28 Novembre : A quoi riment les décorations présidentielles ?
Il serait légitime de se demander sur quels critères sont octroyées les décorations du Président de la République à l’occasion de la fête de l’indépendance nationale, des décorations distribuées comme de petits pains à des fonctionnaires civils et militaires et autres personnes issues de différentes corporations.
Le principe d’honorer des personnes s’étant distinguées dans leur carrière et ayant rendus de bons et loyaux services au pays est en soi tout à fait sain et unanimement partagé. Ce qui l’est moins par contre c’est le fait de coopter des personnes n’ayant rien apporté de particulier à la collectivité nationale mais qui au contraire ont plutôt failli à leur mission et nuit à l’intérêt général voire même à l’intérêt national, pour certains.
Il se trouve malheureusement que ces brebis galeuses se retrouvent comme par miracle dans les rangs des personnes décorées et présentées comme des exemples de probité, de rectitude, de virtuosité et de prototypes vivants dotées d’un esprit de sacrifices au service de la mère patrie. Le comble !
Nulle n’est dupe sur le mode de sélection et de décoration suivies. Et c’est exactement sur le même modèle des nominations et de la cooptation aux postes de responsabilité que s’opère la sélection de ces personnes dont certaines ne savent même pas pourquoi elles sont là.
Dans ce pays où rien ne se fait selon les normes et les lois en vigueur, on s’évertue à fouler aux pieds jusqu’aux règles les plus élémentaires du bon sens et à s’enfoncer davantage dans les abysses du sous-développement.
Quoi de plus frustrant en effet et de plus injuste que de décorer des personnes qui ne le méritent pas au détriment de tous ces soldats inconnus lovés dans leurs coins et servant consciencieusement et religieusement la patrie loin de la nullité ambiante et des manigances tribalo-ethniques et des dosages raciaux malsains destinés à endormir la conscience populaire.
Ainsi, comme ses prédécesseurs, le président Ghazouani n’a pas été bien inspiré en perpétuant cette tradition aux airs de kermesse qui en réalité affecte gravement l’esprit d’émulation, attise les frustrations et le sentiment d’injustice.
Notons par ailleurs que le discours prononcé par le président de la République à l’occasion de ce 63ème anniversaire de l’indépendance nationale en a dessus plus d’un.
Et pour un président qui compte se représenter pour un second mandat c’était vraiment pas bien inspiré.
Aucune décision concrète n’a été annoncée. On s’attendait par exemple à une hausse de salaires pour les fonctionnaires, une éventualité qui avait été beaucoup discuté par la rue ces derniers jours. Et c’est tout à fait logique vu la détérioration continue du pouvoir d’achat et les belles perspectives de la manne gazière dont les premiers dividendes devraient atterrir dans les tout prochains mois dans le Trésor public.
Une fois de plus la montagne aura accouché d’une souris et le discours présidentiel s’était apaisé sur l’énumération d’un chapelet de réalisations, d’hypothétiques projets ; bref une autosatisfaction béate qui est à mille lieues de la réalité.
Bakari Guèye