Procès de Mohamed Ould Abdel Aziz : Manœuvres dilatoires !
Mauriweb – Alors que le procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été renvoyé au 6 Avril suite au boycott de ses défenseurs, les mauritaniens qui espéraient recouvrer rapidement une partie des biens spoliées commencent à s’inquiéter face aux tergiversations du tribunal qui donne l’impression de ne pas vouloir se presser pour entrer dans le vif du sujet.
Ould Abdel Aziz lui-même semble avoir oublié qu’il avait toujours soutenus qu’il avait hâte de se présenter devant le tribunal pour prouver son innocence. Aujourd’hui, lui et ses avocats déploient des montagnes d’ingéniosité et des manœuvres dilatoires pour perturber le déroulement de ce procès, cherchant à gagner du temps et à semer la confusion.
Dans une démarche surprenante, les avocats de l’ancien président avaient déposé un recours devant le Conseil Constitutionnel contre la Loi n° 2016.014 relative à la lutte contre la corruption.
Faut-il le souligner, cette loi, qui vise à renforcer les dispositifs légaux pour lutter contre la corruption et les malversations financières, avait été promulguée par Ould Abdel Aziz lui-même et son premier ministre de l’époque Yahaya Ould Hademine qui se retrouve avec lui aujourd’hui dans le box des accusés.
Ironiquement, l’ancien président se retrouve aujourd’hui à contester une loi qu’il a autrefois soutenue et mise en place. Ce recours devant le Conseil Constitutionnel soulève la question de sa légitimité.
En effet, Les facultés de Droit enseignent au nombre de nombreux principes sacro-saints du droit universellement admis, un principe révélé en latin (Nemo auditur propriam turpitudinem allegans ) qui se traduit en français par : nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.Plus prosaïquement cela signifie, dans une acception large, qu’une personne ne peut se prévaloir en justice d’une situation irrégulière ou litigieuse dont elle est à l’origine ou à laquelle elle a consenti. Dans le cas d’espèce cela frise la lâcheté politique.
Comment Ould Abdel Aziz qui, au faîte de son pouvoir, avait « déporté » des comptables à Bir Moghrein pour les juger, avait condamné de hauts fonctionnaires et poursuivi des journalistes et des syndicalistes en vertu de cette loi se réveille aujourd’hui et évoque son inconstitutionnalité pour échapper aux poursuites judiciaires plus que légitimes. Ould Abdel Aziz tente de se soustraire aux conséquences de la loi qu’il avait lui-même instaurée, en invoquant son inconstitutionnalité.
Les manœuvres dilatoires et le recours devant le Conseil Constitutionnel témoignent de la volonté de la défense de l’ancien président de retarder le procès et de semer le doute sur la légitimité des accusations portées contre lui. Toutefois, il est crucial que la justice suive son cours et que les responsabilités soient clairement établies, afin de lutter efficacement contre la corruption et de garantir la transparence et l’intégrité des institutions publiques en Mauritanie.
Les actions entreprises par les avocats de Mohamed Ould Abdel Aziz mettent en lumière les défis auxquels la justice doit faire face dans les affaires de corruption impliquant des personnalités politiques de haut rang. Il appartient désormais aux instances judiciaires de veiller à ce que le procès se déroule de manière équitable et impartiale, sans céder aux manœuvres dilatoires et en respectant les principes fondamentaux du droit.
En ce qui concerne la demande légitime de restitution des biens spoliés, c’est une question complexe, qui soulève de nombreux enjeux juridiques, éthiques et politiques. Tout d’abord, il convient de souligner que la restitution des biens spoliés est une obligation légale, qui découle des lois nationales et internationales sur la corruption et le détournement de fonds publics. En effet, ces lois prévoient que les biens acquis de manière illicite doivent être restitués à leur propriétaire légitime, à savoir l’État ou les citoyens.
En outre, la restitution des biens spoliés revêt une importance symbolique et morale. En effet, elle permet de réaffirmer les valeurs de justice et d’équité, en faisant en sorte que les auteurs de la corruption soient tenus responsables de leurs actes et que les biens spoliés soient restitués à la collectivité. De cette façon, la restitution des biens spoliés permet de rétablir la confiance des citoyens envers les institutions publiques, en montrant que la justice peut être rendue de manière équitable et impartiale.
Toutefois, la restitution des biens spoliés est une tâche difficile et complexe, qui implique de nombreux défis juridiques et pratiques. Tout d’abord, il est souvent difficile de déterminer avec précision les biens spoliés et leur valeur, étant donné que ces biens ont souvent été cachés ou transférés à l’étranger pour échapper aux poursuites judiciaires. La restitution des biens spoliés peut être entravée par des problèmes politiques, notamment lorsque les auteurs de la corruption disposent d’un pouvoir politique important ou de soutiens au sein de la classe politique.
Malgré ces défis, il est essentiel que les biens spoliés soient restitués à l’État mauritanien. Cela permettrait de renforcer la confiance des citoyens envers les institutions publiques, de garantir l’intégrité des institutions publiques et de prévenir de futurs actes de corruption. Cependant, la restitution des biens spoliés ne doit pas être une fin en soi. Elle doit s’inscrire dans une démarche plus globale de lutte contre la corruption, qui implique notamment la mise en place de mécanismes de prévention et de répression de la corruption, ainsi que la promotion de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des affaires publiques.
La restitution des biens spoliés est donc un enjeu majeur dans la lutte contre la corruption et pour la préservation de l’intégrité des institutions publiques. La justice doit donc s’assurer que les auteurs de la corruption soient tenus responsables de leurs actes.
Enfin, il convient de souligner que la restitution des biens spoliés ne doit pas être considérée comme une mesure isolée, mais plutôt comme une partie intégrante d’une stratégie plus large visant à lutter contre la corruption en Mauritanie. Cette stratégie devrait inclure des réformes institutionnelles pour renforcer les mécanismes de lutte contre la corruption, des campagnes de sensibilisation pour encourager une culture de transparence et d’intégrité, ainsi que des mesures pour renforcer l’indépendance de la justice et garantir l’impartialité dans les procédures judiciaires.
En conclusion, la restitution des biens spoliés est une étape cruciale pour réparer les préjudices causés par la corruption en Mauritanie et rétablir la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Il est essentiel que les responsables de la corruption, y compris Mohamed Ould Abdel Aziz et ses complices, soient tenus de rendre compte de leurs actes et que les biens spoliés soient rétrocédés aux citoyens mauritaniens. Cela nécessitera une volonté politique forte et un engagement à long terme en faveur de la transparence et de l’intégrité de la part des autorités mauritaniennes.