Au-delà de sa stature politique, Mohamed Yehdih Ould Breidleil comptait parmi les membres les plus en vue de l’élite intellectuelle du pays. Cette dimension de l’homme présentait l’avantage d’être beaucoup plus consensuelle. Tous ses écrits étaient attendus avec impatience et lus avec avidité par tous quelles que soient leurs obédiences ou appartenances politiques ou culturelles. Sa disparition laisse un vide qu’il sera difficile de combler et nous regrettons tous le tarissement de cette source production culturelle et intellectuelle.
Mes relations avec Mohamed Yehdih ont toujours été, nonobstant nos divergences, marquées par l’estime et le respect réciproques. Nos rencontres sont devenues plus fréquentes ces derniers temps. Peut-être faut-il attribuer cela à la crise des idéologies du siècle dernier, à l’inanité acquise du dogmatisme et du sectarisme. On observe, plus généralement, des tendances similaires au sein de la classe politique dans son ensemble. L’impression qui m’est restée de nos rencontres récentes est le grand intérêt qu’il porte au présent et à l’avenir du pays dans son entièreté. Avec une approche moins doctrinaire, plus pragmatique et plus inclusive. Il m’a semblé, qu’avec son aura, son influence et son autorité morale, Mohamed Yehdih Ould Breidleil pouvait contribuer plus efficacement à la décrispation des rapports entre les principaux acteurs politiques du pays. Une telle décrispation constitue une condition préalable à l’organisation de concertations dans un climat serein et consensuel permettant de jeter les bases d’une nation plus unie, plus juste et plus fraternelle. Malheureusement le décès de Mohamed Yehdih est venu prématurément interrompre ce processus.
Tout notre espoir est de voir cette dynamique se poursuivre dans l’intérêt général de tous.
وإنا لله وإنا إليه راجعون.
Moussa Fall
Le 18 janvier 2021
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Moussa Fall