Le général Mohamed Ould Meguett ou le choix de la raison d’Etat
Partira…partira pas, jamais un choix pour le maintien d’un chef d’Etat-Major des Forces Armées et de sécurité, ne s’est posé avec autant d’acuité qu’en cette année cruciale de 2021.!!! Un dilemme cornélien qui doit aboutir sur un cas de force majeure, et dont le choix en définitive ne peut ( tu dois donc tu peux) venir que du seul président de la république chef suprême des Armées.
Certes le choix présidentiel suppose légitimement une liberté de préférence…. marquée pour quelqu’un. Mais au-delà des considérations réglementaires ou de préséance, l’impériosité factuelle de ce choix, à un tournant fatidique de notre histoire militaire transcende les petits calculs de politique politicienne et impose un acte patriotique, qui se doit de tenir compte cette fois des intérêts supérieurs de la nation.
Car il n’est un secret pour personne que le chef d’Etat-Major des Armées, le général Mohamed Ould Bamba ould Meguett pourrait prévaloir ses droits à la retraite ( 2éme section) cette année. Dans ce cas de figure sa succession sera ouverte au dernier trimestre de 2021, et avouons-le, l’écurie des prétendants ne désemplit pas, chaque « candidat » ayant le pied à l’étrier, au même moment pourtant où il y a un manque cruel de l’embarras du choix.
On ne peut reprocher aux prétendants tels Bourour, Moktar Ould Bollé, ou l’amiral Isselkou et tant d’autres képis étoilés…le manque de volonté à assumer des responsabilités. Mais être un chef d’Etat-Major de Mauritanie d’ici la fin du premier mandat présidentiel en 2024 suppose une figure de proue qui rassemble, mais qui ne divise pas, qui ne clive pas, être à l’image d’un réceptacle « poreux à tous les souffles » d’où qu’ils viennent plutôt qu’un chef sectaire, à l’oreille attentive à l’espionite, aux discours partisans ou népotiques..
Faisons d’abord l’état des lieux avant le défi générationnel qui s’imposera si le général Mohamed Ould Meguett devrait partir cette année. Je suis persuadé d’une chose qu’au départ de Meguett, un conflit de succession verra le jour à l’Etat-Major National et n’en finira pas d’empoisonner la vie militaire. Ainsi Meguett parti, ce sera le tour de l’adjoint Moktar Ould Bollé ; ce qui ne conviendra pas à Bourour plus ancien qu’il faudra déplacer de la Garde Nationale.
Et qui sera l’adjoint de Moktar: le général de brigade Brahim Vall Ould Cheibani du collège de défense?(et si Moktar n’en voulait pas), le général Hreitany?(pas sûr car l’aviation est mieux qu’être un éternel second).
Certains généraux n’attendent que ce scénario pour venir à la charge. Ce sera le début des querelles de sensibilités, d’égos au détriment de la principale mission d’un chef d’Etat-Major incontestable et incontesté. Une occasion en or pour les ennemis de la Mauritanie de la malmener, et enfin la dépecer.
D’ailleurs voyons de près le magma qui couve et pour lequel il faut un officier sage, expérimenté, qui ne soit pas porté que sur l’argent qu’il peut gagner en étant chef d’Etat-Major des Armées. Un général capable de contenir tous les soubresauts qui peuvent envenimer son parcours, au regard de la fonction capitale qu’il assume.
A/ Le club de l’Adrar:
D’habitude les officiers de l’Adrar en avance sur leur époque de par leur environnement géographique sec, leur proximité d’avec les contrées du Nord, rusant avec les aléas de la nature, perspicaces et vivaces, ont toujours tiré les ficelles à leur profit, mais de manière discrète. L’austérité de la nature crée souvent chez l’homme une intelligence adaptée à la justification de la fin par des moyens dignes de l’offrande piégée du cheval de Troie.
En effet du temps de Maawiya, il existait un conflit permanent entre les officiers de l’Est et ceux de l’Ouest (Trarza), surtout au moment où feu le colonel Ould Minnih était chef d’Etat-Major. Les officiers de l’Adrar, s’ils n’attisaient pas le feu, ne faisaient rien pour l’éteindre. Au contraire …qui dit mieux? Le général de la 2éme section Mohamed Ould Hadi est une carte-mémoire de cette époque.
Ainsi depuis l’arrivée au pouvoir de Ghazwani, il semble que les officines des « milles collines » du pays de l’illustre émir Ahmed Ould Mhamed, longtemps muettes comme des carpes sous le régime de l’ancien président Aziz, sont devenues subitement opérationnelles voire offensives, ne chômant plus. La propagande a atteint son paroxysme alimentée par la gesticulation de l’ancien président qui agite ça et là l’étendard à peine voilé du régionalisme.
Même le fils des deux plus grandes tentes arabes (tantes) de l’Adrar, le général de brigade Lebatt Ould Maayouf commence à épouser cette « pluie de l’expérience qui jamais n’instruit ». Le général Lebatt est un officier dynamique, un commando formé aux USA et que je respecte. Il le sait.
Mais il ne doit pas oublier qu’il est soumis au devoir de réserve, étant à la 2éme section, avec son salaire, son traitement de général, qu’on peut mobiliser à tout instant pour encore quelques années. Je lui propose en cousin admiratif de cesser de mettre de l’huile sur le feu.
Au lieu de jouer au militantisme pro domo, cet officier valeureux ferait mieux s’il devrait agir à travers les réseaux sociaux, de le faire de manière responsable. Il est inconcevable pour un général républicain à la réserve comme Lebatt Ould Maayouf de demander la démission d’un président à mi-mandat, de surcroît démocratiquement élu.
Connaissant l’homme, je suis convaincu que ses propos d’ailleurs sibyllins, sont à mettre sur le compte de l’atmosphère subversive que traverse notre pays en ce moment. D’autres officiers de moindre acabit que lui, attisent la scène médiatique également mais par blogueurs interposés.
B/ Le temple « hindouiste » de Néma :
Il existe actuellement au sein de l’Armée mauritanienne une métastase d’officiers issus de la périphérie de Néma, arrivés au sommet de la pyramide par le truchement de pratiques dolosives et qui croient pouvoir peser sur le destin de la Mauritanie. Peine perdue pour ces hâbleurs, qui en carriéristes avantageux lèchent tous les chefs, au seul dessein de satisfaire leurs seuls intérêts égocentriques.
L’Etat-Major National ne devrait pas être l’abreuvoir d’entités qui exercent un lobbying digne des coulisses de la knesset sioniste. Nous disons feu à la marmaille et en patriotes engagés, prêts à en découdre, nous n’accepterons pas que le dernier rempart à notre souveraineté qu’est l’Armée soit entre les mains de quelques Brutus ou Cassius, autrement des individus opportunistes sans foi, ni loi dont le curriculum vitae est le contraire même de la morale et de l’éthique universelles.
S’il faut parler du Hodh Chargui dans son ensemble, on peut citer d’excellents officiers qui n’ont rien à envier en matière de compétence, ils sont issus de Bassiknou( le ministre de la défense et son neveu du BED en sont l’illustre démonstration) , ou même de Néma-centre tel que le jeune général Aba Ould Bebty, sans oublier le cavalier Elyzaid, ou originaire du Dhar, tel le brillant saint-cyrien Hamadé Ould Boidé, un soldat d’avenir, mais qui doit éviter à vouloir brûler les étapes à l’instar d’une poignée de ses collègues de la même génération, qui d’ailleurs ne pensent qu’à se faire de l’argent, beaucoup d’argent. Ce jeune homme a toutes les qualités d’un chef mais quelques petites années après le Meguett.
C/ Le général Mohamed Ould Meguett: partira ? non ..partira pas.
A première vue, vous le prendriez pour « l’oncle Tom », tellement il est accessible, spontané, sincère, et débordant de probité,. Sa générosité frise le seuil acceptable de l’entendement. Creusez un peu et vous trouverez que l’homme a enrichi son sens critique et de critique, car derrière ce « resto » du coeur couve la flamme de la compétence étendue et surtout une personnalité imputrescible. Toujours le même H 24, toute l’année, prêt à rendre service à qui que ce soit.
Matinal, ponctuel ,ne laissant trainer aucune instance sur son bureau, l’homme avec ses ailes de géant maîtrise bien la mission qui lui a été confiée. En une seule année de service, son palmarès peut-être comparé à celui du pionnier Yall Abdoulaye et au réformiste Ghazwani.
Le général Meguett est le dernier des officiers de valeur que comptent encore l’Armée mauritanienne. Rien ne lui échappe, il connaît tous ses grands subordonnés de A à Z, mais son éducation l’empêche d’offenser qui que ce soit. Un caractère qu’il partage avec le président Ghazwani.
Certes qu’il commande une Armée qui s’est forgée dans des conditions difficiles, pendant la guerre du Sahara, de laquelle elle a pu sortir pour ainsi emprunter le chemin de la modernité, après le coup d’Etat du 10 juillet 1978.
Ceci grâce à la clairvoyance de deux chefs d’Etat-Major, à savoir le colonel Yall Abdoulaye et récemment le général Mohamed Ould Ghazwani. Le colonel Yall, un pionnier pour avoir planté les premiers jalons de la discipline et la rigueur; Ghazwani pour avoir été à l’origine des changements structurels, autrement du professionnalisme de notre Armée, après un « long sommeil hivernal » de 1986 à 2006.
L’Armée a subi beaucoup de secousses qui ont failli lui être fatales, à savoir les coups d’Etat, les complots, etc…et elle s’en est toujours sortie, malgré quelques traces indélébiles( radiation des baathistes, des supposés cavaliers du changement, et surtout les exactions contre les militaires négro-mauritaniens etc…)
Mais hélas l’ancienne génération commence à se dissiper et la nouvelle, nantie d’un nouveau logiciel dont l’argent est le centre d’intérêt, peu soucieuse de l’héritage, agit en prédatrice, à une ou deux exceptions près.
Tout est question d’argent maintenant. En effet le vocabulaire en vogue chez certains officiers, à peine capables de travailler dans un état-major et pressés de prendre la relève, ce n’est plus » tiens tu as couru combien de km ce jour, ni quelle est la nature du nouvel armement russe déployé en Syrie, ni comment contenir une cyberattaque… »mais plutôt » combien d’appartements tu as construits, et ta nouvelle VX , est-elle de couleur blanche ou noire. ?
Certes un officier a besoin d’un minimum de confort pour lui et surtout pour sa petite famille, afin de pouvoir remplir au mieux sa mission. Il a le droit d’avoir sa propre maison, voire même une résidence secondaire; ses enfants doivent être éduqués, soignés .
Mais il ne doit pas détourner excessivement, car cela va le détourner à son tour de sa mission. Un militaire en activité ne doit jamais être riche, il doit juste être à l’abris du besoin, des tentations à la corruption, de l’intelligence avec l’ennemi etc…Rares sont les généraux de notre Armée qui ne disposent d’un patrimoine mobilier et immobilier conséquent et ce, au vu et au su de pauvres citoyens qu’ils sont sensé défendre.
Quand on sait que la richesse inutile débouche sur le stress, qui engendre l’immobilisme, ensuite l’indifférence et enfin le déclin, dans la plupart des situations, il est judicieux de savoir que l’argent seul ne fait pas le printemps. Notre Armée qui demeure le dernier rempart à l’explosion du pays doit échapper à ce scénario eschatologique.
Et qui pourrait en ces temps incertains remplir cette mission et amener nos navires à bon port? Ce doit être un officier sage, soucieux du bien-être de ses soldats, en patrouille aux confins de nos lointaines frontières, de ses cadres sous-officiers, de ses jeunes officiers pour leur montrer le bon chemin.
Personnellement et je le dis haut et fort et pour le bien de la Mauritanie en général, celui de l’Armée en particulier, connaissant l’institution militaire et tous les hauts gradés qui la composent, je suggère au ministre de la défense le général Hanené Ould Sidi de conseiller au président de la république le maintien pour le reste de la mandature (2024) le général de division (pourquoi pas de corps d’Armée c’est juste une appellation comme le CEMGA sénégalais) Mohamed Ould Bamba Ould Meguett.
Je propose également au président, comme il se passe au Sénégal la nomination dans nos représentations diplomatiques des 4 pays limitrophes de généraux issus de la 2éme section. En effet au Mali, au Sénégal, en Algérie et au Maroc, l’aspect sécuritaire prime sur tout, hors mis le caractère économique.
Un exemple ;mettre le général Dah El mamy au Sénégal ou au Mali; le général Lebatt Ould Maayouf au Maroc ou au Sénégal; le général Znagui Ould Sidahmed Ely en Algérie etc…exception: les médecins qui pourront exercer en cliniques privées ne seront pas concernés./.
Ely Ould Krombele, France