Actualité

Le pillage immobilier de Nouakchott par l’ex Président Mohamed Ould Abdel Aziz

La boulimie immobilière de l’ancien Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, lui avait permis de constituer un véritable empire. Le moindre hangar, la plus petite école ou encore la plus modeste parcelle de terrain à Nouakchott pouvaient être la proie de cet infatigable prédateur.

Mohamed Ould Abdel Aziz avait constitué une fortune immobilière inédite via des prêtes noms complaisants et des hommes de main introduits dans les moindres rouages de l’État mauritanien.

Désormais en résidence surveillée, l’ancien patron tout puissant de la Mauritanie devrait être jugé dans les semaines qui viennent pour avoir fait main basse sur les richesses de la Mauritanie.

« Je suis suffisamment riche ; ma richesse ne provient pas des biens du peuple ! » Cette fanfaronnade de l’ex-président de la République en a choqué plus d’un à Nouakchott. Car au moment où leur ex président étalait et se vantait de sa richesse, eux, ont du mal à joindre les deux bouts. Les Mauritaniens ne sont pas dupes ! Ils n’ignorent pas qu’à sa prise de pouvoir, Ould Abdel Aziz n’avait qu’une ou deux demeures à Tevragh Zeina et un Hammam au Ksar. Les salaires et les avantages cumulés de toute une vie d’officier de l’armée, s’il est intègre, ne peuvent en aucun cas offrir une telle fortune.

Mondafrique propose à ses lecteurs une promenade à Nouakchott pour découvrir les immenses biens immobiliers du clan présidentiel. Mais naturellement l’ex Président Aziz s’est également emparé de milliers d’hectares agricoles, d’une très large partie du patrimoine industriel ou encore de l’or et des devises du pays. Autant de trésors planqués en partie aujourd’hui avec un vrai souci œcuménique aussi bien en Turquie et que dans les Émirats Arabes Unis. Nous reviendrons dans les semaines à venir sur ce qu’on ne peut que qualifier de hold up sur les richesses d’un pays tout entier.

Un reportage de Nicolas Beau et Moussa Ould Samba Sy. Les photos sont signées « Mondafrique ».

MAIN BASSE SUR NOUAKCHOTT

L’ex Président Aziz qui avait voulu se présenter, lors de sa prise du pouvoir en 2008 comme le Président des pauvres, ne fut pas un Président pauvre. Le Président Aziz n’a pas cessé d’acquérir de vastes propriétés aussi bien à Nouakchott qu’à Nouadhibou, les deux principales villes du pays: des immeubles entiers, les rares Tours de la capitale, des banques flambant neuf acquises via des prêtes noms, les sièges de partis politiques ou de sociétés commerciales, de centaines de boutiques, des hangars abritant des voitures de collection, une vingtaine de stations d’essence, des marchés construits sur des espaces occupés par des services publics, ou encore une centaine de terrains laissés libres par la construction d’un nouvel aéroport sur dimensionné.

Le détail qui tue, le voici: le Président Aziz et sa famille ne payaient jamais leurs factures d’électricité dans les multiples propriétés qu’ils avaient acquis dans tout le pays!

À peine parvenu au pouvoir en 2010, le nouveau Président Aziz se déplace dans les quartiers de Nouakchott qui viennent d’être inondés dans Nouakchott. Le « Président des pauvres » promet de tout mettre en œuvre pour protéger cette partie de l’avenir. La population a le sentiment d’être enfin protégée. Seulement voila, on découvre aujourd’hui que la plupart des terrains ainsi sauvegardés sont devenus, depuis, la propriété de l’ancien clan présidentiel.

La boulimie immobilière de l’ex Président va ainsi s’épanouir au cœur des quartiers résidentiels de Nouakchott où la moindre parcelle de terrain provoque chez lui une sorte de crise d’adrénaline. Les ventes se concluent naturellement sans contrats ni notaire. « À l’amiable ».

Ainsi découvre-t-on au coeur de Nouakchott le Boulevard « Burj Khalifa »- ou autrement dit ‘ »couché », ce qui signifie un Boulevard à l’image d’un gratte ciel … couché. Plus couramment, les Mauritaniens le surnomment « Boulevard Aziz ». Le clan présidentiel s’est emparé de deux terrains attenant: celui d’une école, reconstruite plus loin, pour laisser la place à un complexe immobilier et celui d’une partie d’un commissariat de police, condamné à réduire sa surface.

La visite de cet établissement scolaire par Mohamed Ould Abdel Aziz, alors chef de l’État, est encore dans toutes les mémoires. On l’a vu en effet évaluer exclusivement la solidité de murs. Un autre jour, un gros investisseur du Golfe a été surpris de voir le patron de la Mauritanie lui donner un numéro de téléphone utile pour louer un siège social à Nouakchott.

La superbe villa de la propre fille de l’ex Président est un des rares endroits à Nouakchott où on trouve un peu de verdure dans une capitale qui manque cruellement d’eau

Parmi les familles les mieux logées de Nouakchott, celle d’une des deux filles du Président, Asma Aziz, qui dispose d’une somptueuse villa au coeur de la ville. & la tête d’une immense fortune alors qu’elle, celle ci n’a pourtant jamais exercé aucune activité commerciale. Des dizaines d’immeubles et de terrains sont en son nom. Son époux Mohamed Boussabou, simple vendeur de voiture d’occasion, était devenu florissant homme d’affaire.

Le plus surprenant dans le patrimoine immobilier de l’ex chef d’état est la juxtaposition entre des propriétés prestigieuses (grands hôtels, cliniques, banques, terrains résidentiels…) et des biens nettement plus modestes (cafés, hangars, marchés locaux…). La boulimie de ce prédateur infatigable était totale. Une école à raser? Un poste de police à partager? Des hangars à s’approprier? Mohamed Abdel Aziz répondait présent, toujours sur le pont pour faire main basse sur la moindre parcelle de terrain.

Au dessus de « l’Impérial Café », se trouvent quelques modestes appartements, propriété du clan Aziz

Voici sur las deux photos ci dessus un modeste café du centre de Nouakchott, « l’Impérial », que le Président des pauvres s’est adjugé à bas prix. Son projet dut de louer à quelques cadres expatriés d’une compagnie indienne de lignes à haute tension qui venait de s’installer en Mauritanie quelques modestes appartements.

Toujours le long des « Champs Élysées » de Nouakchott, voici un modeste marché local que le clan Aziz s’est aussi approprié au passage. Les petits ruisseaux font les grandes fortunes !

La pêche au gros

Mohamed Abdel Aziz qui ne négligeait aucune affaire juteuse, aussi minime soit-elle, n’avait rien contre des projets plus ambitieux, comme les tours en construction, propriété du clan et que l’on découvre sur l’image ci dessous.

Deux des plus hautes tours de Nouakchott dont la construction a été stoppée depuis cinq ans étaient la propriété du Président Aziz

Il faut reconnaitre que l’x patron de la Mauritanie était un homme prévoyant. Lors d’un de ses derniers conseils des ministres, le Président Aziz, qui avait dans l’esprit la nécessité de louer, demain, des tours d’habitation, un habitat peu fréquent à Nouakchott, a fait voté un projet de loi sur la co-propriété afin de donner un cadre légal à ses ambitions de propriétaire. Salut l’artiste !

Le projet d’un luxueux hôtel Sheraton de 63000 mètres carrés, dont Nouakchott avait effectivement besoin, est possédé par les amis de l’ex Président et par la SNIM, la compagnie nationale de production de fer qui fut la cagnotte du régime. Depuis le départ du pouvoir d’Aziz, le chantier a été interrompu. Le gâchis est total !

Après des tours et un hôtel luxueux, l’ex Président jette les fondations d’une immense clinique ultra moderne, « l’International Medical Center », où il espère attirer l’essentiel de la clientèle fortunée locale, au détriment d’un hôpital public sans moyens ni ambition.

Après avoir quitté ses fonctions sans enthousiasme, l’ex homme fort de la Mauritanie fera tout, mais sans succès, pour revenir en force dans les hautes sphères du pouvoir. Rejeté par le parti au pouvoir, Mohamed Abdel Aziz crée sa propre formation. L’occasion pour notre Président-Promoteur d’acheter un magnifique siège à ce parti naissant qui se révélera vite une coquille vide (voir la photo ci dessous).

La Banque Mauritanienne d’Investissement (BMI) a reçu son agrément le 31 mars 2016. Zein El Abidine Cheikh Ahmed, détient officiellement 40% du capital.

L’ex Président Aziz avait également investi le système bancaire en plaçant notamment à la tète d’une des principaux établissements, la Banque mauritanienne d’investissement (BMI), celui qu’il avait fait nommer comme patron des patrons en Mauritanie, Zein El Abidine Cheikh Ahmed, qui a toujours été son obligé (voir la photo de la BMI ci dessus)

La surprise, la voici: cet homme d’affaires sans foi ni loi protégé par les Émirats arabes Unis où il possède quelques solides relais aura été à peine inquiété après le départ de l’ex Président Aziz. Certes, son épouse a été entendue par les services de police mais li, il est parvenu à conserver toutes ses prérogatives.

Un SDF nommé Aziz

Voici sur l’image ci dessus l’ultime bien immobilier qui appartienne encore à l’ex Président, qui y a été placé en résidence surveillée à la suite d’ ennuis cardiaques qui lui sont arrivés en détention. Le procès de l’ancien Président qui pourrait durer plusieurs mois sera celui d’un régime qui avait piétiné le bien commun du peuple mauritanien. Une commission parlementaire, constituée de beaucoup d’élus du Parti au pouvoir lassés par toute cette gabegie, a mené une enquête remarquable sur les frasques commises du clan de l’ex Président Aziz durant les onze années passées au pouvoir (voir l’article ci dessous).

Fait unique dans un pays africain, l’instruction judiciaire mené contre le clan de l’ex Président a été conduite dans une indépendance totale par rapport au gouvernement mauritanien.

Mondafrique

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page