ActualitéArabe et international

L’Afrique atlantique, nouveau challenge et orientation stratégique du Royaume chérifien

Le royaume du Maroc entend consolider ses acquis politiques, diplomatiques et économiques à l’échelle du continent africain.La nouvelle vision hautement stratégique du Roi Mohamed VI est centrée sur la façade atlantique du continent.La nouvelle feuille de route royale vise la création d’un espace « afro-atlantique », où les « provinces du Sud » occuperont une place centrale.Cette vision atlantiste est fondée sur le progrès socio-économique accompli par le Maroc, qui veille à ce que les potentialités de ses « provinces du Sud » soient utilisées de la manière la plus judicieuse.Il s’agira aussi de faire d’une pierre deux coups doter les Provinces du Sud de services et d’infrastructures de nature a assurer un développement économique intégré et offrir des opportunités aux 23 États atlantiques africains en vue de « consolider la sécurité, la stabilité et la prospérité partagée dans la région ».

Une vocation atlantique

Pour le roi du Maroc : « si, par sa façade méditerranéenne, le Maroc est solidement arrimé à l’Europe, son versant atlantique lui ouvre, quant à lui, un accès complet sur l’Afrique et une fenêtre sur l’espace américain ». C’est dans ce sillage que le souverain chérifien a annoncé la mise à niveau nationale du littoral, « incluant la façade atlantique » du Sahara. Sans pour  autant négliger sa dimension africaine, Mohammed VI a insisté sur « une structuration de portée africaine » de cet espace géopolitique. Son souhait : faire de cette façade atlantique « un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international ».

Une opportunité historique pour les ports de la région

L’importance stratégique de l’Espace de l’Afrique Atlantique est plus qu’une chose avérée et cela offre à cet ensemble d’Etats côtiers des possibilités incommensurables pour booster le développement économique. Les ports de la région jouent en effet un rôle central dans la dynamique du commerce économique mondial. Des ports comme ceux de Tanger, Lagos, Dakar, Luanda, et Cape Town, sont des passages obligés et des axes majeurs du commerce mondial.De ce fait la mise à niveau de ces ports, leur modernisation permettront une véritable synergie et contribueront à un développement intégré de cette façade atlantique africaine qui représente 46 % de la population et 55 % du PIB du continent.

Et parmi les objectifs visés il y a le renforcement de la compétitivité régionale et la réduction des coûts logistiques. Cela va permettre une augmentation notable la capacité d’absorption du commerce.

S’agissant des outils à mettre en œuvre pour l’implémentation de cette initiative majeure dans cette la mise sur pied d’une compagnie navale continentale, serait de nature à favoriser la compétitivité des pays de la région sur la scène internationale. Et dans ce cadre, l’apport du Maroc pourrait s’avérer décisif. Le royaume mettra dans la balance non seulement son expertise mais aussi sa contribution à la souveraineté alimentaire du continent grâce à la chaîne de valeur pour les fertilisants, en voie de création et dont les pays de la région qui en ont grandement besoin pourraient profiter.Cette vision fondée sur le co-développement va s’adosser sur les instruments d’intégration et de coopération déjà existants comme la ZLECAF.

Les ports, un passage obligé pour l’intégration économique de l’Espace Atlantique africain

En Afrique, comme dans le reste du monde, le domaine maritime est l’élément vital de l’économie et, dans de nombreux cas, un élément central de la sécurité et de la souveraineté alimentaires.C’est dire l’importance des ports et le rôle crucial qu’ils jouent dans l’espace de l’Afrique atlantique comme partout ailleurs. Cette importance se révèle au double plan économique et géopolitique, en ce sens que c’est une valeur ajoutée appréciable qui est en jeu.Ces ports sont non seulement des locomotives de l’économie mais ils servent aussi de courroie de communications et d’échanges et garantissent une connectivité indispensable et un arrimage au commerce mondial. Ainsi, la productivité, la compétitivité et l’attractivité en termes d’investissements étrangers s’en trouvent renforcés ce qui a un impact positif sur le développement économique et social.Le challenge est d’autant plus intéressant que le potentiel portuaire en Afrique de l’Ouest est considérable d’où l’ampleur de la marge importante pour une coopération Sud-Sud qui pourrait transformer cette vaste région atlantique en un espace géo-économique prospère.Autres avantages non moins bénéfiques : le désenclavement des pays du Sahel par le biais des ports voisins de Laayoune et Nouakchott. Un avantage similaire pourrait aussi être profitable aux pays situés sur l’axe Nouakchott, Monrovia, Lagos et Pointe Noire auxquels peuvent être connectés les pays voisins non côtiers comme ceux de l’axe Bamako, Niamey, N’Djamena et Bangui. Dans le cadre de la mise en œuvre de sa feuille de route atlantique, le RoiMohamed VI a évoqué la possibilité de « la constitution d’une flotte nationale de marine marchande, forte et compétitive ».L’objectif poursuivi est de disponibiliser les moyens de transport et les stations logistiques nécessaires, afin d’« assurer une connexion fluide entre les différentes composantes du littoral atlantique ». Dans cette région, l’essor économique est tributaire de « l’établissement d’une économie maritime », qui devrait donc se poursuivre pour « consolider le développement de toute la région et en faire bénéficier les populations locales ».L’approche marocaine va consister essentiellement à investir dans « les filières de la pêche maritime, le dessalement de l’eau de mer à des fins agricoles », à encourager « l’économie bleue » et à soutenir « les énergies renouvelables ». Puisque la pratique du tourisme balnéaire et saharien est un autre volet du combat marocain sur le terrain de l’économie, une stratégie dédiée au « tourisme atlantique » sera mise en place.Avec le plus long littoral africain revendiqué sur 3500 km, le Maroc, quatrième puissance maritime d’Afrique, se distingue comme un État à fort potentiel maritime, comme le souligne Sa Majesté le Roi : « Le Maroc, un pays réputé pour sa stabilité et sa crédibilité, cerne bien les enjeux et les défis auxquels sont confrontés les pays africains, notamment ceux situés sur la façade atlantique », a-t-il indiqué. L’Afrique atlantique, selon les mêmes mots du roi Mohammed VI, accuse « un important déficit en matière d’infrastructures et d’investissement ». Conscient des enjeux que représente l’espace maritime, le Maroc va donc opter pour «la coopération internationale », comme réponse pratique et efficiente. Le projet phare du gazoduc Maroc-Nigéria, qui devrait profiter à 440 millions d’habitants d’Afrique de l’Ouest est mis en avant.Symbole de l’intégration ouest-africaine, ce gazoduc est considéré par le souverain chérifien comme « un levier d’intégration régionale visant à réunir les conditions d’un décollage économique commun, à enclencher une dynamique propice au développement de la bande atlantique ». Ce projet structurant qui promet d’arrimer l’Afrique et l’Europe constituera aussi « une source sûre d’approvisionnement des pays européens en énergie ».La vision marocaine est par ailleurs en parfaite harmonie avec la Stratégie maritime intégrée pour l’Afrique (AIMS) 2050 de l’Union Africaine.En effet, un lien inextricable existe entre la sécurité maritime, la gouvernance maritime et l’économie maritime. L’économie bleue est le résultat durable, inclusif et écologique de ces initiatives. Miser sur la viabilisation de l’Espace de l’Afrique Atlantique peut paraître ambitieux mais avec la volonté affichée du Roi Mohamed VI et grâce au leadership et au savoir-faire marocains cet objectif est à portée de main. Sa réalisation fera le bonheur des pays africains qui verront une amélioration notable des Investissements Directs Étrangers (IDE) qui connaîtront un bond de plus de 5%, dont 40% seront alloués au secteur industriel ; L’essor des échanges commerciaux entre les pays africains et le reste du monde ; l’augmentation des flux d’exploitation des ports concernés et le développement des industries à haute valeur ajoutée, entre autres.Ainsi les perspectives du commerce en Afrique atlantique sont prometteuses, avec des avantages notables pour la ZLECAF, la croissance économique, la coopération régionale, les échanges internationaux, le partage des connaissances et le renforcement des flux d’exploitation des ports.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page