Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken entame sa tournée africaine par l’Afrique du Sud
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est en Afrique du Sud pour débuter sa deuxième tournée africaine. Une tournée pour renouer avec le continent, afin de définitivement tourner la page Trump et contrebalancer l’influence de la Russie et de la Chine.
Après une visite d’un lieu de mémoire des émeutes de Soweto dimanche, le gros de la visite commence ce lundi : le secrétaire d’Etat devrait prononcer une discours clé à l’université de Prétoria et rencontrer son homologue sud-africaine, la ministre Naledi Pandor, pour relancer les « dialogues stratégiques » entre les deux pays.
Alors que ces discussions étaient organisées régulièrement par le passé, ils ont cessé d’exister sous la présidence de Donald Trump, peu intéressé par les relations avec l’Afrique. Il semble donc que l’administration Biden souhaite repartir du bon pied, avec l’un de ses alliés sur le continent.
Mais les deux nations ne sont pas toujours à l’unisson sur le plan diplomatique, notamment sur le front de la guerre en Ukraine, dont il sera question. La nation arc-en-ciel, qui fait partie des BRICS, s’est toujours refusée à condamner la Russie, préférant une position neutre.
Il devrait également être question d’échanges économiques, alors que les États-Unis sont le troisième partenaire commercial de l’Afrique du Sud -derrière la Chine et l’Allemagne – et l’une des principales sources de touristes internationaux pour le pays.
Enfin, c’est aussi à l’occasion de ce dialogue qu’Antony Blinken devrait présenter la « nouvelle stratégie pour l’Afrique » des États-Unis, qui vise à renforcer l’influence de Washington face aux puissances rivales, sans faire des pays du continent des pions sur l’échiquier politique.
Pourquoi Blinken entame sa tournée africaine par l’Afrique du Sud ?
Car depuis la présidence de Jacob Zuma, l’Afrique du Sud « s’est un peu plus rapprochée de la Chine et de la Russie » rappelle Bob Wekesa, directeur adjoint du Centre Africain des études américaines basé à Johannesburg. Le pays entretient toujours de bonnes relations avec les puissances occidentales, mais c’est un « allié des nations des BRICS », pointe le chercheur, qui « pense que les conseillers américains cherchent à redéfinir et à relancer les relations ». La position de l’Afrique du Sud suite à l’invasion de l’Ukraine en est un bon exemple.
Quant à la nouvelle stratégie américaine vis-à-vis de l’Afrique, « elle a pris du retard à être dévoilée, et si l’annonce est finalement faite ici, en Afrique du Sud, c’est sans doute pour utiliser le pays comme une plateforme, pour que cette stratégie soit entendue à travers le continent », estime Bob Wekesa.
Une analyse que partage Steven Gruzd, de l’Institut sud-africain des relations internationales. Selon lui, le choix de l’Afrique du Sud comme première étape est bel et bien due à la volonté de tourner la page de l’administration Trump, et de contrebalancer l’influence d’autres pays.
L’analyste Steven Gruzd de l’Institut sud-africain des relations internationales, Claire Bargelès :
« Trump n’était pas très intéressé par l’Afrique. Jusqu’alors, des dialogues stratégiques entre l’Afrique du Sud et les États-Unis étaient régulièrement organisés, plus ou moins chaque année, mais il n’y en a plus eu depuis 2015. Or l’Afrique du Sud est toujours considérée comme l’un des pays les plus importants du continent, et c’est pourquoi la tournée africaine du secrétaire d’Etat Bliken débute ici, avant de continuer dans deux autres pays. Sans compter que l’Afrique du Sud a adopté une position plutôt neutre vis-à-vis de la guerre en Ukraine, et a refusé de condamner publiquement la Russie. On peut donc supposer que cette question fera partie des échanges, mais il n’est vraiment pas certain que le secrétaire Blinken parvienne à faire changer d’avis le pays. La Russie est un partenaire stratégique important, tout comme la Chine qui est le premier partenaire commercial de l’Afrique du Sud, donc elle n’est pas près de changer de position ».
Antony Blinken poursuivra ensuite sa visite en RDC, en milieu de semaine, où il devrait évoquer les problèmes d’insécurité à l’est du pays. Des problématiques qui devraient continuer à le suivre jusqu’à la fin de sa tournée, puisqu’elle s’achèvera au Rwanda, où il sera aussi question du sort de Paul Rusesabagina, le héros du film Hotel Rwanda. Dans ces deux pays, les discussions devraient également porter aussi sur la lutte contre le réchauffement climatique, sur l’insécurité alimentaire et les pandémies.
RFI/Avec notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès