Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, dirigés par des régimes militaires au pouvoir à la suite de coups d’État, ont quitté officiellement mercredi la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après plus d’une année de fortes tensions diplomatiques.
L’institution régionale, qui n’a jamais paru aussi fragile et dont l’avenir semble incertain, a toutefois décidé de «rester ouverte» au dialogue, a déclaré Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la Cedeao, à l’occasion d’un point presse à Abuja, la capitale du Nigeria et siège de l’organisation, mercredi.
La rupture a été consommée après le coup d’État au Niger, en juillet 2023, quand la Cedeao avait menacé d’intervenir militairement pour rétablir le président déchu et imposé de lourdes sanctions économiques à Niamey, aujourd’hui levées. «Je les ai invités à ce que l’on se réunisse à un niveau technique pour entamer les formalités de retrait», a précisé Touray qui a affirmé «attendre avec impatience ces discussions».
La Cedeao a demandé à ses pays membres, désormais au nombre de 12, de «reconnaître jusqu’à nouvel ordre les passeports et cartes d’identité nationaux portant le logo de la Cedeao détenus par les citoyens» des pays sortants.
Ces derniers devraient pouvoir continuer «à jouir, jusqu’à nouvel ordre, du droit de circulation, de résidence et d’établissement sans visa, conformément aux protocoles de la Cedeao en la matière», stipule un communiqué de l’institution.
Des sanctions «inhumaines, illégales et illégitimes»
Les échanges de biens et de services entre les pays sortants et les pays membres pourront également se poursuivre selon les règles en vigueur de l’institution.
Ces mesures seront valables jusqu’à l’adoption «des modalités complètes de nos relations futures avec les trois pays». «Tous les pays peuvent décider de revenir dans notre communauté à n’importe quel moment», a également insisté Touray.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, désormais unis dans une confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES), accusent la Cedeao d’avoir imposé à leur encontre des sanctions «inhumaines, illégales et illégitimes» après les putschs qui les ont portés au pouvoir. Ils estiment aussi que l’organisation ouest-africaine ne les a pas suffisamment aidés à lutter contre les violences jihadistes et qu’elle est inféodée à la France.
L’ancienne puissance coloniale est devenue l’ennemi commun de ces juntes qui privilégient désormais des partenariats avec des pays comme la Russie, la Turquie ou l’Iran. Ils restent cependant membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et continueront d’utiliser le franc CFA.
Dans la sous-région, le Togo et le Ghana ont déjà amorcé une normalisation de leurs relations avec les pays de l’AES. La semaine dernière, le nouveau président ghanéen, John Mahama, a nommé un envoyé spécial auprès de l’AES, l’ancien haut gradé de l’armée Larry Gbevlo-Lartey.