Forum des médias sur l’élimination des violences faites aux femmes : 65 journalistes de 36 pays étaient à Dakar pour contribuer à la lutte
Le Forum des Médias sur l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles en Afrique organisé par le REMAPSEN (Réseau des Médias pour la Promotion de la Sante et de l’Environnement) en collaboration avec ONU FEMMES et le FONDS français MUSKOKA s’est déroulé du 4 au 6 décembres dernier à Dakar. 65 journalistes de 36 pays se sont engagés au cours de cet rencontre à contribuer à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Ouvrant les travaux, le représentant de la ministre sénégalaise de la Famille et des Solidarités, le Conseiller technique Oumar Samb a magnifié ce cadre d’échange essentiel pour aborder deux enjeux majeurs, notamment l’autonomisation de la femme et de la jeune fille et la lutte contre les VBG. En effet, a-t-il poursuivi, les médias jouent un rôle fondamental dans la transformation sociétale, dans la mesure où l’information a ce pouvoir mobilisateur des communautés et d’éducation en conscientisant les esprits et en transformant les mentalités.
Pour Mr le conseiller, en Afrique, où les défis liés aux inégalités et aux violences persistent, les médias peuvent servir de catalyseurs d’une prise de conscience collective sur les enjeux de l’équité et de l’égalité de genre pour parvenir à un développement durable, tant souhaité dans notre cher continent ajoutant que cet objectif de développement durable, que tous les pays africains se sont fixés, ne pourrait être atteint sans l’autonomisation des femmes et des filles et l’éradication des violences basées sur le genre.
« Ces inégalités exacerbées par des normes socioculturelles et des préjugés, dit-il, freinent non seulement la participation des femmes et des jeunes filles au développement de nos différents pays, mais aussi leur aspiration à des sociétés solidaires sans discrimination. Au regard de ce défi persistant, la promotion de l’autonomisation financière des femmes, pour ainsi dire l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons, ne constitue pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un levier essentiel pour l’Afrique pour participer à la marche mondiale vers l’atteinte des objectifs de développement durable.
Mr Samb a, par la suite, invité les journalistes à devenir des alliés actifs de ce combat, car l’accès à l’éducation, à un emploi décent, à la santé, à la justice, au financement, entre autres, demeure des droits universels pour tout être humain.
Pour Mr Bamba Youssouf, président du REMAPSEN, les médias africains veulent prendre leur place dans cette lutte noble contre les violences faites aux femmes et aux filles et la promotion de leur autonomisation. Les seize jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles ne pouvaient que mieux tomber pour lancer cette initiative.
Objectifs : éduquer, sensibiliser et mobiliser l’opinion et les décideurs
Mr Bamba a, en outre, expliqué que les médias peuvent, orienter les débats politiques et inciter à des actions concrètes en faveur de la femme.
Dans une région profondément marquée par des crises militaro politiques, dit-il, les médias deviennent un outil puissant pour la continuité des services de prévention et la promotion des services de prise en charge dans les domaines de la vie sociale ajoutant que quand les frontières physiques entre nos pays sont fermées, celles des ondes restent ouvertes pour donner de l’espoir aux populations très souvent sinistrées. Ainsi, ce forum constitue pour nous, le point de départ d’un engagement collectif des médias en Afrique avec en toile de fond, un renforcement des productions médiatiques de sensibilisation et de plaidoyer en vue de toucher toutes les cibles notamment les plus reculées pour un monde sans violence envers les femmes.
Mr Bamba a ensuite ajouté que : « nous sonnes impressionnés et reconnaissants au regard des multiples efforts consentis en faveur de l’implication des médias dans la lutte contre les violences faites femmes et pour l’autonomisation. » Nous-mêmes, sommes témoins des nuits blanches successives que vos collaborateurs et collaboratrices ont passé, aussi bien ici au Sénégal, qu’aux états unis pour tenir les délais de réalisation de ce projet.
Un forum sous le sceau des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes
Intervenant au nom du directeur régional de l’ONU FEMMES pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, Dr. Maxime Houinato, Mme Arlette Mvondo, Représentante Résidente d’ONU Femmes au Sénégal, a déclaré que : Dans ce combat, les médias ont un rôle crucial, un rôle central de par leurs fonctions d’information et d’éducation. Vous êtes des acteurs essentiels et incontournables. Vos capacités à influencer les attitudes et comportements sociaux sont un levier puissant pour transformer les normes sociales et promouvoir une culture de respect, d’égalité et de justice sociale.
« D’après les premiers rapports a du processus de Beijing plus 30, nous savons qu’au cours des cinq dernières années dans notre région, 79% des États membres ont présenté des rapports qui ont permis de mettre en place des plans d’actions nationaux pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. (…) 90% des États ont introduit ou renforcé la législation en matière de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles. 88% de nos états ont introduit ou renforcé des services pour prendre en charge les victimes de violences », a martelé Mme Mvondo.
« Nous saluons ces progrès remarquables qui font une différence et qui montrent que la violence contre les femmes et les filles est évitable. Autant la réalité que nous vivons est autre et montre que la violence reste omniprésente et dévastatrice. Nous sommes réunis dans un contexte où les faits relatant les violences faites aux femmes et aux filles restent alarmants. En Afrique de l’ouest et du centre, une femme sur trois subit des violences basées sur le genre. »
Des millions de femmes et de filles encore privées de leurs droits fondamentaux
Mme Arlette Mvondo a, ensuite, ajouté que : « les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les violences sexuelles et domestiques continuent de priver des millions de femmes et des filles de leurs droits fondamentaux tout en limitant leur potentiel individuel et leur contribution collective à nos sociétés. Aucun pays n’est épargné et aucun pays n’a réussi à éliminer ce fléau de la violence contre les femmes et les filles. Pour y mettre fin, il faut une action audacieuse, il faut une action transformatrice. »
Cette réalité, poursuit-elle, est exacerbée par des normes patriarcales enracinées, par des conflits armés et par les nouvelles formes de violences qui sont facilitées par la technologie numérique. Ce défi nous rappelle que notre action doit être immédiate, collective et déterminée, d’où la nécessité de s’unir pour agir, pour s’attaquer aux inégalités structurelles qui normalisent la violence et affectent de manière disproportionnée les femmes et les filles
Rappelons que ce forum vient après ceux tenus en 2022 sur l’impact de la Covid 19 à Dakar et sur la vaccination et la nutrition en 2023 à Lomé.
Sidi Moustapha Ould BELLALI