Projet de loi sur la double nationalité/ Par Mariéme Couro Bâ, députée à l’Assemblée Nationale
Mariéme Couro Bâ – La décision d’accepter la double Nationalité en Mauritanie est une décision rationnelle et hautement bénéfique pour notre pays qui regorge de cadres et d’investisseurs éparpillés dans le monde et qui peuvent apporter une valeur ajoutée indéniable à notre cher pays.
Cependant les dispositions de l’article 31 ( nouveau) de la loi n 61-112 du 12 juin 1961, modifié, portant code de la nationalité sont à revoir.
Si nous voulons faire bénéficier de tous les avantages à tous les Mauritaniens sans aucune discrimination et faire bénéficier également notre pays de ces avantages, nous devons revoir l’article 31 nouveau.
Cet article est en lui même contradictoire avec l’objectif de la double nationalité qui vise l’intégration et l’implication équitable de tous les citoyens mauritaniens au profit de la propulsion de notre pays au cœur des pays émergents décomplexés de tout dénis.
Nous soulignons que les Mauritaniens qui ont pu obtenir la double nationalité dans d’autres pays ne l’ont obtenu que par mérite lié soit à leur niveau intellectuel ou soit à l’apport qu’ils ont eu dans leurs études, leurs travails ou leurs investissements pour les pays hôtes.
Rappelons à cet effet que ce n’est pas n’importe qui, qui obtient la nationalité. Les conditions sont très restrictives:
1- il faut avoir un casier judiciaire vierge durant tout le séjour dans le pays d’adoption. Donc être en soit un modèle de correction.
2- il faut avoir des qualités intrinsèques d’adaptation.
3- des diplômes ou une expérience bénéfique pour l’intérêt général, ou alors des investissements qui contribuent au développement et à la prospérité du pays.
Ainsi pour dire qu’ils choisissent les meilleurs des immigrants et étudiants pour rester chez eux afin de contribuer à la prospérité ainsi qu’au développement économique et social.
D’ailleurs les citoyens ayant acquis dignement le mérite sont encouragés à rester par plusieurs avantages, souvent plus intéressants que ceux qu’ils peuvent obtenir dans leurs pays d’origine. D’où la fuite des cerveaux que connait tous les pays du tiers monde.
L’école républicaine que nous souhaitons tous, ainsi que tous les investissements que nous faisons au profit de nos enfants, ne servirons à rien si c’est finalement d’autres pays qui vont les récupérer par défaut d’obtenir l’équité et l’égalité des droits dans leur propre pays. Personne ne reviendra pour se cloisonner dans une carrière professionnelle sans perspective.
Tous ceux qui choisissent de revenir malgré la double nationalité le font par amour de la patrie. Pourquoi alors les repousser indirectement par des blocages de postes et vouloir faire d’eux des subalternes dans l’état ?
Bien au contraire ce sont eux qui méritent notre considération et nos encouragements. Nous ne devons pas inciter nos frères et nos enfants qui font des études et des sacrifices à déserter le pays, alors qu’il y’a de la place pour tout le monde.
La Mauritanie réclame l’implication de tous les citoyens pour sa construction décomplexée.
Nous devons transcender les idéaux qui nous tirent vers le bas et à cet effet encourager la méritocratie.
Nous devons briser le cycle de la médiocratie et le bradage de nos ressources humaines et matérielles.
En excluant une frange non moins importante de nos concitoyens nous nous condamnons à la médiocrité et au retard de développement. Déjà que le pays est sous peuplés par rapport à nos ressources, si de surcroît nous voulons exclure des centres de décisions, ceux qui sont les plus aptes à nous aider, nous voulons soit inciter la triche en dissimulant l’existant soit réfuter et rejeter nos talents.
Nous proposons:
1-L’égalité des chances pour tous les citoyens sans quelconque discrimination, dans l’objectif de rattraper notre écart de développement par rapport aux pays disposant de même niveau de ressources, et également pour éviter par la même occasion la fuite des cerveaux et qui entraine par la suite une fuite des capitaux.
2-Nous souhaitons une suspension des droits et obligations liés à la double nationalité ou à une annulation de la double nationalité pour tous ceux pour des raisons de sécurité et de responsabilité sécuritaire, doivent être délivré de toute responsabilité diplomatique étrangère. Du moins durant leurs missions ils devraient expressément renoncer aux droits et obligations que leurs confèrent une autre nationalité, autre que celui du pays d’exercice de la fonction. Il pourrait s’agir entre autres du poste de président de la république et des chefs d’état Major.
Et éventuellement des ministres régaliens : défense, justice et l’intérieur. Les élus et les autres fonctions ont tout intérêt à garder tous leur droits liés à la double nationalité car ceux-ci pourraient s’en servir pour drainer des capitaux et des compétences.
Nous soulignons au passage que plusieurs dirigeants du monde ont la double ou alors plusieurs nationalités cela n’entache en rien leur loyauté dans l’exercice de leurs fonctions. Citons entre autres Bill Clinton,Nelson Mandela, john Kerry, Emanuel Valls, le président Barro, cheick Modibo Diarra anciens Pm du Mali et imminent ingénieur de la NASA koffi anane….. et bien d’autres encore. La nomination très récemment par Donald trump de l’imminente matière grise marocaine Moncef Slaoui à la tête de la très prestigieuse direction scientifique “ du warp speed”, est la parfaite illustration de la récupération des compétences par la nationalisation.
Nous devons faire comme le Maroc, et comme tout les pays à l’affût de la mondialisation, qui sont entrain de faire une cartographie des citoyens hors paire dispersés dans le monde et qui peuvent ainsi les aider à relever les défis des géants du numérique comme les GAFAM et de l’intelligence artificielle, qui sont des enjeux majeures au 21e siècle.
Nous ne devons pas être en récule des pays en matière de chasse des cerveaux, dans un monde où les cabinets de chasseurs de têtes débusquent les plus grands talents, tandis que nous donnons l’impression de chercher à les démotiver. Par amour pour notre patrie et par jalousie de challenge à l’égard de notre pays soyons ouverts et lucides, en vue de changer enfin de cap.
Ceci est ma contribution objective et constructive pour ce grand pas vers l’humanité que la Mauritanie veut franchir.
Députée Mariéme Couro Bâ