Le Parlement répond aux accusations de Kadiata de restreindre le travail de contrôle

Le parlement mauritanien s’est dit surpris par la déclaration de la parlementaire Kadiata Malik Diallo, dans laquelle elle critique le rejet par la conférence des présidents du parlement de sa demande d’interroger le ministre de l’intérieur sur l’expulsion des migrants, soulignant que cette déclaration intervient un jour après que la parlementaire a répondu à une demande de transfert de son interrogation à une question orale, fondée sur l’absence d’urgence ou la gravité des faits à l’origine de l’interpellation.
Le parlement a confirmé que Kadiata Malik diallo a déposé la question orale à laquelle elle a renvoyé son interrogatoire du ministre de l’Intérieur à l’autorité compétente le 09 avril.
« La pratique du contrôle parlementaire du travail gouvernemental n’a cessé au cours d’aucune des sessions parlementaires », indique le communiqué, accusant les députés de “respecter rarement l’ordre du jour des sessions plénières et des réunions des commissions consacrées respectivement à la discussion et à l’étude des projets de loi, et nombre d’entre eux consacrent l’essentiel du temps qui leur est imparti à interroger le ministre délégué sur la gestion de son secteur et le travail gouvernemental en général ; en outre, l’Assemblée nationale veille à programmer les questions orales conformément aux procédures régissant ses travaux, chaque fois que l’occasion se présente”.
Le Parlement a également souligné que sa volonté d’assurer l’exercice par les députés de leur mission de contrôle du travail gouvernemental à travers la constitution d’une commission d’enquête parlementaire ne peut en aucun cas justifier la violation des dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée.
La Mauritanie est « la première en Afrique et la deuxième dans le monde arabe dont le parlement possède une chaîne de télévision, la seule qui retransmet les délibérations parlementaires en direct et sans interférence, et son indépendance et son égalité pour les différentes équipes parlementaires, ce qui en a fait un modèle à suivre », a déclaré le parlement dans son communiqué, ajoutant que des délégations parlementaires de pays frères ont récemment visité la Mauritanie pour bénéficier de cette expérience.
Le long communiqué fait état de la préférence de Kadita Malik d’utiliser les médias sociaux – au lieu des organes de l’Assemblée nationale où elle représente son équipe parlementaire – comme canal pour exprimer sa dénonciation de ce qu’elle considère comme une obstruction au travail parlementaire, muselant la bouche des députés et transformant l’Assemblée nationale en une simple salle d’enregistrement.
Le parlement a déclaré que la parlementaire « sait sans aucun doute – elle est la députée élue pour trois mandats – que les mécanismes de contrôle parlementaire du travail du gouvernement sont nombreux et variés, allant de la question écrite à la pétition de contrôle, en passant par les questions orales des deux types, les interrogatoires, les enquêtes et les investigations, en plus des briefings du gouvernement prescrits par la Constitution », notant que « chacun de ces mécanismes a sa propre forme, ses méthodes, ses limites et ses exigences pour son utilisation, le tout bien sûr selon les règles fixées par les textes régissant le travail de l’Assemblée nationale ».
Le communiqué ajoute que la parlementaire « sait sans doute – et elle fait partie des députés qui ont rédigé le règlement intérieur de la chambre – que l’interrogatoire est utilisé à la place de la question, lorsqu’il s’agit de demander des explications sur l’exercice par le gouvernement ou l’un de ses membres de leurs pouvoirs ou sur le fonctionnement d’un équipement public qui relève de leur compétence, et que l’interrogatoire doit être justifié – entre autres conditions – par l’urgence et la gravité des faits qui le motivent. »
Le Parlement a confirmé dans son communiqué que Kadita Malik diallo a déposé son interpellation au Parlement le jeudi 03 avril 2025 sur l’expulsion des immigrés résidant illégalement en Mauritanie, et un jour ouvrable plus tard, cette interpellation a été inscrite à l’ordre du jour de la réunion de la Conférence des Présidents (organe chargé de la programmation des sessions de l’hémicycle et du renvoi des questions et interpellations au gouvernement et qui comprend deux membres de l’équipe parlementaire de l’honorable députée, composée de sept membres).
Le Parlement ajoute que l’organe a décidé, sans vote, de demander à la députée de transformer son interrogation en question orale, afin de se conformer aux dispositions du règlement intérieur, car il n’a pas trouvé dans les justifications données par la députée un sentiment d’urgence ou la gravité des faits à l’origine de l’interrogation.