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Corruption en Mauritanie : quand l’absence de contrôle numérique devient l’une de ses causes profondes

Alors que plusieurs pays africains s’orientent vers une gouvernance numérique transparente et sécurisée, la Mauritanie souffre encore d’une fragilité structurelle de son système numérique public une faiblesse rarement abordée mais qui joue un rôle essentiel dans la persistance de la corruption.

La corruption en Mauritanie ne résulte pas uniquement de comportements individuels déviants mais aussi – et surtout – d’un système administratif non numérisé, non contrôlé, et souvent opaque.

Il n’existe pas de traçabilité claire des marchés publics, des budgets ministériels, des transferts de fonds, ni de la mise en œuvre effective des projets Des contrats sont attribués, des sommes sont dépensées, des rapports sont rédigés…

Mais le citoyen n’a aucun accès à ces informations, ni à des plateformes fiables pour les vérifier.

L’absence d’une plateforme numérique centrale, publique et transparente constitue une faille systémique qui nourrit la corruption et bloque toute tentative sérieuse de réforme ou de redevabilité.

Ce problème est aggravé par l’absence d’un cadre national de cybersécurité et de protection des données ce qui rend les documents vulnérables à la falsification, à la suppression ou à la manipulation.

Et la question fondamentale demeure.

Comment lutter contre la corruption quand on ne possède même pas les outils pour la détecter. La surveillance numérique n’est plus un luxe.

C’est aujourd’hui une condition fondamentale pour la justice, la réforme et la souveraineté d’un État moderne.

À travers ce message, je propose les recommandations suivantes :

1. Création d’une autorité nationale indépendante pour la cybersécurité et la transparence numérique

2. Développement de plateformes gouvernementales ouvertes, publiant les données publiques de manière régulière

3. Adoption du principe de “transparence par défaut dans tous les projets de l’État

4. Formation des agents publics à la gouvernance numérique et à la protection des données

La Mauritanie a besoin d’une renaissance institutionnelle réelle et cela ne peut se faire sans une base numérique solide.

Les données sont un pilier de la souveraineté. La transparence est le premier rempart contre la corruption. Nous avons une opportunité historique de reconstruire la confiance entre l’État et ses citoyens. Mais cette confiance ne se bâtira pas avec des discours, elle se construira avec des plateformes, des preuves, et des chiffres.

Nebil Soumare

Fondateur de l’organisation “Echo of Freedom (صدى الحرية), une initiative pour la défense des droits humains et la justice sociale.

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