Donald Trump a discuté avec Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le président américain, Donald Trump, s’est entretenu mercredi avec son homologue russe, avant d’en faire part au président ukrainien. Il a annoncé être convenu avec Vladimir Poutine d’ouvrir des négociations « immédiates » pour mettre fin à la guerre en Ukraine, ainsi que d’une rencontre en personne en Arabie saoudite.
Rebattant complètement les cartes après trois années de guerre, Donald Trump a convenu, mercredi 12 février, avec Vladimir Poutine de lancer des négociations « immédiates » sur l’Ukraine, et promis une rencontre en personne avec son homologue russe.
« Il viendra ici, et j’irai là-bas, et nous nous verrons probablement en Arabie Saoudite la première fois », a-t-il affirmé lors d’un échange avec des journalistes à la Maison Blanche, sans donner de date, en prévoyant aussi un cessez-le-feu « dans un futur pas si lointain » en Ukraine.
Donald Trump a par ailleurs jugé qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, voulue par Kiev mais absolument rejetée par Moscou, ne serait « pas réaliste ».
Il a également dit qu’il « faudrait des élections à un moment ou un autre » en Ukraine. Sans la loi martiale, en place depuis février 2022 et qui empêche la tenue de ce scrutin, l’élection présidentielle dans le pays aurait dû avoir lieu en mars 2024.
Il s’agit du premier échange direct rapporté officiellement entre le chef du Kremlin et le président américain en exercice depuis que Vladimir Poutine a appelé Joe Biden en février 2022, peu avant de lancer alors une offensive en Ukraine.
Une conversation « très productive »
La Russie et les États-Unis vont commencer « immédiatement » à négocier en vue de mettre fin au conflit, a affirmé le président américain sur son réseau Truth Social, en vantant une conversation « très productive » avec son homologue russe.
« Nous avons convenu de travailler ensemble, très étroitement, y compris en nous rendant visite dans nos pays respectifs », a aussi écrit le président américain.
« Nous voulons mettre fin aux millions de morts liées à la guerre Russie/Ukraine. Le président Poutine a même utilisé mon très percutant slogan de campagne : ‘BON SENS’. Nous y croyons tous deux très fortement », s’est félicité le président américain dans sa publication.
« Je veux remercier le président Poutine pour le temps et l’effort consacré à ce coup de fil, et pour la remise en liberté hier de Marc Fogel », un Américain qui était détenu en Russie, a aussi déclaré le président américain.
L’appel téléphonique entre les deux dirigeants survient au lendemain de la libération par la Russie d’un Américain, Marc Fogel, condamné à 14 ans de prison pour possession de drogue. En retour, Washington a accepté de libérer le Russe Alexander Vinnik, un expert en informatique accusé de multiples crimes liés à la plate-forme d’échange de cryptomonnaies BTC-e, a indiqué mercredi un responsable américain, sous couvert d’anonymat.
« Une solution à long terme »
De son côté, Vladimir Poutine a indiqué vouloir trouver une « solution de long terme » au conflit ukrainien via des « pourparlers de paix », a annoncé le Kremlin.
« Le président Poutine a mentionné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du conflit et a convenu avec Trump qu’une solution à long terme pouvait être trouvée par le biais de pourparlers de paix », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Dans la foulée, le président américain a discuté son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
« La conversation s’est très bien passée. Lui, comme le président Poutine, veut faire la PAIX », a-t-il écrit dans une autre publication, ajoutant que le président ukrainien échangerait vendredi à Munich, en Allemagne, avec son vice-président J.D. Vance et le secrétaire d’État Marco Rubio, en marge d’une conférence sur la sécurité.
Pour sa part, Volodymyr Zelensky a souligné qu’ils avaient « longuement parlé des possibilités de parvenir à la paix ».
Cette chronologie – Vladimir Poutine d’abord, Volodymyr Zelensky ensuite – souligne la rupture, dans le ton et sur le fond, avec la politique de soutien à l’Ukraine de l’ancien président Joe Biden. Le démocrate, qui a fait des États-Unis le premier appui militaire de Kiev tout en orchestrant la réponse occidentale à l’invasion russe de février 2022, n’avait de cesse de dénoncer « l’agression » de la Russie, une terminologie totalement absente dans les déclarations de son successeur républicain.
Inquiétude des Européens
Donald Trump, jusque-là peu disert sur ses intentions vis-à-vis de l’Ukraine, s’est engagé à mettre rapidement fin au « carnage » de la guerre, y compris en faisant pression sur Kiev, qui a reçu des milliards de dollars d’aide militaire de Washington sous son prédécesseur démocrate Joe Biden.
Dans le même temps, à Bruxelles, le ministre américain de Défense, Pete Hegseth, a clairement tracé mercredi les lignes rouges de Donald Trump sur l’Otan et l’Ukraine.
Il a jugé « irréaliste » d’envisager un retour de l’Ukraine à ses frontières d’avant 2014, c’est-à-dire comprenant la Crimée. De même, une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique à l’issue de négociations de paix, n’est « pas réaliste », a-t-il dit.
Les Européens redoutent qu’un éventuel accord de paix entre l’Ukraine et la Russie ne se fasse sans eux et au détriment de Kiev.
« Nous souhaitons échanger sur la voie à suivre avec nos alliés américains », indique un communiqué publié à l’issue d’une réunion à Paris des chefs de la diplomatie française, allemande, polonaise, italienne, espagnole, britannique et ukrainienne, mercredi soir. « Nos objectifs communs doivent être de placer l’Ukraine en position de force. L’Ukraine et l’Europe doivent participer à toute négociation. »
Le conflit en Ukraine, lancé après l’invasion russe en février 2022, a fait des centaines de milliers de morts et de blessés en près de trois ans.
Avec AFP et Reuters