Mort de Nahel : la France doit s’attaquer aux problèmes de racisme dans sa police, selon l’ONU
Euronews – L’ONU incite la France à se pencher sur les problèmes structurels de sa police alors que la mort de Nahel, 17 ans, tué à Nanterre lors d’un contrôle routier est en train d’embraser les quartiers populaires.
« C’est le moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève (Suisse).
Après trois nuits d’émeutes, « nous appelons les autorités à garantir que le recours à la force par la police pour s’attaquer aux éléments violents lors des manifestations respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité », a souligné la porte-parole. Mme Shamdasani s’est également dite préoccupée par les violences qui ont éclaté après la mort de ce jeune homme.
Dégradations de bâtiments publics, pillages et échauffourées sporadiques ont secoué jeudi de nombreuses villes de région parisienne et de province pour la troisième nuit consécutive après la mort mardi à Nanterre de Nahel, un mineur de 17 ans tué par un policier qui a été mis en examen et écroué pour homicide volontaire.
Saisi par une vidéo amateur, le tir à bout portant du fonctionnaire sur l’adolescent lors d’un contrôle routier continue à embraser de nombreux quartiers populaires du pays.
Pour endiguer une « généralisation » des violences urbaines, les autorités ont mobilisé 40 000 policiers et gendarmes, ainsi que des unités d’intervention d’élite comme le Raid (police) et ses véhicules noirs blindés ou le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), déployés dans plusieurs villes. Malgré ce déploiement massif, des violences et des dégradations ont été signalées jeudi soir dans de multiples villes. 667 personnes ont été interpellées au niveau national, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
249 policiers et gendarmes ont par ailleurs été blessés dans la nuit de jeudi à vendredi, selon le ministre de l’Intérieur.
Marche blanche
Dans le centre-ville de Marseille, c’est la devanture de la bibliothèque municipale de l’Alcazar qui a été endommagée, selon la mairie. A quelques encablures de là, sur le Vieux Port, des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre à un groupe de 100 à 150 personnes qui auraient tenté de monter des barricades.
En Seine-Saint-Denis, « quasiment toutes les communes » ont été touchées, souvent des actions éclairs, de nombreux bâtiments publics pris pour cible comme la mairie de Clichy-sous-Bois et des commerces pillés, selon une source policière.
A Nanterre, préfecture des Hauts-de-Seine devenue épicentre des violences, des fusées d’artifices et des grenades ont éclaté dans le quartier populaire de Pablo Picasso où vivait l’adolescent tué, selon une journaliste de l’AFP. La Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la préfecture de police de Paris, célèbre pour avoir donné l’assaut aux jihadistes qui occupaient le Bataclan le 13 novembre 2015, s’est déployée un moment à l’entrée de la cité et ses célèbres tours nuages, épaulée dans le ciel par un hélicoptère.
C’est de Nanterre qu’est partie dans l’après-midi une « marche blanche » à la mémoire de Nahel qui a rassemblé 6200 participants, selon la préfecture de police, aux cris de « justice pour Nahel » et « plus jamais ça ».
« J’en veux pas à la police, j’en veux à une personne, celui qui a enlevé la vie de mon fils », a déclaré la mère de la victime, Mounia M., au micro de l’émission « C à vous » sur France 5.
La marche qu’elle menait s’est terminée dans la confusion par des heurts. Du mobilier urbain a été détruit, des voitures incendiées et le monument de la Résistance et de la Déportation a été dégradé.
L’affaire a relancé la controverse sur l’action des forces de l’ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers.
Par Euronews avec AFP