ActualitéArabe et international

Les États-Unis commencent à expulser des migrants vers Guantanamo

RFI – Le premier vol transportant des migrants clandestins vers la base militaire américaine de Guantanamo, devenue un symbole des dérives de la lutte anti-terroriste, a eu lieu mardi 4 février, a affirmé à l’Agence France-Presse un responsable au sein du ministère de la Défense.

Donald Trump, qui a lancé une vaste offensive anti-immigration dès les premières heures de son retour au pouvoir, a annoncé il y a moins d’une semaine son projet choc de centre géant de rétention pour 30 000 migrants à Guantanamo, connue pour sa prison militaire ouverte après les attentats du 11 septembre 2001.

Ce centre de rétention, déjà existant, mais que le président américain compte porter à « pleine capacité », est séparé de la prison, où quinze détenus sont encore incarcérés.

Un vol a eu lieu mardi « avec environ une douzaine d’étrangers clandestins présentant un grand danger », a précisé à l’AFP un responsable au sein du ministère américain de la Défense, qui a requis l’anonymat.

« Ils seront hébergés dans le centre de rétention […], mais ne seront pas logés aux côtés des détenus de grande valeur », a-t-il ajouté, en référence aux prisonniers soupçonnés de terrorisme. Plus tôt, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait annoncé sur la chaîne Fox Business que les premiers vols depuis les États-Unis vers Guantanamo étaient « en cours » mardi.

Le nouveau ministre de la Défense, Pete Hegseth, a décrit lundi Guantanamo comme « l’endroit parfait » pour les migrants sans papiers au cours d’un déplacement à la frontière avec le Mexique.

Après l’annonce de cette mesure par Donald Trump fin janvier, le président cubain Miguel Diaz-Canel avait dénoncé un « acte brutal » en « territoire cubain illégalement occupé ». La prison militaire de Guantanamo, enclave américaine sur la côte sud-est de Cuba, a ouvert en janvier 2002, quatre mois après les attentats du 11-Septembre, sous l’administration de George W. Bush.

Elle est devenue, pour de nombreuses ONG de défense des droits humains, un symbole des excès et de l’arbitraire dans la lutte contre le terrorisme, à cause de ses conditions de détention extrêmes, jusqu’au recours à la torture. Les présidents démocrates Barack Obama et Joe Biden ont souhaité, l’un après l’autre, la fermer sans y parvenir. Près de 800 détenus – dont un maximum de 680 en 2003 – sont passés par la prison de Guantanamo en plus de vingt ans.

Documents gouvernementaux à l’appui, le New York Times a révélé en septembre 2024 que la base militaire était utilisée depuis des décennies par les États-Unis pour incarcérer certains migrants interceptés en mer.

PAR RFI

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page