Les points d’achoppement à l’integration économique senegalo-mauritanienne
Réformes institutionnelles, financements structurants, investissements intelligents…, la première édition du Forum économique sénégalo-mauritanien s’est tenue tenu les 30 septembre et 1er octobre derniers à Dakar.
Il ressort du rapport de recommandations de la première édition du Forum économique sénégalo-mauritanien, tenu les 30 septembre et 1er octobre derniers à Dakar, que des mesures urgentes, portant notamment sur les réformes institutionnelles, les financements structurants, les investissements intelligents et une volonté inébranlable de collaboration, doivent être prises pour tirer le meilleur parti des opportunités d’affaires entre les deux pays.
La première édition du Forum, organisée du 30 septembre au 1er octobre à Dakar, s’inscrit dans la dynamique de l’intégration africaine prônée parles présidents sénégalais et mauritanien. Elle avait pour principal objectif de relever les défis et de saisir les opportunités liées à l’intégration économique entre le Sénégal et la Mauritanie.
Ce Forum a mis en lumière les principaux axes de collaboration, le rôle du secteur privé, le potentiel du secteur financier ainsi que l’importance des secteurs extractifs et agricoles, tout en abordant la gestion des ressources en eau et la coopération dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Au nombre des recommandations figurent les défis à surmonter pour parvenir à une intégration économique entre le Sénégal et la Mauritanie d’ici à 2030. Cependant, cette intégration, bien qu’elle constitue une priorité stratégique, se heurte à plusieurs obstacles, dont le plus important demeure l’accès au financement, défi majeur particulièrement pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME).
D’où la nécessité de créer des mécanismes de financement innovants, tels que les FinTechs, les plateformes de financement participatif ou encore le crowdfunding, afin de rendre le crédit plus accessible à nos entrepreneurs et de stimuler les initiatives transfrontalières.
Deuxièmement, il est impératif de combler le retard en matière d’infrastructures transfrontalières. Le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim illustre parfaitement l’ampleur des besoins en infrastructures partagées, que ce soit dans les secteurs de l’énergie, du transport ou de la logistique. Il est également nécessaire de renforcer la coordination institutionnelle pour harmoniser nos cadres réglementaires.
Enfin, la coordination institutionnelle et réglementaire constitue un frein majeur. Harmoniser nos systèmes financiers, commerciaux et réglementaires est essentiel pour assurer la fluidité des échanges et encourager la libre circulation des biens et des services.
DÉVELOPPEMENT DES SECTEURS PRIVÉS SÉNÉGALAIS ET MAURITANIEN
L’un des défis majeurs réside dans le développement des secteurs privés sénégalais et mauritanien. Majoritairement tributaires de la vitalité de leurs secteurs privés respectifs, les économies de ces deux pays peinent à trouver des ressources adaptées à leurs besoins. Il est donc impératif de mettre en place des produits financiers spécifiques, adaptés aux besoins des Petites et Moyennes Entreprises (PME).
RÔLE DU SECTEUR FINANCIER DANS LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Le secteur financier, qui est censé jouer un rôle capital dans l’intégration économique des deux pays, doit servir de levier pour faciliter l’accès au crédit et financer les grands projets structurants.
Quant à la monétique interbancaire régionale, axe essentiel pour l’harmonisation des transactions financières entre le Sénégal et la Mauritanie, il est nécessaire de développer des solutions de paiement numérique sécurisées et de promouvoir l’inclusion financière pour les populations non bancarisées, en particulier dans les zones transfrontalières.
Ainsi, les banques de développement régionales, telles que la BOAD et la BAD, doivent être impliquées dans le cofinancement des projets de grande envergure.
OPPORTUNITÉS D’INVESTISSEMENT
Pour asseoir une intégration économique viable, il est crucial d’exploiter pleinement les opportunités d’investissement considérables qu’offrent ces pays. Dans les secteurs extractifs, tels que le gaz naturel et les ressources minières, il est essentiel de créer des partenariats public-privé.
Le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim constitue un exemple concret du potentiel à exploiter. Cela nécessite des financements à long terme, mais surtout une gestion durable de ces ressources stratégiques.
En ce qui concerne l’agriculture, il est indispensable d’investir dans des infrastructures hydrauliques modernes et des systèmes d’irrigation efficaces afin d’augmenter la productivité. Nos secteurs agricoles recèlent un potentiel immense qui ne demande qu’à être développé.
DÉVELOPPEMENT DES SECTEURS EXTRACTIFS
Les secteurs extractifs jouent un rôle clé dans la croissance économique de nos deux pays. Une exploitation responsable et efficace de ces ressources permettrait de créer des emplois et de générer des revenus pour financer le développement de nos infrastructures.
Dans cette perspective, une coopération transfrontalière renforcée est indispensable. Le Sénégal et la Mauritanie doivent travailler de concert pour assurer une gestion optimale des ressources partagées, tout en investissant dans les infrastructures nécessaires, telles que les ports, pipelines et autres équipements critiques.
L’EAU COMME SOURCE DE DÉVELOPPEMENT
L’eau, ressource vitale pour nos populations et pour nos économies, doit être gérée de manière concertée. La gestion intégrée des ressources en eau, notamment dans la vallée du fleuve Sénégal, est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire et favoriser la transformation de nos productions agricoles. À cet égard, les deux pays riverains doivent continuer à collaborer pour gérer de façon équitable et durable les barrages et les canaux d’irrigation.
TRANSFORMATION AGRICOLE ET IMPLICATION DU SECTEUR PRIVÉ
La transformation agricole doit être placée au cœur de notre stratégie de croissance. Pour y parvenir, il est crucial d’impliquer le secteur privé dans l’industrialisation de notre agriculture et la création de chaînes de valeur compétitives.
Les partenariats public-privé offrent une solution pour moderniser nos infrastructures agricoles, augmenter la production et développer des filières d’exportation solides. Ce faisant, nous stimulerons non seulement la création d’emplois, mais aussi l’amélioration des revenus des populations rurales.
COOPÉRATION DANS LE CADRE DE LA ZLECAF
Enfin, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) constitue une opportunité unique pour renforcer nos relations commerciales. La suppression des barrières tarifaires entre le Sénégal et la Mauritanie facilitera les échanges et accroîtra notre compétitivité sur le marché africain
Pour tirer pleinement parti de cette zone de libre-échange, il est impératif d’harmoniser les politiques commerciales et douanières tout en développant les infrastructures de transport nécessaires à la fluidité des échanges.