Burkina Faso : la tragédie de Solhan « ne restera pas impunie », assure le Premier ministre
France24 – Le chef du gouvernement burkinabè, Christophe Dabiré, s’est rendu lundi à Sebba où il a rencontré des rescapés et des proches des victimes des attaques jihadistes meurtrières survenues ces derniers jours. Il affirme que le Burkina Faso sera capable d’apporter « une réponse appropriée ».
Après les attaques qui ont fait 160 morts le week-end dernier dans le nord du Burkina Faso, le Premier ministre burkinabè Christophe Dabiré a promis, lundi 7 juin, que « cette incursion meurtrière (…) ne restera pas impunie ».
Il s’est exprimé à l’issue d’une rencontre avec les populations de Solhan, réfugiées à Sebba, le chef lieu de la province du Yagha, où il s’est rendu en hélicoptère avec cinq membres du gouvernement.
« L’espoir est permis parce que nous allons nous réorganiser pour pouvoir apporter la réponse appropriée à la situation », a-t-il poursuivi, avant de visiter le lieu de l’attaque. « Le lendemain de l’attaque, nous avons pris des dispositions sécuritaires et aujourd’hui cette partie du territoire est occupée par un certain nombre de forces qui sont en train de faire un ratissage », a ajouté le Premier ministre.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des hommes armés, soupçonnés d’être des jihadistes, ont attaqué le village de Solhan, dans la province du Yagha (région du Sahel), tuant 132 personnes selon le gouvernement, tandis que des sources locales évoquent un bilan de 160 morts.
« Malencontreusement on a pu faire une addition des victimes de la commune de Yagha et de la commune de Markoye puisque dans la même nuit du 4 au 5 juin, des attaques ont également eu lieu dans la commune de Markoye (13 morts) et dans une autre localité (15 morts) », a indiqué le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ousséni Tamboura, pour expliquer cette divergence.
« On a pu additionner les victimes de ces différentes communes (132+13+15) qui font naturellement 160 morts », a-t-il relevé.
Une zone quasi désertée
Lundi, le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré, a interdit « jusqu’à nouvel ordre » la circulation des engins à deux et trois roues dans cette zone. Une mesure qui s’ajoute à un couvre-feu instauré dans ces zones de 19 h (locales et GMT) à 5 h, en vigueur depuis octobre 2019 et régulièrement prorogé depuis.
La province de Yagha est une zone d’action du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda) et de l’organisation État islamique. Rivaux, ils combattent pour le contrôle des territoires.
La zone était depuis plusieurs mois quasiment désertée par les forces de sécurité. Un détachement militaire est bien présent à Sebba, à une vingtaine de kilomètres de Solhan, mais n’est intervenu que plusieurs heures après l’attaque.
Les Forces de sécurité peinent à enrayer la spirale de violences jihadistes qui ont fait depuis 2015 plus de 1 400 morts et plus d’un million de déplacés.
Fin 2019, Ouagadougou a officialisé la mise en place de groupes locaux d’autodéfense, supplétifs civils de l’armée, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). C’est face au « sous-effectif » de l’armée que le président Roch Marc Christian Kaboré a « autorisé l’enrôlement » de VDP, selon le chercheur burlinabè Drissa Traoré.
Mais, comme au Mali voisin où l’État a officieusement soutenu plusieurs milices, l’essor de ce groupe paramilitaire a entraîné des représailles contre les civils, premières victimes du conflit sahélien. Ils sont visés par les VDP et/ou l’armée quand ils sont soupçonnés de soutenir les jihadistes, et par ces derniers quand ils sont accusés d’être proches des autorités.
Des militaires étrangers, français de l’opération Barkhane et tchadiens de la force régionale du G5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Burkina, Mali et Niger), opèrent également dans le nord du Burkina où des opérations conjointes sont organisées.
Avec AFP