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Une Table ronde pour réfléchir à la santé maternelle et au numérique en Mauritanie

Nouakchott – 8 mars 2025

Réduire la mortalité maternelle en Mauritanie grâce au numérique : une ambition réalisable ou une illusion technologique ?

C’est autour de cette question centrale que s’est tenue, le 8 mars dernier, une table ronde organisée par DigitElles, en partenariat avec la CNASS, ENABEL, Expertise France, le Programme National de Santé de la Reproduction, l’ENSSS, l’Association des Filles et Femmes Cheffes de Famille et l’Union européenne.

Réunissant des professionnels de la santé, des experts du numérique et des acteurs de la société civile, cet événement a permis d’examiner les défis liés à la grossesse et d’envisager l’apport des technologies digitales pour améliorer l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales, où les inégalités sont les plus marquées.

Un état des lieux alarmant

Dès les premières interventions, les spécialistes de la santé ont dressé un constat préoccupant : la mortalité maternelle en Mauritanie reste élevée, particulièrement dans les zones reculées, où l’absence de structures de soins adaptées et le manque de suivi médical augmentent les risques pour les femmes enceintes.

Les gynécologues, sages-femmes, assistantes sociales et membres de la société civile ont partagé leurs observations de terrain, soulignant que de nombreuses femmes enceintes n’ont accès à un professionnel de santé qu’en cas de complications graves, faute de structures médicales de proximité ou de moyens financiers.

Le numérique, une solution à explorer

Si le digital est souvent perçu comme un outil réservé aux milieux urbains, la table ronde a mis en lumière son potentiel pour améliorer la santé maternelle, y compris en milieu rural.

DigitElles a projeté plusieurs exemples de solutions numériques qui pourraient être adaptées au contexte mauritanien, en fonction des réalités locales et des besoins des femmes :

Des campagnes SMS d’information, permettant aux femmes rurales de recevoir des conseils médicaux et des rappels de suivi de grossesse.

L’utilisation des réseaux sociaux et des plateformes numériques, pour diffuser des contenus éducatifs en langues locales, accessibles même aux personnes à faible niveau d’alphabétisation grâce à des formats audio et vidéo.

L’optimisation des canaux de communication entre les patientes et les professionnels de santé, à travers des solutions simples comme WhatsApp, les hotlines médicales ou des systèmes de téléconsultation adaptés aux zones mal couvertes par Internet.

« Le numérique ne remplacera pas les infrastructures médicales, mais il peut être un levier essentiel pour sensibiliser, informer et orienter les femmes vers les soins appropriés », a souligné Yamina BENDAIDA Présidente de l’ONG DigitElles, insistant sur la nécessité d’adapter ces outils au contexte local et de réduire la fracture numérique qui reste un frein majeur.

Des recommandations pour l’avenir

Après trois heures d’échanges, plusieurs recommandations concrètes ont émergé :

Développer une campagne nationale de sensibilisation digitale sur la santé maternelle, en partenariat avec les opérateurs téléphoniques, afin d’atteindre un maximum de femmes via SMS, WhatsApp et plateformes mobiles.

Former les professionnels de santé à l’usage du digital, pour améliorer l’accompagnement des patientes à distance et favoriser une meilleure coordination entre les hôpitaux et les relais de santé communautaires.

Renforcer les synergies entre les acteurs de la santé et du numérique, en mettant en place un cadre de collaboration qui permette d’intégrer durablement ces outils dans les politiques de santé publique.

Et après ?

La table ronde a permis de poser les bases d’une réflexion approfondie, mais les participants sont unanimes : ces discussions doivent maintenant être suivies d’actions concrètes.

DigitElles, avec l’appui de ses partenaires, entend poursuivre cette dynamique en lançant des projets pilotes, qui permettront de tester l’impact du digital sur l’accès aux soins maternels en conditions réelles.

« Cette table ronde n’est qu’une étape. Il est impératif que les solutions proposées soient mises en œuvre rapidement, avec le soutien des autorités sanitaires et des partenaires techniques, afin d’apporter un réel changement pour les femmes enceintes en Mauritanie », a déclaré Fatimetou Mint Moulaye coordinatrice du Programme national de santé de la reproduction.

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