Ghazouani, président de l’Union Africaine : on a les réalisations qu’on peut !
Le régime cherche à présenter l’élection de Ould Ghazouani à la présidence de l’Union Africaine comme une victoire diplomatique. La preuve par excellence qu’il n’a pas de réalisations sur le plan intérieur.
Du coup, il s’accroche désespérément à tout ce qui pourrait être présenté comme tel, de près ou de loin, alors qu’il est essentiellement attendu sur le front intérieur, quant à sa capacité à améliorer les conditions de vie des populations, à créer des emplois, à lutter contre la corruption et la pauvreté, et à promouvoir un développement inclusif.
C’est bien sur ces thèmes que les Mauritaniens seront appelés à se prononcer lors de la prochaine élection présidentielle.
Pour le reste, il faudrait recontextualiser le « non événement » de l’élection de Ould Ghazouani à la tête de l’Union Africaine. C’est bien la Mauritanie, en tant que pays, qui a hérité de ce rôle et non le chef de l’État, comme elle a déjà hérité de l’organisation du sommet de la Ligue Arabe en 2016, puisqu’aucun autre pays membre n’était prêt à le faire.
En effet, la présidence tournante de l’Union Africaine revenait au bloc de l’Afrique du Nord et il n’y a que 6 pays dans cette zone. L’Algérie et le Maroc se sont auto-annulés, dans un jeu à somme nulle, sur fond de rivalité autour du conflit du Sahara et de son impact au sein de l’Union Africaine. La Tunisie est disqualifiée à cause du discours de son président à l’égard des immigrants subsahariens.
La Libye n’a pas d’exécutif unifié, avec deux premiers ministres et l’Égypte est trop prise par le conflit à Gaza et ses éventuelles répercussions sur le pays. Elle n’a pas le temps de s’occuper d’autre chose. Il ne reste que la Mauritanie, candidat par défaut, pour débloquer une situation d’impasse qui dure depuis un an.
Le choix de notre pays résulte donc de cette conjoncture régionale et n’a donc rien à voir avec une crédibilité quelconque du président Ould Ghazouani. Selon les informations disponibles, le président de la République se serait fait prier pour accepter d’être présenté comme candidat. Il a donc été élu président de l’Union Africaine malgré lui. Il n’y est pour rien. Il n’a pas œuvré pour être élu, n’a pas fait campagne et n’a pas fourni d’effort, il a juste été porté président par ses pairs.
Au demeurant, l’ancien chef de l’État Mohamed Ould Abd El Aziz avait été élu Président de l’Union Africaine en 2014. Les mêmes courtisans qui entourent aujourd’hui Ould Ghazouani lui avaient alors réservé un accueil triomphal, tout comme ils se proposent de faire de même avec le président actuel. Raison de plus pour ne pas se laisser griser par les manifestations d’accueil tout sauf spontanées…
Mohamed El Mounir
Docteur en science politique
Ancien fonctionnaire des Nations Unies