Lettre ouverte au Président de la République à propos de la Mauritania Airlines / Par Souleymane Djigo, journaliste

Monsieur le Président,

J’ai appris que vous avez effectué une visite inopinée, ce lundi 16 octobre, dans les locaux de la compagnie nationale Mauritania Airlines. Votre visite n’était pas un hasard, car nous sommes tous conscients de la situation de mauvaise gestion qui persiste au sein de cette compagnie.

Cependant, je tiens à attirer votre attention sur des éléments essentiels qui se déroulent au sein de la compagnie nationale depuis de nombreuses années. Il est impératif de sauver la compagnie nationale, car elle est le porte-étendard de notre pays.

Chaque fois qu’un de nos avions atterrit dans un aéroport, c’est le drapeau de la Mauritanie que nous montrons au monde. Monsieur le Président, je ne suis ni un employé de la compagnie ni un expert en aéronautique. Je suis tout simplement un journaliste passionné d’aviation qui s’intéresse à la compagnie nationale depuis de nombreuses années.

Le mépris et le favoritisme règnent au sein de la compagnie depuis plusieurs années. Chaque nouveau directeur qui arrive place ses proches. La compagnie continue de recruter des pilotes et du personnel navigant alors que sa flotte ne compte actuellement que 7 appareils, dont 6 sont inutilisables.

Ces 6 appareils sont soit en panne, soit en révision, en raison d’une mauvaise gestion. La complexité des procédures d’achat de pièces, impliquant des commissions internes à la compagnie et au ministère des finances, entraîne des retards considérables.

C’est en partie pourquoi tous les avions se retrouvent en panne en même temps. Je tiens à attirer votre attention sur le fait que deux Boeing 737-500 de Mauritania Airlines sont garés à Oul Tounsi depuis de nombreuses années. La compagnie aurait pu les revendre depuis longtemps, mais il est désormais trop tard.

C’est une preuve manifeste d’une incompétence et d’une mauvaise gestion. Je souhaiterais également mettre en lumière le recrutement d’élèves pilotes sans appel à candidature. Cela exclut injustement certaines parties de la population, ce qui constitue une injustice manifeste. Monsieur le Président, il n’est pas encore trop tard pour relancer la compagnie.

Il suffit d’une volonté ferme. Il est essentiel que Mauritania Airlines reprenne la gestion de l’aéroport d’Oumtounsi aux dépens d’Afroport, une entreprise émiratie qui n’a pas apporté de grandes améliorations dans la gestion de l’aéroport.

Confier la gestion à Mauritania Airlines permettrait à la compagnie de générer plus d’un milliard et demi par an, selon les données que j’ai obtenues. La compagnie n’aurait plus besoin de compter sur l’État pour sa gestion. Il est également important que la compagnie investisse davantage dans des avions Embraer, notamment en achetant un nouvel Embraer 175, pour disposer de trois Embraer au total.

À mon avis, il serait judicieux de vendre le Boeing Max 8 et d’acquérir deux 737-NG. La flotte actuelle de la compagnie est variée, et il serait pertinent de la diviser en deux groupes, un pour les pilotes et mécaniciens des Embraer, et un autre pour les pilotes et mécaniciens des Boeing. Monsieur le Président, la situation de Mauritania Airlines est critique, mais elle peut être sauvée avec une gestion efficace et des réformes appropriées.

Cette compagnie est un atout précieux pour notre pays, et il est temps de restaurer sa grandeur. Je vous implore de prendre les mesures nécessaires pour redresser cette entreprise et la positionner sur la voie du succès. La Mauritanie mérite une compagnie aérienne nationale forte et compétitive.

Souleymane Djigo, Journaliste