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Démocratie en Afrique, une enquête d’Afrobarometer révèle les enjeux et perspectives en Mauritanie

Afrobarometer est un réseau panafricain non-partisan qui fait de la recherche par sondage et qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie. Neuf rounds d’enquêtes ont été réalisés dans un maximum de 42 pays depuis 1999.

Les enquêtes du Round 10 ont été lancées en janvier 2024. Afrobarometer réalise des entretiens face-à-face dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale.

L’équipe d’Afrobarometer en Mauritanie, conduite par SISTA Consult, s’est entretenue avec 1.200 adultes mauritaniens en novembre 2022. Un échantillon de cette taille donne des résultats avec une marge d’erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%.

Une grande enquête récente a été menée en Mauritanie par Afrobarometer et son partenaire mauritanien, SISTA Consult. La première partie de l’enquête relative à « La Démocratie en Afrique : Enjeux et Perspectives en Mauritanie » a été publiée le 31 juillet 2024 et la deuxième partie portant sur la liberté d’opinion et de presse en Mauritanie a été publiée le 13 août 2024 sous le titre « Les Mauritaniens se disent libres d’exprimer leurs opinions mais se méfient des sujets politiques ».

Enjeux et perspectives de la démocratie en Mauritanie

Dans cette enquête publiée le 31 juillet 2024, Afrobarometer constate que la démocratie connait des avancées en Afrique mais bute sur des défis persistants, décrivant le paysage démocratique en Mauritanie de révélateur des luttes et espoirs qui caractérisent le continent.

Ainsi, selon les données recueillies à ce sujet, la majorité des Mauritaniens préfèrent un système démocratique, avec un grand écart entre ceux qui se disent satisfaits de la situation démocratique dans le pays et ceux qui ne le sont pas.

La division des opinions sur le rôle des députés en matière de législation révèle selon l’enquête, des tensions entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, mais aussi un désir de réforme de la gouvernance et de la transparence.

Parmi les résultats clés de l’enquête :

77% des Mauritaniens préfèrent le système démocratique contre 12% qui privilégient un système non démocratique et 10% qui sont indifférents.

54% des enquêtés se déclarent assez satisfaits ou très satisfaits du fonctionnement démocratique dans le pays, contre 44% d’un avis opposé, pas satisfaits ou pas très satisfaits.

58% des personnes interrogées pensent que les députés devraient pouvoir s’opposer aux décisions du président, alors que 40% considèrent que le président devrait pouvoir légiférer sans les députés.

70% des personnes enquêtées rejettent le parti unique, 65% rejettent le régime militaire et 60% rejettent l’instauration d’une dictature. Cela exprime une large aspiration au pluralisme.

S’agissant de la corruption des dirigeants du pays, 41% des personnes interrogées estiment que certains d’entre eux sont impliqués dans des actes de corruption, 36% pensent que la plupart d’entre eux ou tous sont corrompus. Seules 20% affirment qu’aucun fonctionnaire n’est impliqué dans des pratiques de corruption.

7 9% des enquêtés affirment que la Constitution devrait limiter les mandats présidentiels à deux, 19% disent qu’il ne devrait pas y avoir de limitation.

Plus de 50% des répondants déclarent que l’armée peut prendre le contrôle du pouvoir si les dirigeants abusent de leur pouvoir, 45% estiment que l’armée ne devrait pas intervenir en politique.

Liberté d’opinion

Lors de l’enquête de novembre 2022 où 1.200 adultes mauritaniens ont été interrogées sur la démocratie en Mauritanie, une partie a été consacrée à la liberté d’opinion et de presse. Cette partie publiée le 13 août 2024 est intitulée « Les Mauritaniens se disent libres d’exprimer leurs opinions mais se méfient des sujets politiques ».

En résumé, l’engagement de la Mauritanie dans la protection des libertés fondamentales de ses citoyens a été rappelé, sur la base des textes juridiques, dont la Constitution, qui l’encadre. Il a été même rappelé la place de pionnier que la Mauritanie occupe dans le monde arabe en termes de liberté de presse selon le classement de RSF, et encore en 2024. Seulement, des obstacles sont relevés qui limitent la liberté d’expression, restreint l’accès à l’information et réduit l’espace pour le débat public.

Sont citées, la loi sur la protection des symboles nationaux, la loi sur la cybercriminalité ou encore l’article 36 du Code pénal.

Autant de restrictions qui ramènent dans les débats les questions d’équilibre entre le respect des normes culturelles et religieuses et la promotion d’une société ouverte et pluraliste. Cette enquête fait ainsi l’état des lieux sur la liberté d’expression et des médias ainsi que les libertés civiles à l’aide des données récentes d’Afrobarometer et de SISTA Consult.

Voici les résultats clés de l’enquête sur la liberté d’opinion :

78% des Mauritaniens interrogés disent être « assez libres » ou « entièrement libres » d’exprimer leurs opinions

56% déclarent qu’ils doivent « souvent » ou « toujours » faire attention à ce qu’ils disent en politique

10% pensent que les citoyens devraient être libres d’adhérer à n’importe quelle organisation, que le gouvernement le veuille ou non

83% déclarent que les gens sont libres d’adhérer à la formation politique de leur choix et 84% trouvent que les gens sont libres de choisir sans pression pour qui ils veulent voter

70% des personnes interrogées déclarent que les médias en Mauritanie sont « assez libres » ou « entièrement libres » de publier sans censure ni ingérence du gouvernement pendant que 24% affirment le contraire

Liberté d’exprimer son opinion :

78% des Mauritaniens se disent libres, 54% se sentent « entièrement libres » ; 23% « assez libres » pour exprimer leurs opinions. Ce sentiment est plus fort en milieu rural (83%) et chez les riches (82%).

Cheikh Aidara

Référence : https://www.afrobarometer.org/wp-content/uploads/2024/08/AD835-Mauritaniens-se-disent-libres-dexprimer-leurs-opinions-mais-se-mefient-des-sujets-politiques_Afrobarometer_12aug24.pdf

https://www.futureafrique.net/node/17482

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