Guerre à Gaza : la Turquie restreint ses exportations à Israël, qui réplique
Six mois après le début de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza, la Turquie a restreint ce mardi les exportations de nombreuses marchandises vers l’État hébreu.
Ces sanctions économiques turques interviennent un jour après que Ankara a annoncé qu’Israël avait bloqué sa demande de largage d’aide humanitaire sur Gaza. Le président Recep Tayyip Erdogan, l’une des voix les plus critiques de la guerre menée par Israël contre le Hamas, était sous forte pression de son opinion publique.
Fils et profilés en aluminium, acier, ciment, peintures, câbles électriques, pesticides et autres engins de chantier… La liste s’étire sur 54 lignes. À compter de ce 9 avril et, selon le communiqué officiel, jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu entre en vigueur à Gaza et que l’aide humanitaire y parvienne sans entrave, la Turquie restreint de façon significative ses exportations vers Israël, rapporte notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé dans la foulée qu’Israël prendrait les « mesures nécessaires » à l’encontre de la Turquie, dénonçant une « violation des accords commerciaux » bilatéraux.
Pression de l’opinion
Cette décision d’Ankara est une nouvelle étape dans sa réponse à l’offensive contre l’enclave palestinienne, qui s’était limitée ces six derniers mois au rappel de l’ambassadeur turc à Tel Aviv, à la rupture des discussions sur la coopération énergétique et aux discours très véhéments de Recep Tayyip Erdogan contre l’État hébreu. La Turquie rechignait jusqu’ici à prendre des sanctions, arguant que de telles mesures n’avaient pas fonctionné dans le passé.
Même si les échanges commerciaux avec Israël ont chuté d’environ un tiers depuis le 7 octobre dernier, ils se sont largement poursuivis, ce qui a provoqué de très fortes critiques au sein de la base électorale du chef de l’État turc. Dans son parti, l’AKP, on estime même que c’est l’un des facteurs qui explique la défaite du pouvoir aux élections municipales du 31 mars.
« Violation des accords commerciaux »
Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz a donné instruction à ses services de dresser une liste de marchandises supplémentaires qu’il cessera d’importer de Turquie, souligne le communiqué du ministère.
En outre, Israël va mobiliser « des pays et des organisations pro-Israël aux États-Unis » pour les convaincre de ne plus investir en Turquie et d’importer des biens en provenance de ce pays. Il va également demander à « ses amis » au Congrès américain d’étudier la possibilité d’imposer des sanctions conformément aux lois américaines contre le boycott, précise le communiqué du ministère.
Sur le réseau social X (anciennement Twitter), Israël Katz a accusé le président turc Recep Tayyip Erdogan de « sacrifier les intérêts économiques des Turcs au nom de son soutien au Hamas ».
Par RFI