Les Émirats arabes unis envoient un ambassadeur en Iran, une première depuis 2016
Dimanche dernier 21 août, les Émirats arabes unis ont annoncé l’envoi d’un ambassadeur à Téhéran, alors qu’il n’y en avait plus depuis six ans.
En 2016, Abou Dhabi avait rappelé son ambassadeur de la capitale iranienne pour exprimer son soutien à son allié saoudien, car l’ambassade d’Arabie saoudite en Iran avait été attaquée par des manifestants protestant contre l’exécution par Riyad d’un important chef religieux chiite.
Ce geste à l’égard de Téhéran s’inscrit dans une stratégie plus large de désescalade des tensions régionales initiée par Abou Dhabi. En clair, il vaut mieux poursuivre les discussions, y compris avec ses rivaux, pour trouver des terrains d’entente plutôt que de couper les ponts.
Depuis plusieurs mois, ces exemples d’apaisement des relations diplomatiques se sont d’ailleurs multipliés. On pense bien sûr aux nouvelles relations entre les Émirats et Israël, le Qatar ou encore la Turquie.
Même si Abou Dhabi considère toujours Téhéran comme une menace, cette nouvelle étape pour l’apaisement des relations avec son puissant voisin n’est pas une surprise. Les discussions au plus haut niveau entre les deux pays avaient d’ailleurs débuté dès 2019. Le conseiller à la sécurité nationale des Émirats avait même rencontré le président Raïssi dans la capitale iranienne en décembre 2021. En juillet dernier, c’est la possibilité d’un retour de l’ambassadeur émirien à Téhéran qui avait déjà été évoquée. C’est donc désormais officiel.
Une décision qui sert les intérêts nationaux des Émirats
Ce réchauffement diplomatique sert d’abord les intérêts stratégiques des Émirats. Abou Dhabi cherche à diversifier ses partenaires pour garantir sa sécurité et ne plus dépendre des États-Unis, son allié historique. D’ailleurs, l’envoi d’un ambassadeur à Téhéran par les Émirats coïncide avec l’avancée des pourparlers sur le dossier du nucléaire iranien.
En plus des enjeux stratégiques, cette nouvelle relation avec Téhéran sert aussi les intérêts économiques et financiers de la monarchie du Golfe. L’Iran est un important partenaire commercial des Émirats arabes unis. Même au plus fort de la crise entre les deux pays, les échanges n’ont d’ailleurs jamais cessé.
Un nouveau chapitre entre l’Iran et les pays du Golfe
Il semblerait bien avoir un consensus parmi tous les pays du Golfe sur la nécessité d’entamer un nouveau chapitre avec Téhéran. La semaine dernière, quelques jours avant les Émirats arabes unis, le Koweït avait déjà renvoyé son ambassadeur en Iran. De son côté, le Qatar l’a fait dès 2017, un an seulement après la crise diplomatique. Le sultanat d’Oman, qui occupe lui une position particulière dans le Golfe avec un rôle neutre, n’a jamais rappelé son ambassadeur.
En revanche, le cas de l’Arabie saoudite et de Bahreïn est particulier. Ces deux royaumes sont les seuls dans le Golfe à ne toujours pas avoir d’ambassadeur à Téhéran. Mais en avril 2021, Riyad a repris les discussions avec son grand rival. Le chef de la diplomatie iranienne a par ailleurs récemment déclaré que son pays et l’Arabie saoudite étaient prêts à faire passer ces discussions à un niveau supérieur.
De notre correspondant régional,
Nicolas Keraudren