Editorial : Ghazouani à Alger : La crise entre l’Algérie et le Maroc au menu
Le déplacement du président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ce lundi à Alger pour une visite officielle de 3 jours suscite un grand espoir dans la région.
Cette visite à caractère bilatérale à première vue sera sans nul doute mise à contribution par le président Ghazouani pour plaider en faveur de la paix entre les deux voisins et tenter d’apaiser les dernières tensions qui ont conduit à la rupture des relations diplomatiques.
Ardent adepte de l’intégration maghrébine, le président mauritanien s’est dès le début de la crise porté candidat pour jouer au médiateur.
Et il a une importante carte à jouer d’autant plus qu’il dispose d’importants atouts pour réussir à rapprocher les points de vue ou voire même à contribuer à enterrer la hache de guerre.
En effet, ses relations avec les deux pays sont excellentes et il jouit d’un capital de respect non négligeable de la part des dirigeants des deux Etats.
Ces deux pays rivalisent d’ardeur pour renforcer leurs relations avec la Mauritanie qui jouit d’une position géographique stratégique ainsi que d’opportunités économiques non négligeables.
Et l’Algérie peut-être plus que le Maroc lorgne de ce côté-là et ce d’autant plus que ce pays qui a jusque là misé sur sa manne pétrolière et gazière et dont l’économie est très peu diversifiée n’a plus d’autres choix que de s’ouvrir vers de nouveaux partenaires bilatéraux, régionaux et internationaux.
Suite au choc pétrolier, l’économie Algérienne est actuellement en pleine réforme et ces réformes entreprises depuis 2014 vont profondément impacter ses relations internationales.
C’est une économie très peu intégré à l’international avec un taux de pénétration très faible. Par exemple les exportations vers l’Afrique ne représentent guère plus de 2,6%.
La valeur du commerce avec l’Afrique subsaharienne se chiffrait à 200 millions de dollars en 2017.
L’Algérie n’est pas membre de l’OMC et son potentiel pour l’Afrique et le monde est extrêmement faible. Donc le pays gagnerait beaucoup à revoir son modèle de développement nationaliste et à s’ouvrir davantage ce que les autorités semblent bien comprendre.
Le contexte est de ce fait très favorable pour ramener les dirigeants algériens sur la table des négociations avec le Maroc.
Avec la Mauritanie, les relations sont présentement au beau fixe et en novembre dernier les deux pays ont convenu de créer une zone de libre-échange dans la région frontalière et les échanges commerciaux connaissent un nouveau regain.
Et c’est d’ailleurs aussi le cas avec le Maroc. Des visites officielles réciproques sont d’ailleurs prévues entre Sa Majesté le Roi Mohamed VI et le président Ghazouani.
Ce dernier semble bien tenir la position d’équilibriste de la Mauritanie sur la question du Sahara, une position confortable de plus qui lui permet de jouer les bons offices pour désamorcer la crise Algéro-Marocaine.
Bakari Gueye