civile doit être progressif et s’inscrire dans la durée. Ce n’est pas une course de vitesse mais une course de fond a ajouté Me Ly. Dorénavant conclut-il la gabegie ne sera plus excusée.
La cérémonie a été clôturée par la lecture du communiqué constitutif de l’alliance nationale pour la lutte contre la corruption et la restitution des biens mal acquis, un communiqué lu par Dah Ould Ahmed Mokhtar et qui consacre l’officialisation de cette alliance qui va immédiatement aller au charbon.
Bakari Guèye