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« La Mauritanie, les Haratin qui sont actuellement en esclavage ou libres sont les plus touchés par la discrimination fondée sur l’origine sociale »

La 63eme Session de la Commission pour Développement Social Au siège des Nations Unies, New York Du 10 au 14 Février 2025

Événement parallèle à la Commission pour le Développement Social 2025 sur les Communautés Discriminées sur la Base du Travail et de l’Ascendance, co-organisé par le Forum Mondial pour les Communautés Discriminées sur la base du Travail et de l’Ascendance.

Le programme a débuté par le message inspirant de S.E. l’Ambassadeur Bob Rae, Président de l’ECOSOC et Représentant du Canada auprès des Nations Unies, conférencier principal de l’événement. Il a souligné l’importance de l’inclusion sociale et économique, et a félicité les panélistes pour leur travail acharné pour assurer l’intégration des communautés discriminées sur le plan du travail et de la décence.

Mark Kamperhoff, Directeur du Département Politique Européenne de la Fédération Allemande pour les Affaires Familiales, les Personnes Âgées, les Femmes et les Jeunes, a présenté les programmes qu’ils ont développés pour répondre aux défis liés á la discrimination sur la base de l’origine sociale Maria Atanasova, Réseau Européen des Organisations de base roms, a partagé l’expérience des Roms victimes d’exclusion et de marginalisation.

Dinesh Jonnakuty, Chargé de Plaidoyer et de Programme, The Inclusive Project, s’est concentré sur les conditions des Dalits dans leurs pays d’origine ainsi que dans la Diaspora.

Johannes Butscher, Chargé de Plaidoyer aux NU, pour le Forum Global pour le Développement Social et le Comité Exécutif des ONG de la Commission pour le Développement Social a servi de facilitateur pour le panel.

La déclaration présentée par Bakary Tandia, Co-Fondateur d’Abolitionist Institute et Conseiller Spécial du Président Biram Dah Abeid.

Je suis très honoré d’avoir l’occasion de participer à ce panel très important pour aborder des questions sociales clés. Je remercie le Comité des ONG et ses collaborateurs d’avoir organisé cet événement.

Le thème de cette année : « Renforcer la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale pour accélérer la mise en œuvre des engagements de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et du Programme d’Action du Sommet mondial pour le Développement Social du Programme de Développement Durable à l’horizon 2030.

Cela répond littéralement à notre mission commune qui est au cœur et á l’esprit des organisations de défense des droits de l’homme. Nous sommes des défenseurs engagés dans la lutte pour assurer la justice sociale pour tous. Nous sommes le garde-fou contre la promulgation et l’application de règles et de lois discriminatoires contre les personnes vulnérables par les détenteurs du pouvoir.

Mon organisation, The Abolition Institute, se concentre particulièrement sur l’éradication de l’esclavage, en particulier en Mauritanie et dans les pays voisins. Cependant, nous ne sommes pas seulement des défenseurs des droits de la personne, nous participons également à divers programmes d’aide humanitaire.

Je dois féliciter la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples d’avoir adopté La résolution sur la protection et la promotion des droits des communautés discriminées sur la base du travail et de l’Ascendance lors de sa 81eme session ordinaire tenue à Banjul en 2024.

En reconnaissant que la discrimination sur la base du travail et de l’ascendance constitue une forme de discrimination sur la base de l’origine sociale au sens de la Charte ; la Commission a apporté une contribution exceptionnelle. Désormais, les défenseurs des droits de l’homme peuvent l’utiliser stratégiquement dans leurs campagnes.

Cela n’aurait pas été possible sans le travail acharné et l’engagement indéfectible du Réseau Africain sur la Discrimination sur la base du travail et de l’ascendance et les formes contemporaines d’esclavage. Alors, nous les felicitons.au Réseau.

La discrimination fondée sur l’origine sociale est un plafond de verre socialement normalisé qui condamne de nombreuses personnes à vivre leur vie dans l’oppression organisée. Bien que ses formes et ses stratégies puissent différer d’une région à l’autre á travers le monde, l’objectif final est de priver les membres de ces communautés victimes de leur droit fondamental de réaliser leur plein potentiel humain.

Dans le cas de la Mauritanie, les Haratin qui sont actuellement en esclavage ou libres sont les plus touchés par la discrimination fondée sur l’origine sociale. Cependant, il est important de mentionner que cette discrimination touche toutes les communautés en Mauritanie y compris la communauté Négro- Africaine où la féodalité et le système des castes continuent d’être une source d’exclusion et de marginalisation.

De plus, ce phénomène est omniprésent dans les communautés Ouest-Africaines. C’est pourquoi son éradication nécessite des efforts concertés.

Dans le respect du temps, je vais me concentrer sur la condition de Haratin qui ont été réduits en esclavage pendant des siècles. Bien que certains aient été libérés, beaucoup restent en esclavage. Cependant, en bondage ou en liberté leurs conditions sont presque similaires.

Les perspectives de réussite d’un membre de la communauté haratin en mauritanien sont très minces en raison de la structure du pouvoir discriminatoire qui est en place.

Pour dénoncer les faits tels quels, bien qu’ils représentent environ 50 % de la population de leur pays, ils sont victimes du même type de pratiques discriminatoires que celles observées en Amérique dans le Sud de Jim Crow pour les Afro-Américains.

La plupart des membres du gouvernement bénéficient considérablement de ce système qui exclut une si grande partie de sa population. Ils continuent de prétendre que tous citoyens ont un accès égal aux opportunités sociales et économiques. Rien n’est plus éloigné de la vérité. La réalité est qu’il existe des déterminants sociaux fabriqués qui empêchent que cela se produise. Il n’y a pas de développement social possible sans mobilité sociale.

En fait, les politiques discriminatoires adoptées par le gouvernement affectent les Mauritaniens noirs en général. Ils sont à peine représentés dans les agences gouvernementales et les institutions nationales alors qu’ils représentent la majorité de la population.

Bien que nous disposions d’une batterie de législations traitant de l’esclavage et de la discrimination raciale en Mauritanie, elles ne sont pas appliquées. Parce que les décideurs hypocrites font partie intégrante du système injuste et inégalitaire, la cause profonde de l’exclusion et de la marginalisation.

Grâce à des organisations telles que SOS Esclaves, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste et tant d’autres organisations de défense des droits humains, des progrès sont entrains réalisés malgré de multiples barrières.

En conclusion, puisque la lutte contre une injustice aussi profondément enracinée nécessite un effort de collaboration, l’AI a pu établir des relations de travail avec de nombreuses organisations, y compris des partenaires sur le terrain et aux États-Unis. C’est l’occasion de remercier ceux qui travaillent en première ligne et qui risquent leur vie pour le changement social.

Merci beaucoup pour votre attention

Bakary Tandia

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