Scrutin du 13 mai : Ghazouani est-il le maitre du jeu ?
Les élections législatives, municipales et régionales de 2023 s’achèvent en dents de scie avec sa cohorte de manquements manifestes dénoncés par les acteurs politiques, qui de l’opposition qui de la majorité désormais soumis à l’autorité de la chose jugée.
La Ceni, pointée du doigt par les acteurs engagés dans ce scrutin révèle des dysfonctionnements multiformes teintés de carences et d’incompétence notoires dans la conduite de ces élections qui exigent un véritable mea culpa de cette institution en question, ayant vocation à organiser un scrutin, libre, crédible et transparent.
Une partie de l’opposition comme des partis de la majorité engagés pour arracher les suffrages des populations ont rejeté les résultats, allant jusqu’à appeler à la » reprise de ce scrutin », dont ils continuent à croire qu’il est « taillé sur mesure » selon la formule consacrée.
Les candidats chefs de partis de l’opposition malheureuse, en rangs dispersés, poussés à leurs derniers retranchements, acceptent l’audience que le président de la république leur accorde, avant même le second tour et la validation du scrutin, en guise de consolation.
A la demande des malheureux candidats d’invalider les élections et de leur reprise, Ghazouani leur sert une réponse implacable en leur demandant de s’en tenir à la volonté de cette Ceni, laquelle il n’entend pas s’immiscer et qui aura été une mésaventure dont seul le parti Insaf en sort largement « gagnant « , avec un résultat à la soviétique, poussant Biram Dah Abeid à faire une sortie « stratégique » fracassante teintée de coup de communication à son corps défendant suivie d’une interpellation et d’une très rapide libération.
Lui, arrivé 2eme lors des présidentielles de 2019 et dont la coalition est lors de ce scrutin sorti avec 5 députés, à égalité parfaite avec la coalition cve, cve/vr, sous la bannière de l’AJD/MR devancée par celle d’Espoir Mauritanie, et loin derrière le parti du pouvoir INSAF, auréolé par une écrasante victoire.
L’UDP, parti dirigée par la vaillante Naha mint Mouknass, toujours présente dans les grands moments électoraux, ayant une assise géographique et une représentativité au plan national, très confortée par son butin a été créditée de 36 mairies et de 6 députés tombés dans son escarcelle. Tawassoul recule et s’interroge sur son score peu élogieux.
L’opposition, réunie autour d’une plate-forme, à la veille du second tour, décide alors, presque au forceps, après la tenue d’une réunion avec le ministère de l’intérieur, d’organiser un meeting, de justesse, d’une popularité confuse.
Dans ce méli-mélo que d’aucuns qualifient dans leur chute de « mascarade électorale », certains partis, dits traditionnels comme le RFD, l’APP et l’UFP sortis bredouilles nous assisterons sans nul doute à une recomposition du paysage politique qui entrevoit des coalitions conjoncturelles monter en puissance pour espérer jouer un rôle minime soit-il.
Ghazouani, maître du jeu
La conjoncture actuelle devenue structurelle exige du Président de la république une attitude empreinte de plus de hauteur, lui qui peut être aspire à un second mandat dans la perspective des présidentielles de 2024.
L’occasion lui est donnée d’appeler à un dialogue national, sérieux, inclusif et qui n’aura rien à voir avec celui mort né, engagé par le ministre Waghef et qui s’est soldé par un échec cuisant. Un dialogue est une forme de civilisation et dans les pays comme les nôtres, avec la fragilité de nos institutions et les menaces terroristes dans l’espace sahélien, les replis identitaires ponctués par une demande sociale toujours plus affirmée, il urge au président Ghazouani d’être droit dans ses bottes et de continuer à engager le pays sur la voie de l’unité nationale et la cohésion sociale, l’ancrage de la démocratie et le développement économique et social dans l’équité, seuls gage d’une stabilité et d’une paix durable.
Ghazouani en a la capacité en sa qualité d’homme d’état ayant réussi des réalisations certaines dans l’apaisement du climat politique au tout début de son mandat, dans le volet économique et social et devra aller beaucoup plus dans le sens de l’unité nationale qu’il ne cesse d’appeler à sa consolidation à travers des appels positifs devenus récurrents en ce que l’engagement de toutes les forces progressistes se doit de s’intéresser pour leur application effective. Il y va de notre commun vouloir de vie commune qui fonde les grandes nations.
La politique a son temps et les mauritaniens dans leur écrasante majorité ne s’intéressent guère ou peu à ce secteur qu’ils confondent aux intérêts exclusifs d’une poignée de personnes mus que par des objectifs bassement matériels.
L’heure pour Ghazouani est de travailler pour le développement du pays, un pays qui regorge de potentialités, de ressources halieutiques importantes, minières, gazières, pétrolières et dont l’étendue de son territoire et la faiblesse de sa population en constituent des atouts indéniables pour se positionner dans le concert des nations émergentes.
Sa réussite à résorber le chômage des jeunes, à renflouer le panier de la ménagère, à inciter des politiques publiques d’envergure et de qualité pour l’éducation, la santé dont le plateau médical est encore à améliorer, l’emploi des jeunes, le renforcement du plan d’aménagement des secteurs agricoles en plus de l’élevage moderne dans la perspective de son intensification etc…contribueront à mieux engager le pays sur la voie de sa relance économique dans un intervalle bien maitrisé.
Ce sont là des axes de réflexions que le chef de l’Etat, connu pour son sens élevé des responsabilités, doit se servir, sans délai, loin des calculs et charpentes politiques, pour engager le pays vers des horizons plus cléments avec la seule ambition, servir ses populations dont il a la lourde mais noble et exaltante tâche de diriger.
Mamadou Ousmane TALL
Ex Secrétaire Général du Candidat KANE Hamidou Baba
Secrétaire Général et porte-parole du MPUNCS (MOUVEMENT PATRIOTIQUE POUR L’UNITE NATIONALE ET LA COHESION SOCIALE.)