Le chancelier allemand Olaf Scholz alerte sur «le piège de la dette» pour les pays du Sud
L’Allemagne s’inquiète d’une nouvelle crise financière possible qui menacerait les pays du Sud. Lors d’un débat à la 102ème édition du Congrès des catholiques dans la ville allemande de Stuttgart, Olaf Scholz s’est dit préoccupé par ce qu’il a appelé « le piège de la dette » pour les pays pauvres en particulier pour les prêts contractés auprès de la Chine.
L’afflux de prêts à long terme consentis par la Chine aux pays pauvres, notamment en Afrique, constitue « un danger sérieux » de voir le monde plonger dans une nouvelle crise financière, a affirmé le chancelier allemand.
Pékin est accusé, par l’Occident, d’utiliser son programme des Nouvelles routes de la soie pour exercer une influence sur les autres États. Ces pays, notamment les pays pauvres, alors qu’ils ne peuvent plus rembourser l’argent prêté, finissent par devoir céder le contrôle de leurs actifs clés.
Exemple: les projets faramineux au Sri Lanka qui ont creusé la dette extérieure du pays ou encore la Zambie, en défaut de paiement, depuis 2020 à cause de sa dette dont le tiers serait détenu par la Chine.
Pour contrer l’influence chinoise, Bruxelles a mis en place un plan d’aide au développement durable, baptisé Global Gateway. Ce sont 300 milliards d’euros, d’origine publique et privée, que l’Europe ambitionne de rassembler, d’ici 2027, afin d’investir dans des projets d’infrastructures à travers le monde.
« La Chine aurait intérêt à rejoindre le Club de Paris »
Selon le chancelier allemand, Olaf Scholz, « le piège de la dette » menacerait les pays du Sud. Il se dit prêt à convaincre la Chine de se joindre au Club de Paris, ce groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions de remboursement ou de rééchelonnement de la dette.
Joint par RFI, Philippe Crevel, économiste, directeur du Cercle de l’Epargne, estime que la Chine aurait tout intérêt à se joindre au Club de Paris car selon l’OCDE, il y a déjà une quarantaine de pays qui risquent un défaut de paiement face à la dette qu’ils n’arrivent pas à rembourser.
« Les pays émergents et en développement sont confrontés à des problèmes croissants en ce qui concerne leur endettement extérieur. L’inflation, les besoins de devises pour financer les importations ou encore la hausse des taux d’intérêt qui renchérit le coût des prêts sont des facteurs qui expliquent qu’un nombre de plus en plus important d’États, en Afrique en particulier, sont au bord du défaut de payement », analyse-t-il.
« La Chine refuse de participer au Club de Paris parce que la Chine préfère négocier au cas par cas, du style: « on peut vous annuler une dette ou une partie de dette mais on va prendre possession des infrastructures qu’on a construit d’un pont, etc… » C’est un rapport de force qui est différent, mais il est certain que dans les prochains mois, s’il y a des risques de banqueroute qui se multiplient, la Chine pourrait avoir intérêt à intégrer le Club de Paris parce que c’est quand même le moyen, pour l’ensemble des acteurs, d’être remboursés à minima, en cas de problème. Ce serait un message positif aux pays endettés », poursuit l’économiste.
Par RFI