Le 1er vice président de l’UFP a écrit : De l’art de trahir dans la classe politique…
Des distorsions évidentes existent par rapport à la composition finale de la CENI. Elles se résument au fait que, pour l’essentiel, en dehors de l’UFP et du RFD- qui ont proposé des personnalités hors des rangs de leurs militants- les points d’accord entre les partis concernant les conditions de choix des membres de la CENI n’ont été respectées ni par les partis de la majorité ni par ceux restants de l’opposition.
Ces partis ont directement choisi des membres issus de leurs rangs et ayant des fonctions actives parmi leurs cadres dirigeants de différents niveaux. Le ver des futures contestations et controverses électorales est dans le fruit. Personne de sensé ne pourrait jamais comprendre cette logique absurde de nommer comme juges les représentants directs des parties.
Etre juges et parties: nous continuons donc de battre les records mondiaux en matière de conflits d’intérêt, exactement comme dans la vie professionnelle et économique du pays!
Il est consternant, encore une fois, de constater que dans cette affaire, c’est dans les milieux de l’opposition et non uniquement ceux du pouvoir, à proprement parler, qu’est venue la saillie contre la transparence future des élections et la faute de complicité avec les fraudeurs professionnels issus des rangs de cette majorité de toujours, héritière de la Tayadémocratie.
Il y’a comme un vent de folie qui souffle dans la classe politique…
Après des mois de négociations, une feuille de route complète pour un dialogue national inclusif a été signée, en bonne et due forme par la quasi-totalité des partis représentés au Parlement, il y’a de cela 2 ans. Sauf un seul parti qui va entraîner dans son sillage d’autres dont l’un avait signé cette feuille de route.
Pour l’inclusivité du dialogue/concertation en préparation, cette feuille de route sera purement et simplement rangée dans les tiroirs pour ouvrir un autre processus de concertation/dialogue qui va durer des mois et des mois au grand désespoir d’une opinion publique totalement incrédule face à ces tractations politiciennes paralysantes.
Au final, tout était prêt : les négociations avaient fini par aboutir à un autre programme de dialogue comprenant TOUTES les questions auxquelles les mauritaniens attendaient des réponses claires et courageuses pour sortir le pays de l’ornière.
A la veille de l’ouverture de ce dialogue national inclusif, trois formations politiques issues de l’opposition ( dont 2 qui ont participé aux discussions!) opposent leur veto et donnent le signal permettant au gouvernement d’interrompre le processus en se fondant explicitement sur cette attitude d’hostilité de ces 3 partis ( ou plutôt de certains de leur leaders).
La suite, on y est. Le gouvernment reprend totalement la main et engage un processus de dialogue » par morceau » en s’appuyant sur l’expérience du dialogue sur la réforme de l’éducation nationale. Le ministère de l’intérieur convie à une concertation sur les élections.
L’opposition, après bien des tractations, tombe d’accord sur une positon commune. Celle-ci est trahie dès le lendemain par ceux là mêmes qui avaient été à l’origine de la formulation de cette position commune.
Finalement, cette concertation au ministère de l’intérieur debouche sur un accord sur les élections dont l’un des axes concerne la CENI, comme organe principal de la transparence. Au final, et après un marathon digne de nos performances passées en la matière, les partis sont d’accord pour que la CENI soit composée de personnalités indépendantes c’est à dire non représentant des partis, compétentes et expérimentées. C’est cette option convenue qui vient, à nouveau d’être trahie.
Toujours de la même manière et avec les mêmes protagonistes, avec le même art consommé de ne jamais respecter la parole donnée…
Y’a t-il vraiment, en définitive, une classe politique digne de ce nom, c’est à dire capable de transcender des considérations d’intérêts immédiats et de se projeter dans des horizons autres que ceux des froids calculs au comptant qui font perdre la tête ? A défaut de se reprendre, elle mériterait bien l’attitude que certains affichent déjà à son égard : le mépris.
Lo Gourmo Abdoul