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Ouadane : Un discours de haute teneur/El Wely Sidi Heiba

Cette cité a pu, des siècles durant, demeurer un carrefour commercial dynamique et un pont reliant l’Afrique du Nord à l’Afrique subsaharienne grâce au génie de ses oulémas, leur grande ambition et la profusion de leur savoir ainsi que la grande capacité d’innovation de ses fils qui ont fourni divers services dans les domaines de la production artisanale, du développement agropastoral, d’édifices architecturaux etc.
Ce sont ces franges qui ont permis de venir à bout des conditions naturelles difficiles. Sans leurs efforts légendaires, la cité n’aurait pas vu le jour et n’aurait pas survécu et résisté aux aléas du temps, pour recéler, aujourd’hui, cet immense trésor patrimonial.
Le Président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani
Il ne fait absolument aucun doute que le discours de Son Excellence le Président de la République à l’ouverture du festival des « Cités du Patrimoine », est venu, depuis l’indépendance, comme un « précédent » sur les plateformes politiques et forums culturels.

Ce discours tenu cette année, à l’occasion de la dixième édition dans la ville mythique de Ouadane, a bouleversé les règles de son organisation, et offert l’opportunité de leur révision dans la forme et dans le fond pour épouser un nouveau format scientifique et évolutif qui apporte au contenu et inaugure des méthodes de traitement pouvant répondre aux exigences de l’évolution générale du pays aux plans culturel, social, politique et de développemental à travers des « projets divers de développement qui contribuent à améliorer l’accès aux services de base tels que l’eau, l’électricité, l’éducation, au désenclavement, au développement agropastoral, etc ».
Il faut rappeler que les éditions précédentes du festival se déroulaient dans la monotonie absolue de la similitude en termes d’improvisation, d’imprécision et d’incohérence du contenu, bien loin de la mise en valeur scientifique et de la grandeur réelle du patrimoine historique et merveilleux des cités antiques. Tout au long de ses éditions les trésors architecturaux, les antiquités et les rares manuscrits ont toujours été exposé imprudemment à toutes les sources de pollutions dont les plus dangereuses sont :

  • La propagation tous azimuts des déchets nuisibles de la «société de consommation» dont les restes de bouts de cigarettes, de canettes de boissons vides en métaux, plastiques et autres, ainsi que des produits dont la composition renferme des corps chimiques nocifs qui contribuent à la dégradation des anciens matériaux construction, sable, argile herbe sèche qui constituent le ciment entre les pierres de ses édifices qui ont défié avec fermeté et sérénité les siècles et les éléments de la nature hostile.
  • la pollution sonore, causée par le vacarme des véhicules de toutes sortes, les vibrations émises par les haut-parleurs, les mouvements de foules se déplaçant tout au tour en même temps, qui affectent les fondations et les murs.
  • l’exposition au toucher et aux haleines des manuscrits, déjà affaiblis au cours de plusieurs siècles par les mains d’enseignants, d’étudiants, et de chercheurs ;
    Le président de la République qui a rappelé le rôle des savants de la cité, a aussi salué, comme aucun de ceux qui l’on précédé, le rôle des autres groupes de la population, eux qui ont, par leur intelligence et savoir-faire, construit la cité en lui donnant les moyens de sa survie et ses lettres de noblesse architecturale et artistique. Une révolution, au cours d’un pareil événement, contre les préjugés et un plaidoyer sans appel, devant le corps diplomatique présent, en faveur de ses couches nobles injustement décriées dans leur société, et dénonciation courageuse :
  • du «silence» injuste longtemps entretenu autour d’elle et durant toutes les éditions précédentes,
  • de la violation délibérée de leurs droits, place et considération dans la société,
    Le message a été ainsi libellé par le président de la République : « Au fil des époques successives, cette ville a pu être un centre économique actif, un pont qui relie l’Afrique du Nord à l’Afrique subsaharienne et une source de rayonnement civilisationnel généralisé, grâce au génie de ses savants, leurs bonne humeur, et l’abondance de leurs connaissances, ainsi que grâce aux capacités créatives supérieures de ses gens qui s’appuient sur divers services de l’industrie traditionnelle, du développement animal ou agricole, de la construction urbaine, etc. ».
    Un autre paragraphe du discours du Président de la République a fait clairement état de sa volonté de changer la « vision » statique de ce festival et de redéfinir ses enjeux et objectifs en y intégrant la « dimension de développement » au profit des habitants des cités. Une dimension qui a toujours occultée au cours des neufs précédentes éditions. Ce paragraphe mérite que l’on s y appesanti pour en apprécier la juste valeur de sa grande teneur, car il a fait état des infrastructures réalisées et mises en place en amont et en aval du festival de Ouadane :
    « Ce festival a pour objectif de célébrer notre patrimoine, de revaloriser ses villes, de les accompagner dans des projets de développement, de stabiliser les populations dans leurs foyers et de stimuler les industries culturelles et patrimoniales… Je me suis engagé à Chinguitti et à Ouadane à œuvrer à ce que ce festival ne soit pas un objectif en soi dont l’effet s’estompe aussitôt que s’achèvent ses manifestations».
    Il ne fait aucun doute, enfin, que ce paragraphe du discours fait aussi force de signal important au lancement d’un « pôle touristique multidimensionnel » vital, similaire au pôle de l’élevage dont le lancement a été donné par le président de la République l’année dernière depuis la ville de  » Timbedra », dans la wilaya du Hodh Chargui , ainsi que d’autres pôles similaires pour l’exploitation des richesses halieutiques, des mines, de l’agriculture et des riches oasis.

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