Coton malien: le nouveau corridor mauritanien
Avec les sanctions de la Cédéao contre le Mali, Bamako a été privé de ses deux grands ports de sortie, Dakar et Abidjan. À la demande de la CMDT, la société publique qui gère la filière coton, des exportations ont été possibles via la Guinée, et aussi grâce à un nouveau corridor de transit en territoire mauritanien.
Le projet était dans les cartons depuis des années. Il aura fallu l’instauration en janvier des sanctions de la Cédéao contre Bamako pour accélérer les démarches. Faute de pouvoir exporter le coton malien via Dakar, Sogeco une filiale de Bolloré, délocalise une partie de ses équipes à Nouakchott. Et en quelques semaines, une fois les procédures officielles de passages aux frontières et aux douanes réglées, les premières balles de coton sont évacuées.
« On a fait un premier test dans cette période qui était un peu spécifique et cruciale pour nos amis maliens, explique Sid’Ahmed Abeidna, directeur général de Sogeco, filiale du groupe Bolloré. Donc on a essayé de pousser ce projet à terme. »
Combien de coton ont été évacués et vont l’être d’ici à la fin de l’année ? « On a un projet de 30 000 tonnes. Si on arrive à faire entre 20 000 et 25 000 tonnes, ce sera déjà une très bonne chose », assure-t-il.
Les volumes acheminés restent limités, mais ce corridor a permis aux exportateurs maliens de poursuivre, a minima, leur activité dans une période très compliquée, comme le dit Boubacar Salia Daou, PDG de Millenium Mali.
« Au moment de la crise, la Mauritanie et la Guinée ont été une bouffée d’air. Parce que quand le coton n’est pas marqué, la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT) n’est pas payée, nous, les négociants, ne sommes pas payés », précise le PDG.
Le corridor de l’espoir
Depuis juillet, les sanctions de la Cédéao ont été levées, les évacuations ont repris via les ports traditionnels, mais la route de l’espoir continue et devrait continuer l’année prochaine à recevoir du coton malien. Une alternative qui a cependant ses limites, explique le négociant.
« Pour le moment, ils ne peuvent pas satisfaire à la demande de la CMDT parce que la CMDT a fait plus de 700 000 tonnes de coton graine et la Mauritanie ne peut pas faire face ainsi que la Guinée. Elles n’ont pas les infrastructures capables de faire la manutention de ces quantités-là. »
Alternative pérenne ou sortie de secours ponctuelle en cas de problème ? La Mauritanie a un rôle à jouer sur l’échiquier régional, explique Sid’Ahmed Abeidna, qui se veut rassurant sur les questions de capacités logistiques.
« Il y a des développements sur les côtes de la Mauritanie. Il y a un nouveau port, le port de Ndiago situé un peu plus au sud qui peut aussi participer à désengorger pendant une période où le port de Nouakchott aura forcément besoin d’un développement », espère le directeur de Sogeco.
Et si les flux de coton se tarissent, les minerais pourraient prendre le relais. Du manganèse malien circule désormais sur ce nouveau corridor mauritanien.
Par Marie-Pierre Olphand