Forum des médias au Togo : Des journalistes africains à l’école de la santé infantile
Les travaux du 1er Forum des Médias sur la Santé Infantile, la vaccination et la nutrition organisé par le Réseau des Médias Africains pour la Santé et l’Environnement (REMAPSEN) en partenariat avec l’Unicef se poursuivent à Lomé pour la 2ème journée consécutive.
Le point sur la 1ère journée
La première journée a été marquée par la présentation de plusieurs communications ; des présentations assurées par Dr Boon Alexandre/HIV/UNICEF-WCA. Ces communications ont tourné autour de la santé néonatale et infantile en Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC), le rôle des medias pour mettre fin aux décès évitables, les efforts pour accélérer la réduction de la mortalité néonatale et infanto-juvénile, la santé et le bien-être des adolescents en AOC et la situation du VIH/SIDA dans la région.
Un contexte difficile
Sur 8 milliards d’habitants, l’Afrique compte 1.470.000.000 d’habitants et l’AOC représente 18% de la population mondiale. Cette région fait face à beaucoup de défis et de faiblesses. Il y a entre autres l’impact du Covid en 2020, la crise de la dette, un taux de croissance démographique très élevé, une urbanisation galopante, une fragilité institutionnelle, l’impact des crises externes (Ukraine, conflit Israelo-palestinien), accroissement des inégalités et de la pauvreté, coups d’états, instabilité politique, conflits armés, réfugiés, changements climatiques…La pauvreté qui était stagnante depuis les années 90/2000 a connu une nette augmentation dans cette région de l’AOC, entre 42 et 47% depuis le Covid. Les jeunes en dessous de 17 ans représenteront 48% de la population d’ici 2050 et la population rurale ne représentera plus que 36% à cette date. Cela va poser de sérieux problèmes d’urbanisation, d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement…
Autre défi, l’impact du climat avec notamment les pays de la bande équatoriale qui sont exposés à la crise climatiques (pluies torrentielles, destructions de la production agricole, réfugiés climatiques…Et l’impact sera important sur les enfants qui constituent la frange de la population la plus vulnérable.
Cette situation est aggravée par la faiblesse de la croissance économique (1,6 à 2% au Ghana par exemple) et l’inflation des prix des produits de consommation (6,7% au Togo, 56% au Ghana).
Cela a un impact direct sur la population avec des conséquences catastrophiques pour les enfants et les plus pauvres.
La santé demeure un parent pauvre des investissements et les accords d’Abuja qui exigent de réserver 15% des budgets des Etats à ce secteur restent lettre morte. Seuls le Niger et Sao Tomé et Principe approche de la barre des 10%. Tous les autres pays sont sous la barre des 5%. La plupart de ces pays sont soumis au service de la dette et au gonflement des budgets de la défense du fait de l’insécurité et l’instabilité politique.
Beaucoup d’argent se perd dans des inefficiences au moment où 1 dollar investi pour former un agent de santé rapporte un retour sur investissement de 15 voire même 20 dollars. D’où la nécessité d’une sensibilisation des politiques.
Il serait également important de sensibiliser les communautés et de donner une voix aux jeunes et aux ados.
Les défis de la santé néonatale
Au sujet de la santé néonatale, 5 millions d’enfants sont décédés avant leur cinquième anniversaire et quelque 2,1 millions d’enfants et de jeunes âgés de 5 à 24 ans ont perdu la vie en 2021, soit 520 décès par jour. L’AOC compte à elle seule 40% des enfants décédés dans le monde.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande 8 consultations prénatales. Et déjà Quand il n’en fallait que 4, on en était en AOC à seulement 50% de consultations.
Les principales causes de décès des enfants de moins de 5 ans sont le paludisme, les infections respiratoires aigues, les anomalies congénitales, l’asphyxie à la naissance, le tétanos, la tuberculose, la rougeole, la méningite, l’encéphalite, le VIH et la diarrhée.
Il convient de souligner par ailleurs que 50% des décès des enfants de moins de 5 ans sont dus à la malnutrition.
L’utilité des agents de santé communautaires
Autre sujet abordé, celui concernant les agents de santé communautaire qui ont le vent en poupe depuis la Déclaration d’Al Maata en 1978. Actuellement on compte 2 millions d’agents de santé en Afrique.
La conférence de Monrovia en Mars 2023 qui a regroupé une trentaine de pays a préconisé l’institutionnalisation des agents de santé et le président libérien a donné le bon exemple en débloquant 1 million de dollars pour payer leurs droits.
Des pays comme le Bénin, le Mozambique et Madagascar ont de bons programmes en la matière.
VIH pédiatrique, une préoccupation majeure
La problématique du VIH pédiatrique a aussi été abordée par le Dr Alexandre. L’AOC est la région du monde la plus touchée après l’Afrique de l’Est. Les adolescentes sont les plus touchées par le taux d’incidence et elles sont les plus vulnérables.
Le taux de couverture de la PTME(transmission Mère/enfant) est de 60% ; il est stagnant depuis 2017. En effet le dépistage est payant et coûte cher dans plusieurs pays.
La couverture du TARV pédiatrique n’est que de 35% ; c’est le taux le plus bas du monde. Et en général la couverture du traitement antirétroviral pédiatrique est inférieure à la couverture antirétrovirale maternelle sauf en Mauritanie, au Niger et au Cap-Vert.
Selon le Dr Alexandre le risque de transmission du Sida par le lait maternel est très faible et pour sauver l’enfant dont la mère est atteinte, l’allaitement exclusif est la panacée.
Autre révélation, le VIH ne tue pas. C’est une maladie chronique comme les autres. Il y a une évolution phénoménale du traitement avec l’usage de molécules très efficaces.
Et pour conclure, ce message de l’Unicef : « Accélérons la cadence vers une génération sans SIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre.
L’éradication du SIDA commence par les enfants. Des efforts sont nécessaires pour réaliser l’objectif et la promesse collective de permettre une génération sans SIDA d’ici 2030. »
Bakari Gueye à Lomé