Le Rap comme arme de conscientisation de la jeunesse
Le groupe mauritanien de Rap Diam Min Tekki créé il y a près d’une trentaine d’années est connu pour son engagement sans concession en faveur de la justice sociale.
Né dans un contexte difficile marquée par des événements douloureux qui ont déchiré la société et le règne d’un régime politique aux pratiques peu orthodoxes, ce trio de jeunes rappeurs s’était distingué par ses positions jusqu’aux boutistes, à la limite de l’extrémisme.
Avec un langage cru et des tubes provocateurs, le groupe fut contraint de quitter le pays en 2011 et de s’exiler en Belgique.
Le groupe aguerri par les épreuves a fait récemment son come-back au pays.
Toujours animé par la même verve des débuts, les membres du groupe semblent bien mûris, avec un discours devenu plus conforme au politiquement correct.
Malheureusement pour les autorités mauritaniennes, le groupe est toujours redoutée d’où l’annulation à la dernière minute de son concert le 5 mars dernier après une autorisation officielle dûment signée.
Malgré la colère des fans le groupe a su gérer ses troupes et éviter tout débordement.
Mais la déception état totale comme l’a exprimé Ousmane Sow, membre du groupe : « Nous disions tout ce qui est anormal dans ce pays et on eut pas mal de problèmes, pour survivre et être en sécurité. On a alors quitté le pays pour aller en Belgique et 10 ans après, nous sommes de retour avec les mêmes objectifs et avec le même combat, c’est dire non au racisme. On demande l’équité, on demande l’égalité. On était là-bas, mais on regardait ce qui se passait ici chaque matin et on voyait malheureusement que les choses n’évoluaient pas et c’est comme d’habitude. On s’est dit, on va revenir encore, pour participer à ce combat. À notre arrivée, nous avons constaté qu’il y a deux Nouakchott, d’autres qui vivent bien et très mal. On est venu conscient des risques de se faire arrêter, enfermer et même tuer. Mais, il était temps que nous revoyons nos parents et nos fans.
Et Mar Bâ l’une des icônes du groupe de renchérir : « A notre retour au pays on a remarqué que les choses n’ont pas évolué dans le bon sens. Dans mon quartier d’El Mina je retrouve le même vieux poteau électrique que j’avais laissé devant notre maison. Les jeunes ici sont persécutés. On les empêche de travailler et de’ se distraire. Cela doit cesser car il est porteur de dangers. »
Bakari Gueye