Il aurait peut-être été attendu de confier la mission « Autonomisation des jeunes pour le mandat 2024-2029 » à un organisme de nature opérationnelle, tel que la Délégation Générale pour la Solidarité Nationale et la Lutte contre l’Exclusion « Taazour », comme annoncé par le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, lors de sa dernière campagne présidentielle.
Cependant, l’annonce de la nouvelle structure du ministère de l’Autonomisation des Jeunes, des Sports et du civique Publique indique que la mission d’autonomisation reste aux mains d’un secteur ministériel, comme d’habitude. Cela nécessite du ministre de l’Autonomisation qu’il compense l’absence de cet organisme opérationnel flexible en introduisant une nouvelle structuration du ministère, plus dynamique et flexible, afin de surmonter la bureaucratie habituelle des ministères et leur lenteur à atteindre les objectifs fixés.
À travers cette analyse, qui se déroulera en trois parties, nous proposerons dix solutions pour une politique nationale d’autonomisation équitable des jeunes en Mauritanie, sur la base d’un diagnostic préalable dans lequel nous avons identifié dix défis pouvant entraver toute politique nationale visant à être un outil d’autonomisation des jeunes en Mauritanie.
Dans cette première partie, nous aborderons les défis liés à l’absence d’un bon diagnostic de la situation des jeunes en Mauritanie ainsi qu’au manque d’un objectif stratégique vers une autonomisation équitable des jeunes en Mauritanie.
Défi 1 : Absence de diagnostic précis de la situation des jeunes.
Explication : Supposons que l’obstacle à l’autonomisation des jeunes soit l’absence d’emploi. Un bon diagnostic commence par l’obtention de données précises, spécialisées et récentes sur la problématique de l’emploi et du chômage des jeunes, en particulier en Mauritanie. Il est nécessaire de connaître les causes directes et indirectes du chômage des jeunes, comme l’absence de qualification, de financement, les mentalités et l’environnement social, et d’évaluer l’impact de ces causes dans leurs dimensions directe et indirecte.
Il est également crucial d’identifier les acteurs qui peuvent contribuer à la solution, tels que les secteurs public et privé, les partenaires techniques et financiers internationaux, ainsi que les organes sociaux et civiles.
Une attention particulière doit être accordée aux catégories de jeunes touchées par le chômage et ses conséquences, notamment la croissance de la criminalité, la consommation de drogues et la migration.
Solution proposée : Après ce diagnostic, il faut définir des objectifs SMART. Considérons que la tranche d’âge des jeunes se situe entre 15 et 35 ans, et que cette tranche représente 60 % de la population du pays, soit environ 4 500 000 habitants. La densité de population jeune actuelle en Mauritanie est donc d’environ 2 700 000 jeunes et jeunes filles.
En appliquant le diagnostic précédent à cette estimation statistique des jeunes, nous devons établir le profil de chaque jeune, connaître son niveau d’éducation et de formation, ses loisirs, son environnement, son emploi ou son absence d’emploi, ses centres d’intérêt, ainsi que sa condition physique et sociale, parmi d’autres informations qui seront très utiles lors des phases ultérieures du diagnostic. Cela permettra de les placer dans la catégorie adéquate dans le cadre d’une stratégie nationale efficace d’intégration et d’emploi.
Ce diagnostic nous fournira une image claire des actions à mener pour résoudre le problème du chômage. Cela signifie que le nombre net de jeunes chômeurs, selon la définition de l’Organisation Internationale du Travail, sera l’indicateur statistique principal, et il constituera le centre de l’activité du secteur de l’autonomisation au cours du mandat des jeunes.
Encore une fois, soyons plus précis et transparents en définissant le nombre de jeunes que nous pouvons réellement et concrètement sortir du chômage. Il n’y a aucun mal à ce que notre réalisation ne dépasse pas 30% des jeunes chômeurs durant ce mandat. Après tout, nous nous limitons à ce qui est possible, et non à ce qui est espéré par le grand public.
L’essentiel est d’avoir une vision claire de nos engagements nationaux et d’avoir réussi à poser des bases solides et précises qui nous conduiront, en fin de compte, à atteindre nos objectifs, qui font partie intégrante des Objectifs de Développement Durable.
Défi 2 : Absence d’un objectif stratégique dans le domaine de l’autonomisation.
Explication : Il s’agit de l’absence d’un objectif national avec des paramètres stratégiques ayant un impact tangible et durable sur l’éducation des jeunes, leur santé, leur bien-être, leur sentiment d’appartenance, leur mentalité, leur préparation, leurs talents, leur capacité à se faire une place dans l’un des chantiers de construction national, ou plutôt à apporter une contribution mesurable selon les indicateurs de développement économique, culturel et scientifique du pays.
Solution proposée : Dans ce contexte, je répondrai à la question suivante : quel type de jeunes voulons-nous préparer pour l’avenir ? Et quelles seront les mesures concrètes à prendre d’ici 2029, par exemple ?
L’objectif doit prendre en compte divers aspects liés à la préparation de cette génération attendue. Par exemple, l’objectif pourrait être de préparer une génération de jeunes en Mauritanie d’ici 2035, dotée de connaissances, de valeurs d’appartenance à la nation, de compétences en leadership, d’esprit d’innovation et de valeurs de citoyenneté active, grâce à des programmes éducatifs et de formation complète visant à renforcer leur capacité à relever les défis futurs et à contribuer efficacement au développement du pays.
Cela de manière générale, mais en se concentrant spécifiquement sur l’emploi, l’objectif devrait être formulé de manière plus pragmatique, en se basant sur les données statistiques extraites des estimations précédentes.
A suivre dans la deuxième partie.
Rajel Oumar Boilil : consultant en jeunesse.