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Combats acharnés au Soudan malgré la trêve, la situation humanitaire à « un niveau catastrophique »

Le Monde Afrique – Les combats font rage mardi 2 mai au Soudan entre l’armée et les paramilitaires en guerre pour le pouvoir, qui ignorent ainsi la trêve. La communauté internationale s’alarme d’une situation humanitaire qui vire à la « catastrophe ».

« On entend des coups de feu, des avions de guerre et des tirs antiaériens », rapporte à l’Agence France-Presse (AFP) un habitant de Khartoum, la capitale, en proie au chaos depuis le 15 avril, jour où les combats ont commencé entre Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, chef de l’Etat et de l’armée, et son numéro deux, Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF).

Les violents affrontements à Khartoum et dans d’autres régions, en particulier au Darfour, ont fait plus de cinq cents morts et dix fois plus de blessés, selon des bilans largement sous-évalués.

Dimanche, une nouvelle trêve a été renouvelée pour soixante-douze heures ; elle n’a presque pas été observée. Les étrangers continuent de quitter le pays, et les Soudanais de fuir par dizaines milliers. L’Organisation des Nations unies (ONU) s’attend à « plus de 800 000 personnes » cherchant refuge dans les pays voisins comme l’Egypte, le Tchad, l’Ethiopie et la Centrafrique. Ceux qui restent sont confrontés à des pénuries d’eau, d’électricité et de nourriture, alors que la température à Khartoum dépasse 40 °C.

Violences et pillages

Le conflit transforme le drame humanitaire déjà existant en « véritable catastrophe », a alerté Abdou Dieng, coordinateur de l’aide humanitaire au Soudan, lors d’une réunion lundi à l’ONU. Pour le président kényan aussi, la crise atteint un « niveau catastrophique ». Et les deux hommes en guerre refusent « d’entendre les appels » de la communauté internationale, a regretté William Ruto, qui appelle à acheminer l’aide humanitaire « avec ou sans cessez-le-feu ».

Les généraux Al-Bourhane et Daglo avaient fait front commun pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar Al-Bachir (en 2019), lors du putsch de 2021. Des divergences sont ensuite apparues, puis le conflit entre les deux s’est intensifié quand ils ne sont pas parvenus à s’entendre sur l’intégration des RSF dans l’armée régulière, et s’est finalement transformé en lutte armée. Dans un appel au président kényan, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a « réitéré le soutien des Etats-Unis » aux efforts diplomatiques pour « mettre fin au conflit » et assurer « un accès humanitaire sans entrave ».

Le responsable de l’ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, s’est rendu lundi à Nairobi pour une mission d’urgence. La situation « depuis le 15 avril est catastrophique », a-t-il tweeté. Le programme d’aide pour cette année n’est financé qu’à 14 % actuellement et il manque 1,5 milliard de dollars aux organismes d’aide pour faire face à la crise humanitaire aggravée par les combats en cours, a annoncé l’ONU mardi.

Les violences et les pillages n’ont épargné ni les hôpitaux ni les organisations humanitaires, dont beaucoup ont dû suspendre une grande partie de leurs activités. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint elle aussi une « catastrophe » pour le système de santé, déjà très fragile avant la guerre au Soudan, l’un des pays les plus pauvres au monde et sous embargo international pendant deux décennies. Seuls 16 % des établissements de santé fonctionnent véritablement à Khartoum, mais, même là, le matériel et le personnel, épuisé, viennent à manquer.

« Evacuations d’urgence » des équipes humanitaires au Darfour

L’aide parvient toutefois au compte-gouttes : six conteneurs de matériel médical de l’OMS sont arrivés, avant tout pour traiter les blessés graves et les patients souffrant de malnutrition aiguë. Du carburant, de plus en plus rare, a été distribué à certains hôpitaux qui dépendent de générateurs.

Le Programme alimentaire mondial a aussi commencé à reprendre ses activités, après une suspension temporaire justifiée par la mort de trois employés.

Au-delà de Khartoum, le chaos a emporté le Darfour occidental, où même les civils participent désormais aux violences, selon l’ONU, qui évoque une centaine de morts depuis la semaine dernière, lorsque les combats ont débuté dans cette région déjà marquée par une sanglante guerre civile dans les années 2000.

« Le système de santé s’est complètement effondré à Al-Geneina », chef-lieu du Darfour occidental, s’inquiète le syndicat des médecins, qui ajoute que le pillage des dispensaires et des camps de déplacés ont provoqué des « évacuations d’urgence » des équipes humanitaires.

Au total, plus de 330 000 personnes ont fui à l’intérieur du pays depuis la mi-avril, dont plus de 70 % au Darfour occidental et au Darfour du Sud, selon l’Organisation internationale pour les migrations.

Le Monde avec AFP

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