Cordon dunaire du littoral de Nouakchott : Le colmatage des brèches au centre d’un atelier du projet WACA
Ouverture hier matin à Nouakchott d’un atelier de consultation publique sur les travaux de colmatage des 6 brèches (les plus dangereuses) sur le cordon dunaire du littoral de Nouakchott.
L’atelier organisé par le projet WACA à l’intention des autorités administratives, municipales de la Moughataa de Sebkha était ouverte à la Société Civile et à la presse.
Au cours de la première journée, les experts du projet ont présenté l’étude d’impact environnemental des 6 brèches en question, une étude déjà validé mais qui doit faire l’objet d’une mise à jour a explique le Dr Dia Abdoul, expert environnementaliste.
Sur la base de cette étude seront lancés les travaux de colmatage qui ont pour but de protéger les 3 moughataas les plus menacées par une potentielle submersion marine à savoir Sebkha, El Mina et Tevrak Zeina.
L’étude a été faîte selon la Loi-Cadre environnementale 2000/045 du 26 juillet 2000 et son décret N°94/2004 du 04 Novembre 2004 modifié et complétée par le décret de 2007.
Un littoral soumis aux pressions anthropiques et aux effets du changement climatique
Les travaux du projet seront exécutés par des entreprises nationales et devraient avoir un impact économique intéressant sur les populations des 3 moughataas.
La zone concernée par le projet est très sensible aux activités humaines et au changement climatique et elle est soumise à des pressions diverses (développement des infrastructures littorales tels que les ports, l’exploitation du cordon dunaire et les activités touristiques.
Autre caractéristique, la ville de Nouakchott est une zone dépressionnaire. Autre anomalie, l’exploitation du domaine public maritime et l’inextricable problème foncier qui va avec.
Et selon Sidi Mohamed Ould Meine, expert et environnementaliste du projet WACA, Nouakchott n’est plus une ville mais une agglomération et cela doit être pris en compte.
Il y a aussi le fait que ce sont pas moins de 9 ministères qui s’occupent de la gestion du littoral, ce qui complique tout.
Mais avec la création de la Société d’aménagement du littoral de Nouakchott, une société privée, la seule à avoir dorénavant la compétence sur le littoral, ce problème sera réglé.
Cette société, selon M.Diallo, l’un de ses responsables vient en appui au projet WACA et se chargera du colmatage des brèches restantes.
Il convient de souligner que le cordon dunaire, dernier rempart naturel qui profère la ville de Nouakchott des submersions ou d’incursions marines, a connu ces dernières décennies plusieurs pressions d’ordres naturelles (érosion côtière) et anthropiques implantations des infrastructures socio-économiques et l’exploitation du cordon. Les prélèvements des quantités énormes de sable pour les besoins de construction de la capital a été à l’origine de la parution de plusieurs brèches. Une vingtaine ont été identifiées en 2018 dont certaines jugées trop dangereuses pour la ville de Nouakchott. Plusieurs programmes et projets ont traité cette question de renforcement du cordon mais il n’y a pas eu une bonne capitalisation des résultats et une continuation des efforts.
Un colmatage suivant les techniques douces
C’est dans ce sens que le projet WACA-MR envisage d’en colmater 9 dont 3 ont déjà fait l’objet d’EIES (Etude d’Impact Environnemental et Social) validée et leurs procédures d’attribution de marché en phase finale. Un deuxième lot de 6 brèches est également programmé pour colmatage cette année. Ce groupe de 6 brèches se situe sur le même milieu récepteur des 3 première. C’est pourquoi, il a été recommandé d’actualiser l’étude des 3 brèches en y insérant les 6 nouvelles.
La Loi relative aux EIES et NIES exige dans le cadre du processus de l’EIES la réalisation d’une consultation du public pour l’information et l’implication de tous les acteurs concernés par l’activité. Cette consultation du public est une étape clé dans le processus et à l’issu de laquelle un registre sera ouvert dans les locaux de la Moughataa et de la commune pour recevoir les remarques, suggestions, recommandations etc. Le projet s’engagera de les traiter et de les intégrer dans l’NIES.
Le Programme de gestion du Littoral Ouest Africain WACA a été établi en réponse à la demande des pays de recevoir une assistance de la Banque mondiale pour les aider dans la gestion de leurs zones côtières en Afrique de l’Ouest, en particulier sur leurs problèmes d’érosion côtière et d’inondation. L’objectif de développement du programme WACA est d’améliorer la gestion des risques naturels et anthropiques communs, en intégrant le changement climatique, affectant les communautés et zones côtières de la région d’Afrique de l’Ouest.
Les activités planifiées dans le cadre de ce projet contribueront à préserver et restaurer les ressources naturelles des côtes, ressources essentielles aux moyens de subsistance et au bien-être de la population tout en appuyant le développement durable des principaux secteurs économiques tels que la pêche, le tourisme, l’industrie, etc., permettant ainsi d’améliorer la résilience des enjeux côtiers contre les aléas climatiques et naturels.
Le colmatage de ces brèches renforcera sans aucun doute la protection de la ville de Nouakchott contre les éventuels risques de submersion et inondation en provenance de la mer. Ce travail sera accompagner de campagnes de sensibilisation pour une meilleure prise en compte de la nécessité de protéger la barrière naturelle contre les incursions marines.
A noter enfin que le colmatage des brèches se fera suivant des techniques douces. Il y aura un décapage des digues mais en contrepartie du volet mécanique, il y aura une opération de reboisement.
Il ne s’agira précise l’expert environnementaliste du projet que de petites diguettes mesurant 80 à 100 m. La plus grande qui mesure 600 m sera construite dans un espace ouvert du côté du port.
Bakari Gueye