Mobilité à Nouakchott : Le casse-tête et les prémices d’une solution
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Il est indéniable que la ville de Nouakchott connaît des embouteillages importants, surtout aux heures de pointe de la circulation. Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre sur n’importe quel axe routier du réseau urbain, dans n’importe quel moughataa et à n’importe quel moment de la journée, pour constater qu’il est encombré de voitures et qu’il ne fait pas exception des embouteillages qui affectent le reste de la capitale.
Les retombées de cette situation aggravée impactent négativement les transports et les déplacements, et par conséquent la vie quotidienne des citoyens. Elles ralentissent également l’activité économique du pays en général.
Pour appréhender cette problématique, il est nécessaire de travailler sur plusieurs axes interconnectés, qui peuvent être définis comme suit :
1. Promotion, extension et développement des infrastructures de transport.
2. Promotion des transports publics, y compris par la construction de lignes de tramway (l’espace s’y apprête bien et l’énergie est disponible).
3. Sensibilisation et éducation des conducteurs et des citoyens en général au respect du code de la route et au comportement citoyen.
4. Aménagement et organisation de zones de stationnement à proximité des grands centres (marchés à titre d’exemple).
5. Application stricte du code de la route et fermeté dans la coercition des contrevenants.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement a pris conscience de ce défi assez tôt et a déjà mis en place deux programmes pour en atténuer l’impact :
Premièrement : Le Programme de Mobilité de Nouakchott
Les résultats de ce plan commencent à se faire sentir, avec la finalisation des travaux, notamment en ce qui concerne les points suivants :
– Élargissement et ouverture de nouvelles voies, notamment entre le carrefour Madrid et le carrefour de Bamako.
– Amélioration des transports publics grâce à l’introduction d’un grand parc de bus à haut niveau de service (BHNS) et à la création de voies réservées.
– Réduction des embouteillages aux grandes intersections grâce à la construction des ponts de Hay Saken et Bamako.
Aussi la fluidité du trafic devrait-elle s’améliorer considérablement avec l’ouverture du pont du carrefour de Madrid, dont les travaux sont en cours d’achèvement.
Deuxièmement : Le Programme d’Urgence pour le Développement de Nouakchott
Ce programme comprend un volet dédié aux infrastructures de transport, qui prévoit la construction de nouveaux axes routiers, notamment des routes de contournement qui constituent une alternative permettant d’éviter le passage par le centre-ville (déjà très encombré).
Cependant, tous les efforts déployés, bien que pertinents et importants, resteront insuffisants s’ils ne sont pas renforcés par une vision prospective permettant d’anticiper (prévenir) plutôt que de guérir, et de garantir la résilience des solutions proposées à moyen et long terme.
En effet en l’absence d’une planification prospective, nous resterons dans un cercle vicieux où nous réagissons plutôt que d’anticiper. Chaque fois que des mesures sont prises pour résoudre le problème, celui-ci réapparaît avec plus d’intensité (la ville continue de s’étendre, la population augmente de manière constante, et la pression sur le réseau routier s’accroît).
Pour atteindre cet objectif, il est essentiel d’adopter une vision globale du problème de la fluidité du trafic dans la capitale, basée sur des données scientifiques précises et partant d’un diagnostic objectif du phénomène, car un problème bien posé est à moitié résolu.
Ce diagnostic repose nécessairement sur une étude scientifique objective qui examine la situation actuelle et propose une vision prospective pour un programme ambitieux à moyen terme, avec un horizon temporel qui peut être fixé à 2040 à titre d’exemple.
Bien entendu, cette étude doit prendre en compte les recommandations du « Schéma Directeur d’Aménagement Urbain » (SDAU) de Nouakchott, qui a été validé par le gouvernement.
Cette étude, qui part de la situation actuelle en prenant un instantané du trafic, est attendue pour proposer un programme exécutif définissant les données suivantes :
* Linéaire des sections de routes à construire chaque année ainsi que leur coût.
* Identification des zones prioritaires pour la construction.
* Identification des points nécessitant la construction des ponts ou des échangeurs.
En attendant la réalisation d’une telle étude, il est possible de travailler sur les propositions (pratiques) urgentes suivantes, qui contribueront sans aucun doute à réduire les embouteillages aux points noirs. Ces dispositions ne manqueront pas d’être identifiés par toute étude sérieuse et répondent à un besoin qui fait déjà partie du quotidien des citoyens :
1. Relier les moughataa de la capitale par des voies larges permettant le transfert entre elles en contournant les voies actuelles déjà encombrées (à titre d’exemple, sans s’y limiter au niveau de Tevragh Zeina : élargissement de la route reliant route nouadhibou-centre de cardiologie-Bewadi-route Akjoujt, construction d’une voie reliant le carrefour SNDE à l’université … etc.).
2. Construire des ponts aux points noirs suivants : carrefours : SNDE, BMD, Rabiaa Ichrine, Bouhdida, Ten Souilem.
3. Travailler sur un plan pour résoudre le problème du manque de zones de stationnement, notamment dans le centre-ville et à proximité des grands marchés (centre-ville, Ksar, Sebkha, Elmina… etc.). Il est possible, par exemple, de construire des immeubles-parkings à proximité des grands marchés.
4. Travailler à moyen terme pour réduire la concentration des services dans le centre-ville (marchés, banques, services publics, etc.).
Sid Ahmed Ould Ibrahim
Ancien Directeur Général des Infrastructures de Transport
Nouakchott, le 12 février 2025