La Mauritanie classée bon élève par la COP26
La Mauritanie fait partie des pays qui ont d’ores et déjà déposé la soumission de leur contribution déterminée nationale (CDN) mise à jour. Ce pays se place ainsi en pole position et affirme son leadership dans la promotion des Accords de Paris.
Et cela lui a valu une reconnaissance de poids de la COP26 à travers la Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Une distinction en ce sens a été adressée le 21 octobre dernier à la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable.
La Mauritanie est ainsi félicitée pour ses remarquables efforts pour préparer cette nouvelle contribution malgré les défis de la COVID19.
En effet la planète toute entière est aujourd’hui dans la tourmente.
Les défis environnementaux et climatiques s’intensifient et interrogent désormais la prise de conscience et la responsabilité collective sans lesquelles le monde ne sera pas en mesure de maîtriser l’incendie qui s’annonce à plusieurs niveaux. L’heure est plutôt à l’action.
En Mauritanie, le rapport biennal actualisé sur le changement climatique (BUR 2), le dernier dans sa série, nous informe sur le niveau et l’évolution des émissions produites par les principaux secteurs socioéconomiques du pays.
Ainsi, les émissions anthropiques nettes de GES du pays, pour l’année 2018, sont évaluées à : 9944,618 Gg Eq-CO2, soit 2,5 tonnes Eq-CO2/habitant, contre 2,22 tonnes Eq-CO2/habitant en 2015, soit 12% d’augmentation sur la période.
Le secteur de l’agriculture, foresterie et affectation des terres «AFAT» reste dominant avec 65,74% des émissions, suivi de celui de l’énergie avec 33,26%. Les deux secteurs totalisent 99 % des émissions globales.
Quant aux secteurs des procédés industriels et l’utilisation des produits « PIUP » et déchets, ils se présentent comme des secteurs marginaux en termes d’émissions GES (1%).
Ces données ont permis au pays d’orienter les travaux de préparation de la nouvelle contribution déterminée nationale et de s’acquitter de son engagement solidaire dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Un programme ambitieux
Les efforts consentis par la Mauritanie s’inscrivent dans le cadre du « Programme Prioritaire Elargi du Président de la République » ( (ProPEP) et dans la « Déclaration de politique générale du gouvernement ». Il s’agit de : la production des énergies renouvelables (100 MW à Boulenouar et 48 MW OMVS Gouina) portant la part des énergies propres à 60% du Mix énergétique national horizon 2024 ; et le reboisement avec un objectif de 3000ha/an environ durant les cinq prochaines années.
Ce programme sera en mesure d’assurer une séquestration considérable des émissions de gaz à effet de serre.
La volonté de contribuer à l’effort global d’atténuation est certes forte mais ne fait pas oublier aux dirigeants du pays que leur priorité, en tant que pays en développement, demeure l’adaptation et la résilience au changement climatique.
Rappelons que le pays vient de loin. En effet, en 2018, les émissions totales de GES de la Mauritanie s’élevaient à 9944,618 Gg CO2 eq, soit une augmentation depuis 1990 de 185,67%. Cette augmentation est de 20,22% depuis 2015. Le principal GES émis en Mauritanie était le CH4 (53,02%), suivi du CO2 (28,35%). %), N2O (18,52%) et gaz fluorés (0,11%).
Le secteur de l’agriculture, foresterie et affectation des terres « AFAT » est le plus grand émetteur de GES avec 65,74 %, suivi de celui de l’énergie 33,26%. Cependant que le secteur des procédés industriels et utilisation des produits « PIUP » représente 0,22%) et celui des déchets environ 0,78%.
La Mauritanie a l’intention de contribuer à l’Accord Climat de Paris par une réduction de ses émissions de GES prévue en 2030 de 22,3%, soit 4.2 Millions de tonnes équivalent dioxyde de carbone (Mt eq CO2), par rapport aux émissions projetées pour la même année selon le scénario du cours normal des affaires (Business As Usual) qui évolue de 6.6 Mt eq CO2 en 2010 à 18.84 Mt eq CO2 en 2030. Ainsi, pour la période 2020-2030 le cumul des émissions évitées selon les mesures d’atténuation proposées sont d’environ 33,56Mt eq CO2. 12% de cette réduction potentielle des émissions pourront être réalisés par les moyens propres de la Mauritanie (part inconditionnelle de la Contribution). Tandis que 88% de la contribution, correspondent à la part de réduction des émissions conditionnée à l’appui international (part conditionnelle de la Contribution).
Tous les pays sont censés réviser leur CDN afin de faire preuve d’une plus grande ambition.
Au 30 septembre 2021, seuls 120 pays, représentant un peu plus de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre, avaient communiqué de nouvelles CDN ou des CDN actualisées.
Or, pour avoir une chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, la communauté internationale dispose de huit ans pour réduire les émissions annuelles de 28 gigatonnes supplémentaires d’équivalent CO2 (Gt éq CO2), en plus de ce qui est promis dans les CDN actualisées et les autres engagements pour 2030.
Bakari Gueye